
L’évolution du secteur et la nécessité de peser au niveau mondial ont conduit Jean-Bernard Falco à réunir son comité de direction pour dresser la feuille de route 2030. Il en est ressorti un projet ambitieux, baptisé Olympe, appuyé sur quatre piliers complémentaires les uns des autres, donnant naissance à une nouvelle structure en joint-venture qui réunit l’ancien Paris Inn Group et des investisseurs privés chinois. Une aventure qui pèse le milliard d’euros et focalise l’attention sur la marque phare, Maison Albar.
Pour Jean-Bernard Falco, à la tête du groupe familial fondé par sa belle-famille Albar, il y a quatre générations, l’avenir passe par un changement radical de dimension et la mise en œuvre d’un nouveau modèle économique qui rassemble des activités complémentaires. Exit le Paris Inn Group, l’intitulé devient trop restrictif, bonjour Olympe, une holding qui s’appuie sur quatre piliers, à commencer par le cœur du métier, l’hôtellerie signée Maison Albar. «Nous avons commencé par nous interroger sur le profil de l’hébergement marchand à l’horizon 2030, à qui va-t-on s’adresser et avec quelle offre ? Quoi qu’on en pense, 2030 c’est pratiquement demain et il est urgent de lancer les investissements nécessaires dès aujourd'hui», explique le président du groupe. De cette réflexion est né un double constat : le premier est d’inventer le concept hybride qui va réussir, dans un même lieu, à satisfaire les jeunes générations, adeptes des hostels, les hommes d’affaires en quête d’efficacité et d’autonomie, les touristes en découverte urbaine, les seniors attentifs au service… et même y rajouter des résidents permanents, locataires d’appartements à services hôteliers, qui justifient toute la logistique mise en place. «Je souhaiterais inventer le mixed-use hôtelier, un partage d’expériences et de clientèles dans un même bâtiment, pour mutualiser le back-office, sécuriser le foncier et créer une communauté de clientèle diversifiée», poursuit Jean-Bernard Falco.Le deuxième constat, c’est le déploiement d’une marque forte, en l’occurrence Maison Albar, désormais fer de lance du groupe. En France, trois hôtels sont déjà opérationnels ou en passe de l’être, une quatrième adresse parisienne va être annoncée prochainement ainsi qu’un nouveau projet à Nîmes. A l’international, la marque est déjà en cours de déploiement en Chine, elle le sera bientôt au Portugal, en Russie, en Iran et aux Etats-Unis. Les ambitions sont planétaires et les moyens humains et financiers mis en œuvre considérables. D’ores et déjà, 18 métropoles ont été identifiées, rien qu’en Europe, 300 sites repérés et 30 projets à l’étude. Une foncière dédiée est en cours de création, un véhicule d’investissement alimenté notamment par les capitaux chinois et par la famille Albar à hauteur de plusieurs centaines de millions d’euros. «Je crois encore possible d’écrire une histoire autour des valeurs fondamentales de l’hôtellerie française, de son expertise, mais en redessinant les contours du luxe accessible», commente l’initiateur du projet. «Toutes les études de clientèle nous montre qu’il y a un fort degré d’insatisfaction en matière de rapport qualité/prix. Nous devons totalement réinventer l’offre en partant des attentes de nos clients sans leur imposer les modèles qui arrangent nos seuls comptes de résultats à court ou moyen terme».Le second pilier sur lequel s’appuie Olympe, c’est la création d’une Académie innovante pour alimenter en talents les opérations hôtelières et donner leur chance à des jeunes en difficulté en quête d’une carrière ou tout simplement d'un emploi. «Je sais d’où je viens et j’ai à cœur de donner une autre image des jeunes de nos banlieues. D’où l’idée, comme d’autres l’ont fait dans d’autres secteurs, de mettre en place une formation professionnelle gratuite pour les jeunes chômeurs qui veulent tenter l’aventure», raconte Jean-Bernard Falco. Les cours seront dispensés par des professionnels en activité, ils s’étaleront en sessions de 3 à 24 mois, selon le degré de spécialisation, en se focalisant sur les fondamentaux : l’accueil, le service, les langues, les fonctions du service de l’Hospitalité, … Sur le modèle de l’apprentissage, chaque élève sera parrainé par un professionnel qui l’épaulera dans sa formation et le guidera dans son démarrage de carrière, en lui garantissant un CDI à la sortie. Troisième pilier, qui peut surprendre de prime abord, le sport et plus particulièrement les sports collectifs. «Je crois fondamentalement aux vertus du sport pratiqué en commun pour stimuler tout à la fois l’esprit d’équipe et le plaisir de la victoire», résume celui qui a instauré la préparation et courir le Marathon de New York comme projet d’entreprise. Le projet consiste à initier ou sponsoriser des clubs de handball, de basket ou de football, professionnels ou amateurs, sous la bannière de Maison Albar. Cela tient autant de la stratégie de communication que du mécénat actif. Une fois encore, les clubs et zones visés par cette action sont plutôt en périphérie des grandes villes, dans les banlieues et cités dites « difficiles » pour offrir une échappatoire à l’oisiveté et la dérive sociale. Enfin, quatrième et dernier pilier de l’édifice Olympe, la gestion de la data. «Des millions d’informations sont collectées chaque jour sur nos clients actuels et potentiels, à travers les CRM, les moteurs de recherche, les réseaux sociaux… », analyse Jean-Bernard Falco. «L’objectif est d’utiliser intelligemment l'ensemble de ces informations pour segmenter et viser les créneaux de clientèle qui nous intéressent, cerner leur profil avant même que les clients se présentent dans l’établissement et personnaliser leur séjour. J’appelle cela du séjour prédictif… pour définir le bon produit, entièrement personnalisé, la bonne offre et une vraie valeur ajoutée différenciante». Pour piloter la feuille de route, le président du Paris Inn Group a engagé un nouveau collaborateur qu'il a nommé CEO de la marque Maison Albar pour les régions USA et EMEA, Lionel Jacquemin, ancien responsable de la stratégie chez B&B Hotels. Avec le comité de direction, il va progressivement mettre en route les différentes phases du projet Olympe. Ce changement radical de dimension est rendu possible grâce à l’implication d’un groupe d’investisseurs privés chinois, qui apporte la puissance financière nécessaire au décollage. «Cela fait plusieurs années que je pratique les investisseurs chinois et vis très bien déjà avec des associés chinois et je dois leur reconnaître une vision plus élargie de notre activité. J’ai rencontré une écoute attentive et une compréhension de la totalité du projet Olympe quand mes autres interlocuteurs occidentaux n’étaient intéressés que par un ou deux aspects du projet et par une rentabilité plus immédiate».Les processus d’évaluation des apports et les pactes entre partenaires sont en cours. La concrétisation de la joint-venture sous l’ombrelle Maison Albar pourrait intervenir au second semestre 2017.

