
Réunis au Secrétariat d’Etat à l’Emploi, autour de Laurent Wauquiez, et de son collègue en charge du Tourisme, Hervé Novelli, le banc et l’arrière banc des organisations patronales et des instances de formations ont écouté le message porté par Régis Marcon dans son rapport sur la valorisation de l’alternance dans les métiers de la restauration.Le rapport veut aussi donner une dimension internationale à l’apprentissage, sur le modèle des programmes Erasmus et Leonardo pour les étudiants en université. Bref, le travail de Régis Marcon, soutenu par les instances consulaires et les deux ministères, fourmille de bonnes idées, réunies en 32 propositions et 5 chapitres. Un catalogue pratique qu’il ne reste plus qu’à mettre en oeuvre.Nommé Monsieur Alternance par les deux ministres, Régis Marcon a été chargé à la fois de porter la bonne parole auprès de ses confrères de l’industrie hôtelière, pour qu’ils s’engagent à respecter le Contrat d’Avenir, qui table sur 20 000 créations de poste pour des apprentis en alternance d’ici la fin 2011. Mais il a été aussi chargé d’une mission pour recommander toutes les mesures appropriées pour donner un coup de pouce à la pratique de l’alternance. C’est le fruit de ses rencontres et discussions sur le terrain, à la suite d’un large tour de France qu’il a réuni dans un rapport de 80 pages : Développer l’alternance, pour une stratégie nationale.Résolument positif, Régis Marcon insiste avant tout sur la richesse des expérimentations pédagogiques sur le terrain, sur l’engagement réel des professionnels qui ont envie d’aller plus loin. Encore faut-il stimuler cette énergie et accompagner son développement. “Car trop de ces initiatives sont laissées dans l’ombre. Les questionnaires envoyés aux CFA dans toute la France sont riches d’enseignements à diffuser au plus grand nombre”, indique le Chef étoilé. Pour le rapporteur, l’objectif des 20 000 contrats supplémentaires est tout à fait réaliste, soit une augmentation de 15 % chaque année des chiffres actuels. Mais le succès doit avant tout passer par une amélioration de la qualité du dispositif qui accompagne le jeune de son entrée au CFA jusqu’à son premier emploi : “une stratégie qualité, du contact au contrat”. L’idée majeure est de ne pas tout miser sur la communication pour séduire des jeunes et les engager dans la filière, sans s’assurer de la qualité pédagogique, de celle des pédagogues et des entreprises qui vont les accueillir. Car la sentence est brutale, un taux d’abandon trop élevé au long du parcours.Le deuxième message qu’a voulu transmettre Monsieur Alternance, c’est la nécessité de coordonner des acteurs nombreux : les CFA qui forment, les professionnels qui accueillent, les CCI qui financent, l’Education nationale qui surveille et entérine… . L’idée force est de mettre sur pied, comme cela s’est fait dans le bâtiment, une instance nationale de pilotage des formations en apprentissage dans le secteur de la restauration. Sa première mission serait d’élaborer une stratégie nationale sur cinq ans, partagée par l’ensemble des acteurs. Ensuite, de publier le bilan annuel assorti d’un tableau de bord, de mettre en place des partenariats entre acteurs, d’identifier et de diffuser les bonnes pratiques dans l’ensemble du secteur, et enfin, de communiquer auprès des professionnels comme du grand public sur les enjeux et les opportunités des formations en alternance. Bref, cette instance nationale à mettre sur pied serait une gare de triage, une caisse de résonnance, une tour de contrôle, une boîte à idées…Les deux ministres sont tombés d’accord sur l’urgence de mettre le dispositif en place, presque surpris qu’une telle évidence n’ait pas encore vu le jour. Au-delà de cette initiative fondatrice, Régis Marcon veut également impliquer davantage les entreprises. Il suggère la création d’une “Charte de l’alternance”, une forme d’engagement moral auquel souscriraient les entreprises employant des alternants. La liste serait mise en avant pour valoriser ces entreprises. Pour les jeunes, le rapport préconise la systématisation du livret d’apprentissage électronique, facile à suivre sur Internet. Il recommande aussi une formation obligatoire des maîtres d’apprentissage et des tuteurs.