Retrouvez ici en longueur l’entretien avec Laurent Dusollier, CEO d’Odalys Group. Il y partage ses ambitions pour le groupe mais aussi le secteur touristique français dans un échange en toute transparence. Ambitions, engagements, démarche RSE, attractivité du secteur pour l’emploi et des destinations France sont autant de sujets que nous abordons avec lui.

Un acteur de l’immobilier serviciel qui a vocation à se diversifier et se développer

Le temps passe très vite et le Covid nous a impactés. Côté bilan, l’entreprise s’est transformée et elle passe la crise avec succès. Nous avons réussi à emmener les équipes vers les projets que nous souhaitions atteindre et nous sommes prêts pour la nouvelle étape.

Notre stratégie de diversification dans les métiers est d’actualité, elle nous a permis de bien passer la crise avec un mix de clientèle, de profils de saisonnalité et de profils de rentabilité qui pour moi sont constitutifs d’une stratégie gagnante.

Nous sommes aujourd’hui le seul acteur dans l’immobilier géré qui a tous les métiers. A la fois les vacances, les campings, les résidences de centre-ville avec des caractéristiques plus tournées vers les clientèles d’affaires. Nous avons également des résidences étudiantes. Sur ces deux métiers [résidence city et étudiante] nous commençons à avoir un poids important avec 25 résidences pour chaque produit et 50 dans le pipeline. Nous sommes également positionnés sur les résidences senior, notre dernier produit. Cela s’inscrit dans notre volonté de désaisonnaliser le marché et de sortir d’une image purement tourisme.

Au-delà de l’acteur multiservices et multiproduits, nous complétons cette palette avec une série de services y compris pour compte de tiers soit les acteurs de l’immobilier géré. Le point commun de tous ces métiers n’est pas vraiment l’accueil et l’hospitality car nous avons des façons différentes d’accueillir des profils différents de clientèles et des saisonnalités très différentes également. Nous passons de clientèles seniors qui viennent faire plusieurs visites avant de franchir le pas de nous rejoindre, à des étudiants, qui dès les résultats de Parcours Sup’ réservent en quelques jours. Nous avons donc segmenté les équipes. Ce qui fait le socle de tout cela c’est notre business d’immobilier géré. Le tronc commun ce sont les propriétaires qui disposent d’un bien et qui nous le donnent en location pendant un temps déterminé.

Il y a également des synergies, nous avons un pôle qui centralise toute l’offre d’immobilier urbain géré dans lequel se retrouvent les résidences hôtelières, les séniors et les étudiants. Il en ressort de nombreuses synergies sur par exemple les achats ou encore le ménage et la lingerie.

Le renchérissement des couts des matières premières et de l’énergie est un vrai défi pour notre secteur. Nous sommes tous face à des marges de rentabilité assez faibles. Quand aujourd’hui la topline peut varier de +10 et -10, la seule façon d’être solide dans la tempête, c’est d’avoir un socle solide. 2 à 3% de marges ce n’est pas suffisant face à tous ces aléas. Je suis donc un grand partisan de créer un groupe français voire européen de taille critique. Odalys fait aux alentours de 300 millions de chiffre d’affaires, si nous en dégagions 5 à 800 millions, nous aurions la capacité de passer les tempêtes à venir de manière encore plus sereine.

La combinaison d’une mixité de métiers et d’une taille critique, il y a encore peu d’acteurs aujourd’hui qui allient les deux.

Si nous pouvions d’un coup de baguette magique être un groupe qui pèse 1 milliard présent partout en Europe dans tous nos métiers et qui soit le leader incontesté de l’immobilier géré, cela aurait beaucoup de sens.

Les actions mises en œuvre par le gouvernement français

Il y a eu des signaux positifs envoyés par le gouvernement pour prendre le sujet toutefois les leviers qui ont été mis en place et les axes de développement sont traditionnels. La question d’attirer des vacanciers français en France est mal adressée et les réponses ne sont pas à la hauteur des enjeux.

Avoir regroupé le tourisme avec les PME au niveau gouvernemental pour moi c’est un problème. Ce sont deux secteurs avec énormément d’enjeux, un seul homme ou une seule femme ne suffit pas à les adresser. J’ai beaucoup d’espoirs que demain le tourisme trouve sa place dans les réflexions du gouvernement avec des actions concrètes et efficaces.

Recruter dans le secteur de l’hospitality

Il y avait des sujets de salaires qui ont été adressés à différents niveaux, toutefois penser que nous allons résoudre tous les problèmes par l’augmentation des salaires, c’est une vue de l’esprit. Il faut intégrer le fait que les gens ne sont pas prêts à travailler comme avant. Il faut cloisonner les problématiques, nous avons des métiers avec une forte pénibilité intrinsèque dans notre secteur et il faut pouvoir y répondre. Il faut également avoir un discours de vérité. On ne peut pas travailler dans l’hôtellerie sans travailler le samedi alors que tous les touristes arrivent le samedi, ce n’est pas entendable.

Nous avons des problématiques comme notre personnel de ménage qui vient le samedi et qui n’a pas de solution pour faire garder ses enfants ou qui manque de solutions de transports. Il faut que nous tenions compte de ces besoins, nous sommes en train de prendre des initiatives sur ces sujets.

Nous avons mené de nombreux ateliers de travail avec nos collaborateurs toutes générations et tous profils d’emplois confondus.

Nous sommes dans des métiers qui permettent d’occuper des postes très intéressants à travers des parcours de carrière dingues.

Des engagements forts sur des actions liées à la RSE

Nous menons des initiatives pour les personnes qui ne peuvent pas partir en vacances. Nous avons également beaucoup travaillé autour des femmes qui constituent une majorité de nos salariés et il faut que nous continuions à développer ça. Nous travaillons depuis plusieurs années aux côtés d’organismes qui soutiennent les femmes victimes de violence conjugale. Nous avons également d’autres sujets pour soutenir nos employées femme qui travaillent. Nous réfléchissons à de nombreux engagements pour faciliter l’équilibre vie personnelle/professionnelle avec le télétravail, la flexibilité des horaires et d’autres actions.

Nous avons aussi un rôle important à jouer pour l’emploi des personnes à besoins spécifiques. Nous avons un secteur qui offre une palette de métiers dans lesquels des personnes à besoins spécifiques peuvent s’épanouir et performer.

N’ayons pas peur de notre ombre, rechallengeons nous et poussons cette nouvelle génération qui vient avec des idées nouvelles.

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