Entretien avec Wolfgang M. Neumann, Président-directeur général de The Rezidor Hotel Group

L’histoire commune de Carlson et Rezidor remonte à 1994, lorsque nous avons signé le premier contrat de master franchise pour Radisson. Un deuxième contrat de master franchise pour les enseignes Park Inn, Country Inns & Suites et Regent a été conclu en 2002. Quand Rezidor a été coté à la bourse de Stockholm en 2006, Carlson est devenu notre plus gros actionnaire et est aujourd’hui notre actionnaire majoritaire. Depuis le mois de janvier 2012, nous apparaissons comme une seule entité sur le marché hôtelier international (Carlson Rezidor Hotel Group). Cependant nous n’avons pas fusionné et nous restons deux entités légales différentes qui poursuivent un partenariat stratégique basé sur deux éléments clés : la génération de revenus et l’image de marque. Ensemble, nous espérons augmenter nos revenus de plus de $400 millions et notre RevPAR Index de 9,4 points. En ce qui concerne la génération de revenus, nous nous appuyons sur une approche Ventes et Marketing internationale qui comprend, par exemple, la création d’une plateforme Internet commune et le développement à entretenir d’un véritable programme de fidélité (le Club Carlson). Du coté de la stratégie de marque, nous ciblons des enseignes fortes et cohérentes à l’échelle internationale, et nous nous concentrons sur les deux marques fortes que sont Radisson Blu et Park Inn by Radisson. Radisson Blu remporte déjà un certain succès dans la région EMEA et connaît un développement dynamique en Amérique (un premier Radisson Blu a fait son apparition à Chicago fin 2011, le Radisson Blu Aqua Hotel) et en Asie Pacifique. Park Inn by Radisson connaît une croissance non seulement dans la région EMEA, mais également dans des marchés clés comme l’Inde.Cette décision de rapprochement a été prise dans le cadre d’Ambition 2015 ; êtes-vous en ligne avec les objectifs fixés par ce plan stratégique ?Ambition 2015 est la stratégie maîtresse de Carlson ; Rezidor suit sa propre stratégie, Route 2015, lancée en décembre 2011. Elle vise à gagner entre 6 et 8 points de marge brute (Ebita) à l’horizon 2015. Route 2015 s’applique aux mêmes domaines clés que sont la génération de revenus (comprenant les synergies déjà mentionnées ci-dessus avec Carlson), les projets de réduction des coûts, l’utilisation des capex, une croissance basée sur les prix moyens et une gestion plus dynamique des actifs. Qu’avez-vous appris depuis que vous avez rejoint le groupe, il y a dix-huit mois, en travaillant avec Kurt Ritter ?Rezidor a une culture unique qui m’impressionne beaucoup. Le groupe a été fondé par et à travers l’action de Kurt Ritter. Il a donné naissance à la société en jetant ses premières bases et lui a donné un profil unique. Rezidor est une entreprise humaine, très proches de ses employés et entretenant des relations fortes avec les propriétaires et ses partenaires. Kurt Ritter a également conduit la croissance du groupe à une vitesse record, nous sommes aujourd’hui classés parmi les plus grands acteurs mondiaux.Comment envisagez-vous de marquer le groupe de votre propre empreinte ? Avez-vous de nouvelles priorités ?Par rapport à ce que je viens d’expliquer, je veux miser sur les points forts de Rezidor et sur la vaste plateforme existante du groupe. Je souhaite suivre notre stratégie Route 2015, faisant de Rezidor un groupe plus rentable et en créant davantage de valeur pour nos actionnaires et investisseurs.Le développement a toujours été un point clé de la stratégie du Rezidor Hotel Group, même au cours de l’année 2012, êtes vous satisfait du résultat final ?Une croissance stratégique et rentable, via la cession d’actifs, est un élément clé de Route 2015. Rezidor continuera son expansion et son développement, mais de manière différente. Les régions clés pour les développements futurs sont celles des jeunes pays émergents comme la Russie/CEI, l’Afrique et le Moyen-Orient.The Rezidor Hotel Group a toujours été un développeur important dans les pays nordiques et l’Europe Centrale ; considérez- vous toujours ces régions comme prometteuses ?Les pays nordiques représentent notre marché d’origine et nos marques y sont fortement reconnues, Radisson Blu est, par exemple, la «marque préférée» en Norvège (source : BDRC). Il est important pour nous d’avoir une bonne stratégie de gestion d’actifs dans cette région, où nous restons très impliqués, et de renforcer notre présence sur ce marché. L’Europe Centrale et de l’Ouest restent également des marchés importants pour nous, et nous cherchons sans cesse à combler les vides qui restent sur la carte.Souhaitez-vous renforcer votre présence dans les îles britanniques ? Cela est-il possible et raisonnable ?Le Royaume-Uni est extrêmement important pour notre enseigne milieu de gamme Park Inn by Radisson. Nous disposons déjà d’une bonne présence sur le marché, et souhaitons aller plus loin (nous allons ainsi ouvrir un nouvel hôtel Park Inn à Londres au premier trimestre 2013), nous travaillons actuellement sur la relance de la marque, avec un nouveau concept pour renforcer son attractivité, sa commercialisation et sa rentabilité. L’objectif est de conserver les clients de la génération X (nés entre 1965 et 1981), mais aussi d’attirer et d’encourager notre progression au sein de la génération Y (1982-1990). Park Inn by Radisson, c’est une expérience positive