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Peter Borer, Directeur Général Opérations, Peninsula Hotels

7 min de lecture

Publié le 15/10/15 - Mis à jour le 17/03/22

Peter Borer est Directeur Général Opérations de Peninsula Hotels et Vice-président de Hongkong and Shanghai Hotels, depuis 2004. Il a rejoint le groupe en 1981 après une première expérience dans l’hôtellerie de luxe aux Etats-Unis. Il a occupé les fonctions de responsable Ventes & Marketing Groupe, de directeur général du Hong Kong Peninsula, de directeur régional pour l’Asie. Il est diplômé de l’Ecole Hôtelière de Lausanne

Qu’est-ce qui vous rend différent des autres groupes hôteliers asiatiques et internationaux ?

Il faut revenir aux origines. The Hongkong and Shanghai Hotels ltd, la holding qui gère la marque Peninsula Hotels, est une entreprise qui appartient à la famille Kadoorie depuis 1858. Nous allons bientôt célébrer le 150ème anniversaire de la compagnie, ce qui en fait le groupe hôtelier le plus ancien d’Asie et pratiquement du monde. La philosophie de management est imprégnée de cette culture familiale qui implique que toutes nos stratégies sont établies sur le long terme. La valeur patrimoniale des établissements, par exemple, est inscrite dans l’ADN du groupe. Il n’y a pas un seul projet de développement dans lequel nous ne soyons pas impliqués financièrement, majoritairement ou non. Est-ce que cela ne ralentit pas le développement et l’atteinte d’une taille critique nécessaire ?Nous ne faisons pas du développement pour le développement. Il n’y a pas d’obligation de croissance pour faire plaisir aux actionnaires. Chaque projet s’inscrit dans la volonté d’être présent au bon endroit avec un projet qui s’inscrit sur la durée. Nous tenons absolument à maîtriser la naissance de chaque nouvel établissement et je suis personnellement très impliqué dans la construction et le choix de nos partenaires. Cela a été le cas à Paris, et c’est déjà le cas pour nos projets en cours à Londres, à Istanbul et à Rangoon. Peninsula Hotels, ce sont aujourd’hui onze établissements d’exception. Nous allons certainement doubler cette taille pour être sur les marchés qui comptent, mais il n’y a aucune urgence et aucun objectif imposé par notre actionnaire.Votre démarche patrimoniale peut-elle se doubler d’un développement de purs contrats de gestion d’établissements pour le compte d’autres propriétaires ?Nous avons déjà été sollicités, notamment dans les pays du Moyen-Orient, mais la réponse est non. Nous ne cherchons pas à gérer des hôtels dont nous ne sommes pas en partie propriétaire. C’est la garantie que tout ce qui fait la force et l’ADN de Peninsula Hotels ne pourra être remis en cause par un propriétaire qui a d’autres motivations, aussi louables soient-elles.Vous considérez-vous comme un groupe asiatique qui commence à sortir de son territoire naturel ou comme un groupe à vocation globale ?Il est vrai que lorsque je suis entré dans le groupe, il y a déjà 35 ans, nous n’étions présents qu’en Asie. Puis nous sommes arrivés aux Etats-Unis. Cela a longtemps été nos seuls territoires de développement. Depuis plusieurs années, nous avons vocation à devenir une chaîne globale, qui a des racines asiatiques dans la philosophie du service, mais sans pour autant se réclamer uniquement de cette culture. La famille Kadoorie est originaire d’Orient. Nous avons un nombre incroyable de nationalités travaillant dans le groupe et j’aime ce côté très polyglotte. Je pense aussi que si vous entrez dans n’importe quel de nos hôtels, vous ressentirez à Paris, à Chicago, à Tokyo ou à Hong Kong une couleur locale très prononcée. Nos hôtels sont pratiquement tous des bâtiments historiques, des héritages de la culture locale.Ce sera donc aussi le cas pour les trois projets que vous avez récemment annoncés, qui prolongent votre internationalisation...Effectivement, à Istanbul nous avons signé en juillet dernier un partenariat avec plusieurs groupes locaux (PIHA, SLI, Doğuş Holding et BLG NDLR), qui détiendront à nos côtés 50% d’une joint-venture pour la conversion de plusieurs bâtiments en un hôtel de luxe de 180 chambres, avec salle de bal, spa, restaurants… C’est en fait l’ancien bâtiment des douanes à la sortie de la Corne d’Or, proche du pont de Galata, qui va être le cœur de l’hôtel, avec deux autres petits palais byzantins de chaque côté pour élargir la capacité. Il aura une vue extraordinaire sur le Bosphore. A Rangoon, en Birmanie, le groupe a signé un protocole avec une société singapourienne Yoma Strategic Holdings Ltd portant sur un projet d’ouverture d’hôtel, dans les bâtiments de l’ancien siège de la Compagnie des chemins de fer de Birmanie, situé sur Bogyoke Aung San Road. Après rénovation, d’après les plans et les photos en notre possession, ce sera un petit bijou de 80 chambres, à l’horizon 2020. Et en Europe occidentale, le projet d’hôtel de 190 chambres a été déposé auprès du conseil municipal de Westminster, à Londres, pour la conversion d’un ancien siège de banque en établissement de luxe moderne. Il s’agit là d’une construction neuve, mais qui va bénéficier d’une des adresses les plus prisées de la capitale britannique, au coin d’Hyde Park Corner, avec une vue sur les jardins de Buckingham Palace.Certaines zones que vous avez choisies ne sont pas les plus calmes en ce moment, n’êtes-vous pas inquiet des troubles éventuels sur votre activité ?Après une ouverture fantastique, le Peninsula de Paris a connu une période difficile à la suite de l’attentat contre Charlie Hebdo. Je pourrais vous raconter les mois très pénibles que j’ai vécu comme directeur général du Peninsula Hong Kong pendant la crise du SRAS. C’est la chance d’appartenir à un groupe solide qui a une vision à très long terme, en étant prêt, par expérience, à connaître dans n’importe quel endroit de la planète une période compliquée. Croyez-vous en la persistance d’une clientèle assez fortunée pour soutenir l’activité de l’hôtellerie de luxe ?Absolument. Je lisais ce matin que la Chine compte désormais une classe moyenne, en termes de revenus, supérieure à celle des Etats-Unis. Quand la classe moyenne d’un pays se renforce, elle est la base d’une clientèle fortunée qui va grandir. Il y aura des accidents de parcours, comme nous le vivons en ce moment avec la clientèle brésilienne en baisse, mais la tendance est solide. Etes-vous tenté par le lancement d’une chaîne qui s’adresse à cette classe moyenne ?Non, nous avons fait le choix de la cohérence dans le Luxe. Nous avions un hôtel contigu du Peninsula Hong Kong, le Kowloon Hotel qui s’adressait à cette clientèle. Nous l’avons vendu et nous avons abandonné toute idée de diversification des marques.Quels sont vos prochains territoires de développement ?Nous regardons avec attention du côté de l’Amérique latine et de l’Inde. Notre présence y serait justifiée.NDLR : le groupe a pour origine la construction de l’Astor House Hotel en 1858, à Shanghai, considéré alors comme l’hôtel le plus moderne de Chine. Il a été suivi ensuite par le Palace Hotel en 1907, le Kalee Hotel en 1920 et le Majestic Hotel en 1924. Tous ont été cédés après le conflit sino-japonais des années 30. Le navire amiral de Hong Kong a ouvert en 1928. Le chiffre d’affaires publié en 2013 était de 570 millions d’euros, pour un Ebitda de 135 millions d’euros

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