Édito

Merci Monsieur Pélisson

Comme tout passionné de l’hospitalité, j’ai grandi bercé par les aventures des pères fondateurs du groupe Accor. Un peu comme on écoutait à l’époque les récits héroïques de la Grande Armée. Nous avons dit adieu aujourd’hui à l’un des deux fondateurs de ce mythe. Au-delà de tous les témoignages qui se succèdent et qui soulignent unanimement la valeur de ce grand homme, je voulais partager dans ces quelques lignes une rencontre plus personnelle qui m’a marqué.

Quelques semaines auparavant, en 2019, nous avions récompensé ces deux géants lors de la cérémonie des Hospitality Awards. Évidemment nous avions pensé leur donner ce prix plus tôt, ce sur quoi tout le monde était d’accord évidemment. Toutefois, nous avions bien senti, avec une forme de pudeur qui les caractérises bien, qu’ils ne se sentaient pas totalement encore à la retraite. Cette année-là, nous leur avons remis un prix « immortel » pour leur exceptionnelle contribution à notre secteur.

Leur héritage a donc été unanimement reconnu par la profession en 2019 et quelques semaines plus tard, je faisais un voyage avec Gérard Pélisson pour aller visiter l’Institut Paul Bocuse qu’il avait co-fondé. Tous ceux qui ont voyagé avec lui se rappelleront une ambiance d’effluves de Havane. Une habitude prise, m’a-t-il raconté, pour arrêter la cigarette.

Derrière l’homme rugueux, dont ceux qui l’ont côtoyé se risquent parfois à imiter avec plus ou moins de talent le ton de voix et les colères si caractéristique, j’ai rapidement découvert des qualités humaines en réalité hors norme. Les témoignages qui parlent de sa fidélité et de sa bienveillance font échos aux quelques heures que j’ai passées à ses côtés en ce mois de décembre entre Paris et Lyon.

Lors de la visite, je n’ai pas tout de suite compris pourquoi il s’échappait du chemin de la délégation officielle. Après lui avoir posé la question, il me dira pendant le déjeuner, en savourant un Condrieu de sa région (l’un de ses vins préférés), qu’il partait en tête pour surprendre le regard des étudiants et sentir si « ils sont vraiment heureux d’être là ». Voilà qui l’illustre parfaitement.

Les deux visionnaires n’ont pas révolutionné que l’hôtellerie mais aussi les pratiques managériales. En travaillant autour de la confiance, de l’élévation du collaborateur, de l’autonomie, de la formation, et de la bienveillance. Ce n’est pas un hasard si tous les deux ont fondé une école ainsi que la première académie d’entreprise. Plus loin dans la démarche, ils ont pratiqué l’intrapreneuriat bien avant que cette pratique ne devienne « tendance ». Ils ont fait d’Accor plus qu’un groupe leader hôtelier : une aventure humaine.

Gérard Pélisson était un membre haut placé du conseil de la Légion d’Honneur et en incarnait parfaitement les valeurs humanistes. Par sa taille, sa volonté de conquérir le monde, son attachement à la méritocratie et à la valeur des hommes, je ne peux m’empêcher d’y voir une sorte de Napoléon de l’industrie de l’hospitalité.

Dans le vol retour, il m’a expliqué être parti étudier le « capitalisme à l’américaine » dans sa jeunesse et que certain de ces capitaines d’industrie outre-Atlantique l’avaient marqué. De façon assez surprenante, je compris par les modèles qu’il m’avait cité et leurs valeurs, que ce qu’il avait retenu en particulier était la richesse du cœur. Son complice de toujours a donné 3 mots pour le qualifier : humanité, générosité et empathie.

Je ne vois pas de meilleure définition de l’ADN et de l’esprit de notre secteur.

Beaucoup disent se sentir orphelins aujourd’hui. Merci cher Monsieur Pélisson pour tout ce que vous aurez apporté à notre belle industrie et surtout aux hommes et aux femmes qui la constituent.

Merci président pour l’héritage et vive la richesse du cœur !

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