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Didier Benderli, architecte d’intérieur : “ Ecrire une histoire à chaque fois différente… ”

9 min de lecture

Publié le 07/07/09 - Mis à jour le 17/03/22

• Didier Benderli a ouvert son agence Kerylos Interieurs en 2001. Cet architecte passionné d’art et de littérature conçoit ses projets comme autant d’œuvres personnalisées. • Les propriétaires de boutiques-hôtels, notamment, ont su lui faire confiance. • Après le Pavillon de la Reine, c’est au tour des hôtels de l’Elysée, de l’Esprit St Germain et du Vieux Marais d’accueillir son imaginaire raffiné.

Quelques réalisations de l’agence Kerylos Intérieurs :Vous avez également collaboré à des projets de restaurants…

_ Oui, j’ai travaillé à la transformation du restaurant new-yorkais du chef David Bouley. Il avait une idée : donner à son établissement des allures de "table royale". Une thématique d’autant plus difficile à concrétiser que l’immeuble dans lequel se situe le restaurant est plutôt de facture industrielle. L’esprit "château à la française" fut donc avant tout symbolique. Le sol en bois ancien, les fausses poutres, la cheminée, et les petits salons boudoirs ont permis de récréer un univers élégant et raffiné. Nous avons également imaginé quelques éléments du mobilier, des fauteuils asymétriques (voir photo) et d’autres, plus “sexy", avec leurs dos traités comme des tailles féminines corsetées de guêpières. Quant aux immenses fresques florales, elles sont l’œuvre du peintre hollandais, Wouter Dolk, avec lequel nous avions déjà collaboré. _ Un an avant ce projet, nous avions réalisé le restaurant-boutique Petrossian à Monaco. Le caviar est un mets rare, précieux, il ne fallait donc pas alourdir la décoration du restaurant de détails superflus, mais en faire un bel écrin pour ce produit d’exception. Nous avons donc travaillé avec des matériaux nobles, du cuir blanc pour les assises, du bois de chêne griffé puis blanchi pour les murs. Les tables, quant à elles, sont en bois laqué noir. Enfin, le bar et la banque d’accueil de la boutique sont recouverts de nacre. Un clin d’œil décoratif qui fait référence aux cuillères utilisées pour déguster la fameuse perle noire…2002 - 2009 : Hôtel Spa du Pavillon de la Reine - Paris 75003 _ 2001 - 2007 : Hôtel Saint James - Paris 75016 _ 2003 - 2008 : Hôtel Le Relais Christine - Paris 75006 _ 2007 : Restaurant-boutique Petrossian - Monaco _ 2008 : Restaurant David Bouley - New York _ 2009 - 2010 : Hôtel de l’Elysée - Paris 75008 (en préparation) _ 2009 - 2010 : Hôtel l’Esprit St Germain - Paris 75006 (en préparation) _ 2009 - 2010 : Hôtel du Vieux Marais - Paris 75004 (en préparation)Vous avez été pendant près de dix ans le directeur artistique de Jacques Garcia. Puis, en 2001, vous créez l’agence Kerylos intérieurs. L’envie, telle l’Alcyon, de voler de vos propres ailes ? _ Oui, j’étais devenu las de devoir en permanence interpréter le langage d’un autre et j’avais soif de liberté. Je n’avais pas les mêmes motivations, ni les mêmes inspirations. Mon imagination se nourrit davantage de l’art et de la littérature. Quand je travaille, je suis un peu comme un peintre devant sa toile. Je procède par touches. Je prends du recul, pour ensuite " corriger le trait " en fonction de la lumière, des volumes, des perspectives. La couleur, aussi, a toute son importance. L’orange, notamment, est une couleur que j’adore. C’est une teinte gaie, positive qui me rappelle le Nordeste au Brésil, une région où j’ai travaillé, pétillante de couleur et de joie de vivre.Le boom des boutiques-hôtels a fait germer des projets hôteliers tous plus singuliers les uns que les autres. Travailler pour le secteur de l’hôtellerie, est-ce un exercice difficile ? _ Les projets hôteliers nous obligent à aller vite. On ne s’exprime pas de la même manière que pour un client particulier, avec autant de détails. Cela n’empêche pas l’écriture d’une histoire à chaque fois différente. Lorsque pour la première fois j’ai travaillé pour la famille Chevalier, elle était encore propriétaire du Relais Christine et de l’hôtel Saint James. Le projet du Pavillon de la Reine, place des Vosges, n’était encore qu’une ébauche. A aucun moment, je n’ai pensé répliqué l’ambiance et la caractère des deux précédents hôtels. Les clients viennent dans un boutique-hôtel avant tout pour y trouver une atmosphère particulière et personnalisée.Justement pouvez-vous nous expliquer la manière dont vous avez abordé ce projet ? _ Nous avons d’abord rénové une partie des chambres, puis les parties communes avant de terminer par le spa. Nous avons dû procéder par tâtonnements. On a d’abord commencé à travailler sur un projet ultra-contemporain, très vite abandonné, pour finalement partir sur une réalisation plus classique, visant à garder le cachet ancien de l’hôtel tout en y introduisant des touches de modernité. _ Nous avons également repensé la fonctionnalité des pièces. Auparavant, les clients prenaient leur petit déjeuner au sous-sol de l’hôtel, dans une salle voûtée. Or, quand on séjourne dans un hôtel situé Place des Vosges, on a plutôt envie de se restaurer à la lumière avec pour décor extérieur