• Didier et Fabrice Knoll sont frères. Tous deux architectes DPLG, ils ont ouvert leur agence il y a vingt ans à Paris, dans le 17ème. • Si leur approche pluridisciplinaire leur a ouvert les portes de l’architecture hôtelière de chaîne, c’est aujourd’hui vers des concepts plus personnalisés qu’ils souhaitent s’orienter. • Le duo, qui travaillera bientôt sur la deuxième phase de rénovation de l’hôtel de Sévigné à Paris, expose depuis samedi un projet de boutique-hôtel au salon de l’hôtellerie IGEHO de Bâle. Le résultat d’une parfaite collaboration entre ces deux passionnés et le savoir-faire de partenaires français et étrangers.
_ Oui, nous sommes aujourd’hui à la recherche de projets plus personnalisés, mettant davantage en valeur notre maîtrise architecturale et le travail des fabricants et entreprises, dont certaines nous suivent depuis des années. Le projet de boutique-hôtel, exposé actuellement au salon IGEHO à Bâle, est d’ailleurs une illustration de cette nouvelle orientation. C’est un boutique-hôtel de 80 m2 conçu comme un loft, qui correspond bien à l’idée de symbiose que nous voulons avoir entre notre travail d’architecte et nos partenaires français mais aussi internationaux, notamment suisses. En architecture hôtelière notamment, des ponts et des partenariats peuvent être construits entre entreprises, au-delà des frontières. C’est même très enrichissant. On parle beaucoup de french touch, mais il faut savoir s’ouvrir à d’autres horizons…• 1998-99 : rénovation des espaces publics du Radisson SAS Nice puis en 2003-2004, rénovation des chambres et ravalement de l’hôtel _ • 1999 : rénovation par touches successives des parties publiques du Mas d’Artigny à Saint-Paul de Vence _ • 2006-2007 : rénovation des chambres et parties publiques de l’hôtel Park Inn (57 chambres) à Arcachon _ • 2007 : rénovation partielle (espaces publics) du Park Inn Mâcon _ • 2008-2009 : première phase de rénovation des chambres de l’hôtel Mercure Cannes-Mandelieu (99 chambres), puis, début 2010, suite de rénovation des chambres et des espaces publics _ • 2009 : 1ère phase de rénovation de l’hôtel de Sévigné (30 chambres), Paris, 16ème _ • 2009 : mise en conformité du système de sécurité incendie de l’hôtel Park Inn à Orange (99 chambres)A partir de quel moment avez-vous choisi de vous intéresser au univers hôtelier ? _ En 1996, nous travaillions encore beaucoup pour le tertiaire, notamment pour la réalisation d’espaces de réunions, de salons VIP et de restaurants d’entreprise. Dans les grandes entreprises, il n’est pas rare de voir des salles à manger attenantes au poste de direction et dotées d’un service maître d’hôtel. C’est cette maîtrise globale des espaces affaires qui nous a poussé à nous intéresser davantage au secteur des CHR. Durant deux années consécutives, 1996 et 1997, nous avons eu l’opportunité d’exposer notre travail lors du salon Palace Concept à Monaco. Nous avions alors présenté une chambre et une junior suite. Le succès fut au rendez-vous, car c’est grâce à cette participation que nous avons pu décrocher notre premier projet hôtelier : l’hôtel Radisson SAS à Nice.Quelle est votre philosophie de travail ? Jouez-vous la complémentarité des compétences ? _ Nous sommes à l’écoute du client. C’est très important. On ne va jamais imposer notre point de vue, mais plutôt défendre un parti pris architectural. L’aspect budgétaire est également devenu primordial. Aujourd’hui, les contraintes économiques sont telles qu’il faut en permanence rassurer le client, non seulement sur les coûts de réalisation mais aussi les délais et la manière de procéder pour ne pas avoir à immobiliser pendant des mois des étages entiers de l’hôtel. On attache également beaucoup d’importance à la couleur et à l’aspect technique, notamment à l’acoustique et à l’éclairage. Notre maîtrise d’œuvre est totale : nous sommes présents de l’esquisse du projet à la réception des travaux. Chaque réalisation commence par une revue de détails des besoins et désirs du client. Nous insistons d’ailleurs beaucoup sur cette étape. Il faut que le maître d’ouvrage nous fasse un cahier des charges précis de ce qu’il veut. Bien sûr, cela ne se fait pas sans un accompagnement. Nous avons même un devoir de conseil, et cela tout au long du déroulement du projet.. Nous prenons ainsi le soin de tout dessiner, de traduire le projet du client de façon suffisamment claire pour qu’il en ait une compréhension globale et qu’il soit conforté dans ses choix.Votre démarche pluridisciplinaire vous a même poussé à créer vous-même du mobilier… _ Oui, nous