Pour la 1ère fois, un atelier de travail était dédié aux problématiques du Tourisme dans le cadre du congrès annuel des Régions de France. Délocalisé à Dinan, « Petite Cité de caractère », copiloté par la Région Bretagne et le président de la Commission Tourisme, il était animé par Hospitality-ON
En charge de l’expansion économique de leur territoire, les Régions ont clairement montré qu’elles voulaient inclure l’activité touristique comme l’un des moteurs actifs de ce développement. Réunis en congrès annuel à Saint-Malo, les élus des Régions, et tout l’écosystème politico-administrativo-économique qui les assiste, ont mis sur la table les sujets du moment : mobilité, sobriété, énergie, … et, pour la 1ère fois officiellement, les enjeux économiques du Tourisme.
L’atelier organisé à la mairie de Dinan, précédé par la visite instructive de l’abbaye de Lehon et du canal qui borde ses jardins, s’inscrit dans la logique de la création d’une Commission Tourisme, présidée par Franck Louvrier, vice-président de la région Pays de la Loire, au sein même de Régions de France.
Un tourisme choisi et non pas subi
Autour du thème majeur de la maîtrise des transformations inévitables et nécessaires de l’activité touristique dans les Régions, Anne Gallo, vice-présidente de la région Bretagne et présidente de son CRT, Franck Louvrier, vice-président de la région Pays de la Loire, Stanislas Bourron, directeur général de l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires, et Franck Jaclin, entrepreneur breton, lié à la région par des contrats publics-privés, ont jeté dans le débat de nombreuses pistes de travail.
Sans pouvoir entrer dans le détail des problèmatiques et de solutions trouvées par les uns et par les autres, les interventions canalisées par Vanguelis Panayotis, directeur d’Hospitality-ON et président de MKG Consulting, ouvrent la voie à des travaux constructifs dans une approche de partage d’expériences.
Une évidence s’impose aux Régions : la (re)conquête de la compétence Tourisme, dans le cadre de leur mission de développement économique, passe par une logique d’investissement pour entretenir la dynamique des territoires. Elle s’inscrit aussi dans un contexte déjà en mouvement mais fortement accéléré par la crise sanitaire de la Covid, qui a redéfini les enjeux de demain : sociétaux, RSE, digitaux, et autres…
Une organisation exemplaire qu’il a fallu valider
Anne Gallo, élue du Morbihan, vice-présidente de la région en charge du Tourisme, du patrimoine et des voies navigables, est aussi présidente du CRT de Bretagne. A ce titre, elle a traduit sa vision de la « compétence partagée » en réussissant la coordination - au sein d’une même commission régionale - des acteurs publics et privés, des départements et des têtes de réseaux professionnels pour élaborer ensemble une stratégie régionale.
L’enjeu est de taille
9 milliards de retombées économiques annuels, 110 millions de nuitées assurées à 80% par une clientèle domestique et seulement à 20% internationale, et une économie qui repose très majoritairement sur les excursionnistes et pas assez sur les séjours. Le schéma régional de développement touristique a été voté en 2020 pour les cinq années qui suivent. Il s’appuie notamment sur un découpage territorial en 10 destinations touristiques cohérentes, qui font fi des barrières administratives, avec lesquelles la Région a signé une convention d’accompagnement financier, renouvelable tous les trois ans.
Plus de 4 millions d’euros sont consacrés par la Région en faveur de ces dix destinations en matière d’investissement, de fonctionnement et d’ingénierie. Passer de la priorité du volume à celle de la qualité L’objectif est clairement affiché : un positionnement fondé sur l’identité bretonne et une transition maîtrisée qui intègre les évolutions sociétales, la préoccupation climatique et responsable et la performance économique.
Agir pour un tourisme choisi et non pas subi qui change le paradigme du volume vers la qualité, au détriment des flux. Le schéma régional a été décliné en huit feuilles de route thématiques : sites naturels et culturels touristique, les îles, mobilités touristiques, itinérances douces, patrimoine et culture, nautisme, tourisme social et voies navigables.
La légitimité de la démarche et la méthodologie participative ont permis de surmonter les réticences et les velléités des destinations bretonnes les plus favorisées par la nature de jouer « cavalier seul ». Solidarité et péréquation sont deux mamelles qui conduisent à faire en sorte que la Bretagne sorte renforcée d’une organisation au départ compliquée et du défi d’enjeux multiples, voire contradictoires.
