Entretien avec Etienne Faguer et Jérôme Schibler, co-fondateurs d'Atypio. Etienne Faguer : « Je suis, en charge de toute la partie financière, développement et administrative au sens large. Précédemment, j’avais constitué un petit groupe d'une dizaine d'hôtels avec notre 3e associé qui est François-Xavier Bertin, plutôt sur des petites capacités. » Jérôme Schibler : « Je suis en charge des opérations. J'ai un parcours très hôtelier et j'ai eu une assez longue expérience dans un groupe qui s'appelait Alliance Hospitality. »

Quelle est la genèse d’Atypio ?

Etienne Faguer : Je pense c'est la rencontre avec Jérôme en 2018. A l'époque il représentait un acquéreur d'hôtel et nous étions côté vendeur et l'opération ne s'est pas faite mais la rencontre nous a permis de nous projeter sur un projet commun. Nous avons réalisé que nous étions très complémentaires.

Jérôme sur la partie opérationnelle, moi sur la partie développement. Nous avions une vision commune long terme et sur des actifs plus gros.

Jérôme Schibler : Cela s’est effectivement passé très rapidement. Nous avons vite compris l'intérêt d'une association. Nous avons des qualités très différentes et complémentaires. En moins de 15 jours alors que nous étions en train d'étudier un projet d'achat revente, nous nous sommes immédiatement entendus sur ce projet de création. Cette association nous permettait potentiellement de créer quelque chose auquel nous aspirions depuis des années. 2 mois après, nous avions pratiquement déjà écrit la feuille de route que nous utilisons aujourd'hui.

Présentez-nous Atypio :

EF : A la fin de l'année, nous aurons 25 hôtels sous gestion, soit environ 2000 chambres pour quasiment 80 millions de chiffre d'affaires sous gestion. Nous sommes allés vite. En 2018 nous avons acquis notre premier hôtel qui était le l'ancien Dolce Chantilly, devenu Mercure. Nous sommes passés de 1 à 25 établissements en 5 ans.

C'est un groupe qui est homogène avec uniquement des hôtels 3 et 4 étoiles, principalement sous enseigne Accor. Nous continuons notre développement sur cet axe.  

JS : Au niveau opérationnel, nous avons créé un ADN commun à tous nos hôtels dans la feuille de route que l'on s'était fixée. Avec l’ambition de mettre en œuvre tout ce que l'on avait pu acquérir. Garder le meilleur de ce que nous avions pu expérimenter et essayer de reconstruire quelque chose qui nous ressemble.

C'était essentiel pour nous de créer une plateforme de gestion parce qu'il ne faut pas que tout repose sur nous. Nous avions un certain savoir-faire, une vision mais nous voulions rapidement déployer une structure opérationnelle, d'où la naissance d'Atypio.

Atypio pour atypique. Nous sommes clairement aujourd'hui en capacité d'aller sur des conversions d’hôtel, des rachats d'hôtels sur lesquels un repositionnement s'impose, d’accompagner des choix de marque.

EF : Ce qui nous permet aussi aujourd'hui de proposer nos services pour des mandats de gestion pur.

Nous avons un siège qui est suffisamment structuré pour accompagner des investisseurs sans être investisseur nous-même.  Sur les 25 hôtels de notre portefeuille, il y en a une dizaine où nous sommes majoritaires.  Sur le reste du portefeuille, nous sommes minoritaires avec des investisseurs à nos côtés. Nous avons pour projet de prendre des mandats de gestion à hauteur de 10 voire 20 hôtels dans les prochaines années.

JS : Tout le monde l'a reconnu post Covid19, les marques, la réassurance de la marque a été très forte. Nous sommes donc confiants sur le poids d'une marque. Nous pensons que notre rôle aujourd'hui, en tant qu’hôteliers, c'est d'être les garants de l'expérience client. On en parle beaucoup, toutes les marques en parlent, ce n’est plus différenciant. Notre rôle est de la délivrer, de la matérialiser concrètement au client.

Une grande partie de notre travail, c'est de s’interroger sur la bonne marque par rapport à la distribution, au mix client. Pour ensuite trouver les preuves que l'on peut amener en fonction de chaque site et pour lesquelles on peut trouver un ADN commun, celui d’Atypio.

Nous avons cet ADN d'entrepreneur, au-delà dans notre feuille de route, nous avons choisi l’expression du Made In France. A travers l'expérience client le savoir-faire, le geste et le rituel d'accueil. C’est quelque chose qui est très personnel et qui est très humain, qui part donc de nos équipes. Cela relève de notre transmission, c'est nous qui l'apportons.

Nous développons aujourd'hui à côté des marques avec lesquelles nous cohabitons très bien, nous sommes complémentaires mais il faut que chacun trouve sa place et que chacun assume son rôle.

Quelles sont vos actions en termes de RSE ?

JS : Nous avons engagé, ce qui est assez classique, toutes les démarches de classification type Clé Verte. Nous avons la volonté d'aller plus loin, d'avoir nos propres marqueurs qui nous permettent d'embarquer nos équipes parce qu’il y a le réglementaire, ce que l’on fait parce qu'on nous demande de le faire, et il y a ce que l'on va exécuter parce que l'on y croit.