le joli spectacle de la rue… Notre parti pris fut ainsi de supprimer les chambres installées au rez-de-chaussée pour les transformer en un lobby où les clients peuvent tout à loisir se reposer, lire car il y a une bibliothèque, et prendre leur petit-déjeuner. Quant au sous-sol, désormais libre, il fut transformé en spa !Justement, le spa est devenu l’une des pièces maîtresses de la décoration d’un hôtel. Pour le Pavillon de la Reine, c’était une nouveauté… _ Oui, c’est un endroit que nous avons créé de toutes pièces. Ce n’était pas un exercice facile. Cela demande de la réflexion. Aller dans un spa, c’est s’affranchir du monde extérieur, entrer dans un cocoon, un îlot de bien-être. Pour cela il faut créer une rupture. C’est ce que nous avons fait en installant, dès l’entrée, une fontaine murale de trois mètres de long. Le bruit de l’eau, sa couleur bleue apaisante, invite le client au ressourcement. _ Dans le hammam, nous avons privilégié le blanc, les formes rondes, douces et enveloppantes. Nous avons beaucoup travaillé avec des matières naturelles. Le jacuzzi, notamment, est fait en pierre du Portugal de la région de Caiscais. C’est une pierre aux tons gris, légèrement verdâtre et beige, qui se marie avec toutes les couleurs. Nous l’avons bouchardé pour lui donner du relief. On retrouve beaucoup de bois, notamment sur le sol de la salle de gym, parqueté de chêne blanchi. Le végétal est également présent sous la forme d’une fresque de bambous, gravée sur une grande paroi de verre translucide et dont l’éclairage donne à l’image des allures d’hologrammes…Trois autres projets hôteliers sont en cours à Paris : l’hôtel de l’Elysée, l’hôtel l’Esprit St Germain et l’hôtel du Vieux Marais. Quelle approche allez-vous privilégier pour chacun de ces établissements ? _ J’ai rencontré la propriétaire de l’Esprit Saint Germain à l’occasion d’un projet privé. Elle a beaucoup apprécié la touche très personnalisée que nous donnons à nos réalisations. La décoration de son établissement, pourtant entreprise il y a seulement quelques années, ne fonctionne pas. Les réceptions et les lobbys des hôtels sont parfois mal agencés. Pourtant, ce sont les espaces que l’on voit en premier en entrant dans un établissement. Pour l’Esprit Saint Germain, nous allons retravailler tout le rez-de-chaussée en lui donnant un air plus engageant. Nous allons transformer l’actuel desk plutôt minimaliste en une véritable banque d’accueil. Comme pour le Pavillon de la Reine, la salle de petit-déjeuner en sous-sol va être remontée au rez-de-chaussée. L’endroit sera cosy, avec une décoration en adéquation avec les passions de la propriétaire que sont la chasse et les voyages. _ A l’hôtel Elysée [un 3* transformé en 4*], nous allons supprimer quelques chambres pour en élargir d’autres. La décoration y sera d’inspiration littéraire avec des clins d’œil dans chaque chambre sous la forme de mots ou de fragments de textes. Ce sera un hôtel de collectionneur, où les objets d’art seront mis en valeur comme dans une galerie. _ Le dernier projet sur lequel nous travaillons actuellement, le Vieux Marais, est un peu plus compliqué. C’est un établissement de catégorie deux étoiles, sans aucun charme si ce n’est sa localisation. La réception aujourd’hui croquignolette va être complètement repensée. Nous allons ouvrir l’espace pour en faire un grand lobby et des éléments pourront être ajoutés, comme une cheminée ou une bibliothèque. On se bat encore sur le rendu final. Je suis plutôt favorable à une décoration plutôt classique avec une petite touche de modernité.Vous avez également collaboré à des projets de restaurants… _ Oui, j’ai travaillé à la transformation du restaurant new-yorkais du chef David Bouley. Il avait une idée : donner à son établissement des allures de "table royale". Une thématique d’autant plus difficile à concrétiser que l’immeuble dans lequel se situe le restaurant est plutôt de facture industrielle. L’esprit "château à la française" fut donc avant tout symbolique. Le sol en bois ancien, les fausses poutres, la cheminée, et les petits salons boudoirs ont permis de récréer un univers élégant et raffiné. Nous avons également imaginé quelques éléments du mobilier, des fauteuils asymétriques (voir photo) et d’autres, plus “sexy", avec leurs dos traités comme des tailles féminines corsetées de guêpières. Quant aux immenses fresques florales, elles sont l’œuvre du peintre hollandais, Wouter Dolk, avec lequel nous avions déjà collaboré. _ Un an avant ce projet, nous avions réalisé le restaurant-boutique Petrossian à Monaco. Le caviar est un mets rare, précieux, il ne fallait donc pas alourdir la décoration du restaurant de détails superflus, mais en faire un bel écrin pour ce produit d’exception. Nous avons donc travaillé avec des matériaux nobles, du cuir blanc pour les assises, du bois de chêne griffé puis blanchi pour les murs. Les tables, quant à elles, sont en bois laqué noir. Enfin, le bar et la banque d’accueil de la boutique sont recouverts de nacre. Un clin d’œil décoratif qui fait référence aux cuillères utilisées pour déguster la fameuse perle noire…

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