et personnalisée, axée sur les attentes des consommateurs, fondée sur la souplesse et la fonctionnalité, renforcée par la connexion Wifi gratuite et des Smart TV. Les hôtels mettent en scène des designs contemporains et des services hôteliers innovants faciles d’utilisation. Les établissements Park Inn by Radisson facilitent la convivialité avec des espaces sociaux polyvalents dans un lobby confortable et avec un personnel accueillant, un endroit parfait pour vivre, manger, travailler et rencontrer.Considérez-vous toujours le Moyen-Orient comme la Terre Promise du développement, avec un grand nombre d’investisseurs prêts à dépenser largement pour impressionner leurs collègues hommes d’affaires ?Le Moyen-Orient est l’un de nos marchés clés pour les développements à venir. Nous profitons déjà d’une bonne présence dans la région et prévoyons de nous concentrer davantage sur les Emirats Arabes Unis et l’Arabie Saoudite, où se trouvent, selon nous, les meilleures opportunités. Parmi nos ouvertures à venir, il y a le Park Inn by Radisson Al Diyafa Makkah (2014), le Park Inn by Radisson Jeddah (2015), le Park Inn Bur Dubai (2014) et le Radisson Blu Al Aquah Beach Resort Fujairah (2014). Etes-vous confiants en ce qui concerne le futur de l’Afrique, où le Rezidor Hotel Group prend des risques en opérant des hôtels dans des pays politiquement instables ?L’Afrique fait clairement parti du top des marchés pour nous. Elle offre des possibilités presque infinies en raison de ses importantes ressources naturelles, ses régimes politiques de plus en plus stables, ses infrastructures en amélioration, sa classe moyenne en pleine croissance, et, une dernière caractéristique mais pas des moindres, son manque de chambres opérées sous enseignes internationales. Rezidor dispose d’un bureau régional à Johannesburg (avec une antenne satellite au Cap) et fait partie des opérateurs hôteliers internationaux les plus importants. Nous avons également le plus grand pipeline en termes de chambres en cours de développement en Afrique Sub-saharienne (21 hôtels ; avant Accor et Onomo). Notre portefeuille africain actuel comprend 22 hôtels pour 5 400 chambres en opération, et 27 hôtels pour 5 600 chambres en développement. Les ouvertures à venir (nos efforts étant concentrés sur les capitales et les centres financiers) comprennent Nairobi au Kenya, Luanda en Angola, Libreville au Gabon, Kigali au Rwanda pour Radisson Blu ; et Nairobi Westlands au Kenya, Lagos au Niger, Dakar au Sénégal pour Park Inn by Radisson.La plupart des groupes hôteliers ont une enseigne spécifique pour la conversion d’hôtels ou de bâtiments existants, Rezidor semble favoriser les nouvelles constructions, un design original et des produits très standardisés ; allez-vous poursuivre dans cette direction ?Par rapport à beaucoup de ses concurrents hôteliers, Rezidor a pris plutôt l’option de se concentrer sur un portefeuille réduit de marque, soigneusement sélectionnées et bien définies. Nous ne voulons pas commercialiser trop de marques, mais faire de meilleurs résultats avec celles que nous avons, tant pour les nouvelles constructions que pour les conversions. Nos marques ont des standards bien précis qui peuvent s’adapter aux différentes régions. Nos marques clés sont Radisson Blu et Park Inn by Radisson ; nous avons également les marques niches Hotel Missoni (lifestyle) et Regent (luxe). Carlson et Rezidor ont cédé Regent en 2010, mais sans renoncer totalement pour autant à la gestion d’une marque de luxe. Le nouveau propriétaire de l’enseigne Formosa nous a demandé récemment de le soutenir dans la région EMEA et nous en sommes ravis.Le concept Park Inn semblait destiné au développement d’un réseau local, avec des ambitions dans des pays comme la France, la Russie, … est-ce toujours le cas ?Oui, Park Inn by Radisson se concentre sur des marchés clés qui disposent d’un bon réseau de ventes nationales, le Royaume-Uni (comme je l’ai indiqué), la Russie et l’Allemagne par exemple.Le développement de l’enseigne Missoni a-t-il été mis sur «pause» en raison du contexte économique difficile ?Hotel Missoni n’a pas été mis sur «pause», l’enseigne reste parmi les marques niches que nous souhaitons développer dans des villes branchées et des destinations resorts à travers le monde. Elle connaît évidemment un rythme de croissance beaucoup plus lent que celui de nos marques clés, mais derrières nos deux hôtels en opération (Edimbourg et Kuwait City), nous avons actuellement cinq destinations en développement (la Turquie, Oman, Maurice, le Qatar, le Brésil).Comment percevez-vous l’année 2013 alors que la plupart des économies européennes sont sous pression et que beaucoup de gouvernements prennent des mesures fortes pour maintenir un semblant de croissance de leur PIB ? L’industrie hôtelière a apparemment réussi à rester un secteur dynamique, cela est-il toujours le cas ?Je pense que nous pouvons entrer dans l'année 2013 avec un certain optimisme. Evidemment le marché est encore fragile et les prévisions sont difficiles à faire, mais nous avons constaté une bonne croissance du RevPAR en 2012, une croissance poussée en grande partie par les pays émergents. Il y a également des signes positifs qui arrivent des Etats-Unis et d’Europe, dans son ensemble, ne montre pas de développement négatif. Y a-t-il une question que je n’ai pas posée et à laquelle vous souhaiteriez répondre ?