Généralement, le deuxième aspect est beaucoup plus fort et nous permet d'avoir une vraie action envers nos clients alors.

Par exemple en tant que restaurateur, notre responsabilité peut-être de se poser la question de notre rôle dans la production.  Pouvons-nous être acteur et donc locavores ? Après recherche, nous avons fini par trouver.  Dans tous nos hôtels, nous développons des fermes urbaines en aéroponie. Ce sont des technologies qui ont été développées par une entreprise que nous venons d'acquérir. Cela fait 7 ans qu'ils travaillent à concevoir ce projet là et aujourd'hui nous sommes capables de produire environ 15 à 20 % de nos besoins en légumes, en fleurs, en fruits, sur une année. Nous considérons que c'est aussi ça aujourd'hui être un restaurateur et hôtelier responsable. Ce sont des projets qui en termes de RSE font sens pour nos équipes et pour les clients.

EF :  Nous avons une vision très long terme des actifs que nous intégrons dans le réseau. Régulièrement nous travaillons avec des investisseurs en raisonnant au-delà de 5 ans. Nous faisons donc toujours des vrais travaux de fond. Par ailleurs nos investisseurs sont très sensibles à la RSE et de plus en plus. Comme le disait Jérôme c'est aussi réglementaire, il n’y a plus le choix maintenant. Cela fait partie de notre ADN, nos investisseurs cela commence à faire partie de leur ADN.

Avez-vous modifié votre thèse d’investissement ?

EF : Nous avons créé Atypio en 2018, nous n’avons rencontré que des crises depuis cette création. Les gilets jaunes, les grèves, le covid, encore des grèves… Notre modèle a montré qu'il était résilient. Nous maintenons donc notre stratégie de développement et notre stratégie sur les actifs. D'autant plus que nous sommes positionnés sur des actifs avec de la restauration, du séminaire, hors centre-ville de Paris. Il s'avère qu'aujourd'hui c'est ce qui fonctionne le mieux. Les entreprises ont moins de bureaux, ont besoin de se retrouver dans des espaces séminaires. C'est un cercle vertueux et nous maintenons notre stratégie.

La hausse des taux a plutôt un impact sur le rendement que nous l’avons reporté à 100%. Nous ne constatons pas de grosse baisse de prix sur les actifs hôteliers pour le moment malgré cette hausse parce que les performances sont très bonnes. Les prix moyens ont augmenté et ça compense en partie cette hausse des taux.

JS : On ressent que la qualité du service, de la prestation, prend le pas sur le prix. Aujourd'hui, celui qui s'en sort c'est celui qui délivre une prestation à la hauteur. Celui qui arrive à contenter le client, traverse confortablement la crise, ou les crises.

EF : Nous avons une équipe commerciale au siège, nous n’attendons pas que le business vienne. Nous ne nous appuyons pas uniquement sur le franchiseur.

Comment entrainer les équipes ?

JS : Nous avons eu tous les deux une démarche volontaire l'année dernière en prenant la décision d'engager le groupe dans une démarche avec un réseau d'entrepreneurs qui s'appelle Mieux. C’est un collectif d'une vingtaine de chefs d'entreprise qui ont la volonté en s'associant de brainstormer. Nous nous demandons chacun ce que nous faisons et ce que nous pouvons faire au sein de nos entreprises pour améliorer la qualité de vie au travail de nos salariés.  

Nous avons créé notre propre charte ESG en neuf points qui émane tout simplement de l'expression de nos équipes. Ils nous ont communiqué ce qui est important de leur point de vue.

Quelles perspectives de développement ?

EF : Nous sommes toujours ambitieux. Bien que nous soyons finalement allés plus vite que ce que l'on imaginait. Nous n’avions pas prévu d'avoir 25 hôtels en portefeuille à la fin de l'année. Notre prochain palier c’est une quarantaine d'hôtel d’ici 2 ans.

Nous avons un développement très actif, supervisé par Matthew qui fait partie de nos équipes. Nous sommes aujourd'hui en train de consolider notre siège, avec un bras droit pour Jérôme et un bras droit pour moi. Cela nous permettra de continuer à accélérer le développement et que les hôtels soient toujours bien supervisés et gérés.

Les fermes en aquaponie, c'est une société que nous avons acquise en juillet mais qui a vocation à proposer ses services à d'autres établissements en dehors du réseau Atypio. Nous les installons actuellement dans nos hôtels il y a une dizaine d'hôtels qui sont équipés et à terme, nous irons les proposer à d'autres hôtels.

Pour aller plus loin

Chaque semaine, l’équipe HON vous apporte un regard expert sur le monde de l’hospitalité. En devenant membre, vous aurez accès à un écosystème complet : contenu exclusif, emploi, etc.

DEVENIR MEMBRE

Inscrivez-vous pour ajouter des thèmes en favoris. Inscrivez-vous pour ajouter des catégories en favoris. Inscrivez-vous pour ajouter des articles en favoris. Connectez-vous gratuitement pour voter pour la candidature.

Déjà inscrit ? Déjà inscrit ? Déjà inscrit ? Déjà inscrit ?