Aujourd’hui 4e destination régionale française, elle grignote des parts de marché, aidée par la recherche d’authenticité, de sens, de culture, de nature et d’offre diversifiée.
Une compétence partagée qu’il faut resserrer
Dans son intervention, Franck Louvrier, qui assume le même rôle pour les Pays de la Loire, confirme que la démarche et les enjeux sont très similaires pour une région littorale. Il revient sur le sujet polémique d’une loi NOTRe qui a trop partagé les compétences et qu’il est nécessaire de resserrer pour éviter une certaine confusion dans les responsabilités. Le débat n’est pas clos même s’il n’est plus d’une actualité urgente.
L’urgence, elle est de maîtriser les transformations déjà engagées. Tous les responsables ont globalement a pris conscience que le Tourisme n’était plus un « enjeu statistique ». La performance économique passe par la qualité de l’offre. « Dans le Grand Ouest, notre démarche est celle d’une diversité maîtrisée », insiste Franck Louvrier. « C’est-à-dire construire notre développement sur des investissements plus vertueux ; une diffusion plus large des flux (« mieux étaler la confiture »), et la gestion des impacts sur l’hébergement, les mobilités, …
Les actions en Pays de la Loire sont lancées en direction d’une thématisation accentuée, de la découverte économique, de l’agritourisme ou des mobilités douces, autant de filières qui contribuent à disperser les touristes « façon puzzle » à travers les territoires.
Le touriste est plus mobile, une qualité à exploiter
Un constat intéressant s’impose depuis la crise sanitaire, le touriste est davantage mobile et moins statique. Il faut l’inciter encore davantage à développer cette capacité qui devient un avantage face aux « pics » de fréquentation. Autre constat bénéfique pour les Régions à exploiter avec une offre adaptée : le tourisme de proximité s’est installé sur la durée, malgré les tentations renouvelées d’évasion plus lointaine.
Accompagner pour trouver le bon modèle
Stanislas Bourron, directeur général de l’Aagence nationale de la cohésion des Territoires, héritière de feu la Datar, a un rôle d’accompagnement des collectivités moins bien organisées ou armées que les grandes régions touristiques. Sa mission est bien de les aider à trouver le bon modèle, quand le levier d’actions n’a pas été trouvé.
L’Agence agit notamment pour décliner sur le terrain les mesures définies par le plan Destination France, présenté par l’ex Premier ministre lui-même, Jean Castex. « Nous sommes là pour trouver les dynamiques touristiques, travailler sur les leviers évidents comme le tourisme responsable », insiste Stanislas Bourron. « Nous accompagnons 62 territoires par de l’ingénierie sur l’offre ou l’organisation touristique. Nous avons en partie la gestion du Plan Montagne pour dynamiser les massifs et préparer pour eux-aussi la transition vers un autre modèle qui ne repose pas que sur la neige ».
L’une des questions clef au cœur du travail de l’ANCT est la valorisation des espaces et des patrimoines à travers de nouveaux usages comme les tiers lieux. Le dispositif « Réinventer le patrimoine » est mené de concert avec Atout France.
Trop de questions soulevées qui méritent d’autres ateliers
Le temps imparti à l’atelier s’est avéré beaucoup trop court, et malgré la gestion « maîtrisée » elle-aussi des interventions par Vanguelis Panayotis, beaucoup de questions sont restées en plan, des expériences d’autres régions à peine effleurées comme le travail autour de la RSE mené en région Normandie, évoqué par Nathalie Porte, vice-présidente de la Région Normandie ; le travail impératif à conduire auprès de la jeunesse pour leur faire découvrir les territoires, évoqué par Hamina Rezeg, vice-présidente de la Région Capitale ; les actions en direction du tourisme social et solidaire, comme les mène la région Nouvelle-Aquitaine ; le logement des saisonniers et bien d’autres sujets encore.
A l’évidence, la surface des stratégies touristiques menées par les Régions a été gratté superficiellement, appelant à d’autres ateliers, d’autres approches pragmatiques. A suivre donc, car les Régions de France n’ont visiblement pas l’intention de se dessaisir du dossier.