
La présentation des résultats du 1er trimestre de deux géants de la distribution, Airbnb et Booking, est révélatrice d’un mouvement qui s’amplifie. Quel que soit le contexte, le nombre de nuitées réservées dans les hébergements « alternatifs » est en constante augmentation.
Brian Chesky, malgré une baisse de la rentabilité de ses opérations, s’est félicité d’un sursaut encore de réservations au 1er trimestre, malgré le climat incertain. « Peu importe ce qui se passe dans le monde, les gens continueront à choisir Airbnb, en raison de la flexibilité inhérente du modèle », a-t-il expliqué aux analystes financiers. « Le monde semble à nouveau incertain, mais comme nous l’avons prouvé dans le passé, Airbnb saura s’adapter. »
Si le marché américain est en recul en raison de la politique trumpienne, les adeptes de la location saisonnière, toujours plus nombreux, se reportent sur d’autres destinations en vogue : Mexique, Brésil, France, Japon, mais ne renoncent surtout pas à voyager.
Le CA du 1er trimestre dépasse 2,3 Mds$ (+ 6% sur la même période 2024), pour un volume global de réservation de 24,5 Md$ (+7 %), et 143,1 millions de nuitées+(8 %). Pour soutenir le flux de réservation, Airbnb a dépensé 563 M$ (+9,5 %) en marketing digital et autres canaux.
Booking met le turbo sur les locations saisonnières

Les volumes enregistrés sur un seul trimestre et la puissance financière disponible expliquent encore davantage la course à la taille des groupes hôteliers « classiques » qui ont du mal à rivaliser dans la bataille des géants.
L’autre géant de la distribution hôtelière, Booking Holdings (Booking, Priceline, Kayak, Open Table,..) annonce aussi des résultats en hausse au 1er trimestre : 319 millions de nuitées réservées+(7 %), un chiffre encore jamais atteint, qui représente un volume global de réservations de 46,7 Mds$ (+7%), soit 4,8 Mds$ de commissions reçues et une marge brute trimestrielle de 1,1 Md$, ce que le groupe Accor n'a réussi à faire que sur un exercice entier.
Ce qui est notable dans les résultats présentés par Glen Fogel, le P-dg de Booking Holdings, c’est la part croissante de réservation des « hébergements alternatifs ». Sur le 1er trimestre 2024, la croissance de réservation des appartements en location courte durée a bondi de près de 20%, la courbe s’est infléchie au 1er trimestre 2025 mais la croissance est toujours à deux chiffres.
Hébergement "sec" vs "expérience hôtelière"
Il est de plus en plus évident qu’une partie de la clientèle de l’hôtellerie classique, notamment économique, est en train de s’échapper vers la location saisonnière dont la distribution n'a jamais été aussi facile. Pour les voyageurs qui cherchent un point de chute et organisent eux-mêmes leurs activités, la location saisonnière apporte souplesse et tarif accessible. La baisse d’activité de l’hôtellerie économique y trouve, en partie, une explication outre la baisse de l’activité économique et des chantiers de construction.

Le client hôtelier est davantage en quête d’une expérience dans un établissement qui offre des prestations de plus en plus complètes, diversifiées, complémentaires, avec un service qui justifient les prix plus élevés au nom de « l’expérience » proposée.
Le phénomène est à surveiller, si la règlementation des collectivités territoriales ne met un coup de frein à la propagation des locations saisonnières.