créons également du mobilier et des objet pour les arts de la table. Sur un grand nombre de nos projets, nous sommes même allés jusqu’à dessiner les motifs de moquettes. Ce fut notamment le cas pour celles de l’hôtel de Sévigné. Cette réflexion sur le mobilier et les revêtements de sols nourrit notre approche de l’espace. En effet, lorsque nous abordons un projet, nous travaillons aussi bien sur l’aspect technique du bâtiment - réseau électrique, climatisation, plomberie - que sur son esthétique. La plupart du temps, nous sommes sur des chantiers de rénovation : l’enjeu est donc d’arriver à prendre en compte les contraintes de l’existant pour en tirer parti d’un point de vue décoratif.Vous avez travaillé à la première phase de la rénovation de l’hôtel Sévigné, un établissement parisien de 3 étoiles. Quelles furent les contraintes initiales ? _ Elles sont de deux ordres. La première touche à l’organisation du chantier. Pour éviter à l’hôtelier de cesser toute activité pendant plusieurs mois et pour des raisons budgétaires, l’hôtel sera rénové en trois phases. La première vient d’être achevée. Elle concernait le dernier étage et tous les lots techniques. L’autre contrainte touche à l’espace. L’hôtel de Sévigné est logé dans un petit immeuble post-haussmannien de cinq étages avec six chambres par niveau. Si nous sommes restés globalement sur la même configuration, nous avons en revanche refait le cloisonnement de l’ensemble des salles de bains.L’inspiration littéraire de cet hôtel en fait une adresse atypique et très personnalisée. Une volonté du client ? _ L’hôtel de Sévigné est l’exemple parfait d’une collaboration idéale entre maître d’ouvrage et maître d’œuvre. Notre client est très impliqué. Nous sommes très à l’écoute les uns des autres, d’où le sentiment d’harmonie qui se dégage du projet. L’idée première, partagé par tous, était de rendre hommage à la femme de Lettres mais aussi à la grande voyageuse. La Marquise de Sévigné adorait être auprès de sa fille en Provence. Cette évocation méditerranéenne se retrouve dans la couleur lavande des moquettes réalisées sur-mesure mais également sur les murs que nous avons travaillés avec un enduit à la chaux et vernis. C’est un matériau que nous avons traité pour avoir un rendu non seulement plus résistant aux chocs mais également plus urbain. _ La dimension littéraire est également partout présente. Au dessus des têtes de lit, où l’on retrouve des citations des contemporains de la marquise - Madame de La Lafayette, La Fontaine et La Rochefoucauld - mais aussi dans les parties communes. Ainsi, dans l’un des couloirs de circulation, il y a une lettre de Madame de Sévigné qui court sur le mur d’arrivée situé en face du palier d’ascenseur. L’endroit ne ressemble pourtant pas à une bonbonnière. Car si la référence est classique, l’hôtel a une facture contemporaine à l’image d’ailleurs des écrits étonnamment modernes de ces femmes et hommes de Lettres.C’est un hôtel assez féminin. Une féminité toute de douceur et non caricaturale… _ C’est effectivement ce que les clients me disent. Les hommes le trouvent agréables à vivre. Quant aux femmes, elles mettent en avant une organisation de l’espace facile à s’approprier. L’éclairage, notamment, n’est jamais agressif et le plan de travail du bureau généreux. Le bois qu’il soit stratifié ou mélaminé a des teintes douces. C’est un hôtel qui dégage un sentiment de bien-être, de sérénité. C’est une adresse inscrite dans la modernité dont les couleurs et les références littéraires invitent au voyage.Vous avez longtemps travaillé pour l’hôtellerie de chaînes. Désormais, avec le projet de l’hôtel Sévigné vous vous ancrez petit à petit dans l’hôtellerie haut de gamme et de charme... _ Oui, nous sommes aujourd’hui à la recherche de projets plus personnalisés, mettant davantage en valeur notre maîtrise architecturale et le travail des fabricants et entreprises, dont certaines nous suivent depuis des années. Le projet de boutique-hôtel, exposé actuellement au salon IGEHO à Bâle, est d’ailleurs une illustration de cette nouvelle orientation. C’est un boutique-hôtel de 80 m2 conçu comme un loft, qui correspond bien à l’idée de symbiose que nous voulons avoir entre notre travail d’architecte et nos partenaires français mais aussi internationaux, notamment suisses. En architecture hôtelière notamment, des ponts et des partenariats peuvent être construits entre entreprises, au-delà des frontières. C’est même très enrichissant. On parle beaucoup de french touch, mais il faut savoir s’ouvrir à d’autres horizons…