Pascal Savary, président d’Atream qu’il a co-fondé en 2008, revient sur les orientations du groupe et les ambitions. « Quand vous voyagez, vous avez envie de partager un moment de bonheur » souligne-t-il.
Pourquoi Atream s’est intéressé au dossier de Pierre & Vacances - Center Parcs, quelle était votre conviction ?
C’est pour nous un sujet important, ces marques correspondent à une vraie demande et une satisfaction des clients européens. C’est le leader européen dans le domaine du tourisme de proximité. Que ce soient nos investisseurs ou les équipes d’Atream, nous avons toujours eu la conviction que cette marque, ce tourisme de proximité étaient un tourisme d’avenir. La crise sanitaire a accéléré en sortie de crise le besoin de se retrouver en famille, entre amis.
La structure financière du groupe avait été très affaiblie. Nous avons apporté avec Alcentra et Fidera une offre en accord avec les banques, tenant compte du PGE et qui apporte du cash, 200 millions €. Ce groupe va être totalement restructuré financièrement. Nous allons également aider les équipes autour de Franck Gervais à continuer cette transformation et à garder ces parts de marché face à la concurrence qui s’organise. Ce groupe a des marques très fortes auxquelles les clients sont très attachés. Nous avons la chance d’avoir un capital de confiance des clients pour les marques Pierre & Vacances, Center Parcs et Adagio qui est extraordinaire.
L’un des enseignements que nous avons appris ces dernières années, c’est la résilience très importante de ces produits.
Nous sommes actuellement largement au-dessus des performances de 2019 qui était une année de référence en termes de chiffre d’affaires. Globalement l’industrie touristique surperforme de 15 à 20 % en termes de chiffre d’affaires par rapport à 2019.
Quelles sont vos convictions long termes pour le secteur ?
Il y a eu Gilbert Trigano pour le Club Med, Gérard Pélisson et Paul Dubrule pour Accor ainsi que Gérard Brémond pour Pierre & Vacances - Center Parcs. Ces personnalités ont industrialisé à leur façon le tourisme en France, en Europe et dans le monde. Le tourisme s’est professionnalisé, des acteurs comme vous [MKG Consulting NDR] nous permettent de mesurer l’évolution économique. Il y a eu également des progrès dans le savoir-faire, la qualité de prestation. La France était en 2019 la première destination touristique mondiale avec 90 millions de touristes. Nous avons la chance d’avoir un pays très attractif, il faut pouvoir fixer plus longtemps les touristes sur notre territoire et les faire consommer plus. Il faut transformer le passage, en chiffre d’affaires. L’économie française est une économie de service dont l’industrie touristique est un des acteurs.
Cette industrie permet à des actifs qui sont en rupture de retrouver un emploi, de se former, d’accéder à des postes de plus en plus structurants et valorisants pour eux.
L’investissement aux côtés de cette industrie est essentiel.
Laurent Fabius disait que le tourisme est un trésor national, comment rendre ce trésor accessible à l’épargne des Français ?
Nous sommes les seuls à avoir deux SCPI (Société Civile de Placement Immobilier) grand public dédiées au tourisme. Cette SCPI a pour vocation d’acquérir les murs d’hôtels ou d’activités touristiques.
En France nous avons cette culture de développer de plus en plus les murs et le fonds, c’est une spécificité dans notre pays. Nous développons là aussi un véhicule, Performance Tourisme, qui va acquérir murs et fonds.
Il y a également le private equity, notre investissement dans Pierre & Vacances - Center Parcs, c’est du corporate pur.
Il nous faut donc convaincre les épargnants Français d’accompagner le développement et la transformation de cette industrie touristique. C’est pour nous Français, une industrie de proximité.
En traversant cette période, pensez-vous que nous nous soyons rendu compte qu’en France nous avions cette excellence dans la gestion, l’investissement et le côté opérationnel de cette industrie touristique ? Saura-t-on demain continuer à entretenir cette industrie d’excellence et en faire une industrie championne européenne et peut-être mondiale ?
Les touristes qui viennent visiter la France pour une expérience loisirs, repartent en touristes d’affaire. Ils investiront potentiellement à l’avenir chez nous car ils ont découvert la qualité du service, de l’accueil, le professionnalisme des équipes et l’image de la France. Le tourisme c’est un véritable média. C’est un secteur qui illustre dans le monde entier la qualité que nous délivrons.
Si l’on raisonne régionalement, on constate que l’Europe est le premier marché mondial, nous sommes les seuls à l’oublier mais les investisseurs étrangers ne l’oublient pas. Ils savent que c’est là où il faut investir, où la croissance peut-être la plus forte. Soyons un des acteurs de cette transformation. Je pense que les investisseurs français ont des atouts pour accompagner ce changement.
Le tourisme est une filière qui consomme des capitaux pour les actifs et les infrastructures. Il y a également l’humain qui permet de faire cette étincelle de magie dans le secteur, l’actualité récente a rappelé notre devoir d’être capable de faire émerger des passions et des carrières. Que peut-on souhaiter à Atream pour les 15 ans à venir ?
Mobiliser le plus grand nombre d’investisseurs, accompagner les entrepreneurs au service du client. C’est ce qui m’apporte la plus grande satisfaction et qui me permet de mobiliser les équipes en interne sur cette conviction. C’est un métier de passion.