Pendant des décennies, la capitale de l'Irlande du Nord a été synonyme de violence, de bombes et de conflits civils sanglants. Depuis la signature de l'accord du Vendredi saint en 1998, qui, sur le papier, a mis fin aux « Troubles », Belfast cherche à se frayer un nouveau chemin et à redorer son blason. L'une des voies de renouveau qui s'est ouverte à la ville, grâce à l'attrait éternel de l'île d'Irlande en tant que destination, est le tourisme. L'avènement d'un nouveau millénaire a permis à Belfast de tourner la page et, au cours de la dernière décennie, elle est devenue l'une des principales destinations touristiques alternatives d'Europe. Cette popularité croissante s'est accompagnée d'un boom du marché hôtelier de la ville.
De nombreuses industries ont façonné Belfast au cours de son histoire. Du lin à la construction navale en passant par le tabac, les marques du passé industriel de la ville sont inscrites sur son visage et sa personnalité. Aujourd'hui, l'utilisation de plusieurs des bâtiments les plus emblématiques de Belfast est en train de changer.
Le bâtiment « Old Tech », un excellent exemple de l'architecture édouardienne, sert aujourd'hui de logement étudiant et l'ancien siège de Harland & Wolff, dans les docks de la ville, est aujourd'hui le Titanic Hotel Belfast. Au cours des 20 dernières années, l'hôtellerie s'est imposée comme l'héritière des industries traditionnelles de la ville et constitue désormais l'un des principaux moteurs de l'économie de Belfast.
Selon le conseil municipal de Belfast, en 2019, la ville a enregistré 1,7 million de nuitées, générant près d'un demi-milliard de livres pour l'économie locale. La croissance de l'offre hôtelière de Belfast entre 2015 et 2017, de plus de 3 000 lits, a rendu cela possible. Le secteur a connu un ralentissement pendant la crise sanitaire, mais il montre de solides signes de reprise avec 1,2 million de chambres d'hôtel vendues en 2022.
Les chiffres de MKG Consulting montrent que Belfast obtient de bons résultats dans le monde postpandémique. En 2022, le RevPAR de la capitale nord-irlandaise a rebondi plus fort qu'auparavant avec une augmentation de 23,8 % par rapport à 2019 (61,9 % contre 50,0 %). En termes d'occupation, le parc de la ville a également dépassé les niveaux pré-Covid en 2022, avec un TO en hausse de 1,1 point sur la même période (77,2 % en 2022 vs 76,1 % en 2019).
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Ce n'est pas une cause unique qui a conduit à l'essor de l'attractivité de Belfast depuis la fin des troubles, mais plutôt de nombreuses « petites » raisons qui se sont accumulées pour rehausser le profil de la ville sur la scène internationale. Cependant, le pouvoir culturel du grand et du petit écran est sans aucun doute l'un des facteurs les plus importants de cette évolution.
Depuis le succès colossal du Titanic de James Cameron jusqu'à Game of Thrones de HBO, Belfast a réussi à se faire connaître comme la « demeure » de plusieurs films et séries iconiques. Dans le cas du paquebot infortuné, il a été construit dans le chantier naval de la ville par Harland & Wolff et, après des années de quasi-abandon, la ville a capitalisé sur ce lien en régénérant les docks et en ouvrant le Titanic Belfast en 2012. Depuis, le musée a accueilli des millions de visiteurs et a été désigné comme la meilleure attraction touristique au monde en 2016.
Dans le même temps, les allégements fiscaux attrayants accordés aux productions audiovisuelles en Irlande du Nord ont incité les grands studios à venir en masse dans le pays. Cette politique s'est avérée fructueuse pour l'offre touristique de la région, car les visiteurs ont afflué pour voir les studios et les sites extérieurs où ont été tournées des séries à succès telles que Game of Thrones.
Malgré tous ces progrès, les secousses de l'événement qu'a été le conflit nord-irlandais de 1969 à 1998 se font encore sentir aujourd'hui, même sur le marché de l'hôtellerie. L’internaute à la recherche d'un hôtel à Belfast sur Booking.com pourrait être surpris de constater que le prix moyen d'une nuitée dans la ville baisse en juillet, en pleine haute saison.
En effet, le prix moyen d'une nuitée en juillet est inférieur à celui de six autres mois au cours de l'année. La raison en est que le 12 juillet est un jour férié controversé et que, même si la situation s'est considérablement apaisée au cours des neuf dernières années, les jours entourant cette date ont souvent été le théâtre de violents affrontements entre la police et les communautés nationalistes ou loyalistes de la ville.
Une tendance qui semble se confirmer
Malgré un ralentissement des ouvertures d'hôtels depuis la pandémie (qui pourrait peut-être aussi s'expliquer par la concentration intense d'ouvertures dans les années précédant 2020), l'avenir de l'industrie dans la ville s'annonce prometteur. En décembre 2021, le gouvernement britannique et les ministres de l'exécutif national ont signé un programme d'investissement d'un milliard de livres sterling sur dix ans dans le cadre du Belfast Region City Deal, dont le tourisme est l'un des quatre piliers essentiels. L'un des projets nés de cet accord, l'expérience Belfast Stories, dont l'ouverture est prévue en 2028, aura pour but d'encourager les visiteurs à rester plus longtemps et à explorer davantage la région.
Parallèlement, quelques ouvertures remarquables sont prévues pour la ville dans les années à venir. Parmi celles-ci, un Premier Inn de 5,5 millions de livres sterling avec 81 clés dont la construction commencera bientôt près de l'aéroport international de Belfast et un appart-hôtel de 20 millions de livres sterling dans l'ancien bâtiment HMRC, développé par Lotus Property.
Belfast a réussi à redorer son image et à devenir l'une des destinations européennes les plus intéressantes et les plus prometteuses. Avec des projets à grande échelle, tant en termes d'hébergement que d'attractions, la ville semble prête à renforcer son attrait pour les visiteurs à la recherche d'une escapade urbaine hors du commun.
