Depuis de longs mois, le groupe Expedia n’en finit pas de chercher la voie d’une meilleure rentabilité et d’une meilleure compétitivité par rapport à son rival planétaire, Booking. La nouvelle patronne, Ariane Gorin, a entrepris de faire le ménage dans l’état-major.
Dans un communiqué laconique, la direction du groupe Expedia a annoncé le départ immédiat de deux cadres importants, Rathi Murthy (photo ci-dessus), Chief Technology Officer, et Sreenivas Rachamadugu, SVP produits et ingénierie des services. Les deux licenciés séance tenante auraient « failli à la politique de l’entreprise » sans plus de précision.
L’annonce est faite quelques jours après l’organisation du grand show Expedia à Las Vegas « Explore 24 » qui présentait à la communauté des partenaires les nouveautés et les améliorations des services du principal OTA américain.
Rathi Murphy, première femme CTO chez Expedia, était arrivée à son poste en 2021 à la demande de Peter Kern, tout nouveau CEO, mis en place par Barry Diller. Cet actionnaire historique, via IAC, continue de tirer les ficelles dans l’ombre pour dynamiser un groupe Expedia à la peine, technologiquement et commercialement.
L’arrivée de Rathi Murphy devait apporter une première réponse avec une intégration importante de l'IA générative dans les moteurs de recherche et le lancement d’un assistant de voyage pour les clients, baptisé Romie.
Collègue de Rathi Murphy dans un poste précédent chez le téléphoniste Verizon, Sreenivas Rachamadugu, comme Senior Vice President eCommerce, devait contribuer à combler le retard accumulé face à Booking. Il n’en n’aura pas le loisir, Ariane Gorin en a décidé autrement.
Ce petit drame interne est une nouvelle illustration de la difficulté d’Expedia Group de stabiliser son état-major au plus haut niveau et son business modèle. Avec des volumes de transactions qui s’éloignent progressivement de ceux de son éternel rival, Booking Holding, Expedia affiche une rentabilité très largement inférieure, en raison avancée d’une trop grande dispersion d’activités et de coûts de fonctionnement insuffisamment maîtrisés.
Fin 2020, Barry Diller a poussé le P-dg de l’époque, Mark Okerstrom, à la démission avec une partie de son staff en mettant Peter Kern, son vice-président et principal adjoint, aux commandes. A charge pour lui de remodeler le groupe en procédant à d’importantes vagues de licenciements pour alléger les coûts. Début 2024, ce dernier déclare avoir accompli largement sa mission pour revenir à un poste non-exécutif dans l’organigramme et laisser son fauteuil à Ariane Gorin, une étoile montante au sein du groupe, déjà présidente de Expedia for Business.
Mais le plus dur reste à faire, semble-t-il. Restaurer des marges très insuffisantes aux yeux des actionnaires, dont IAC et l’irascible Barry Diller. Malgré une année 2023 record, avec près de $13 milliards de chiffre d’affaires et une confortable marge brute de $2,6 milliards, le compte n’y est pas. En face, Booking Holding affiche plus de $21 milliards de CA et plus de $7 milliards d’Ebitda.
Ariane Gorin a du pain sur la planche et commence déjà à débarrasser les étagères de ce qui ne lui apparaît pas comme suffisamment efficace ou dévoué. Elle pourra profiter des gros efforts d’améliorations technologiques conduits sous l’ère Kern, avec la réunification des filiales sur une seule et même plateforme technologique et l’unification du programme de fidélité One Key. Elle devrait s’attacher à dynamiser aussi la filiale de location saisonnière, VRBO (Homeaway / Abritel) qui reste à la traîne d’Airbnb.
Avec des rumeurs régulières de cession du groupe Expedia par IAC, Barry Diller continuera de pousser toutes les initiatives pour faire monter le cours de l’action qui joue au yo-yo. Le regard insistant de la statue du Commandeur va peser sur les épaules de la nouvelle P-DG.
