Entretien avec Pierre Dupuy Chaignaud récemment entré au directoire d'123 Investment Managers.
Pierre, comment êtes-vous arrivé à travailler dans le financement du secteur du tourisme ?
J’ai débuté ma carrière en 2003, au sein de l’activité de financement de la BRED Banque Populaire, ce qui m’a permis d’accompagner de nombreux acteurs du tourisme, dont des hôteliers parisiens, dans leurs financement long terme avant de rejoindre en 2009 l’activité d’investissement pour compte propre de celle-ci. En 2014, 123 Investment Managers cherchait un profil d’investisseur avec des connaissances sur les secteurs du retail, de la santé et du tourisme, j’ai saisi cette opportunité. Au fil des années, j’ai pu saisir un grand nombre d’opportunités que le secteur du tourisme et des loisirs offrait et ainsi accompagner beaucoup de dirigeants dans leur développement.
Que représente le secteur que vous portez au sein du directoire dans le portefeuille d’123 IM ?
Nous avons quatre secteurs d’activité : la santé, l’immobilier, les énergies renouvelables et le tourisme.
A fin 2021, au global 123 IM a investi 2,2 milliards d’euros en fonds propres ou quasi-fonds propres dont environ 500 millions pour le secteur du tourisme, et ce pour une valeur globale de 2 milliards d’euros. Sur nos investissements réalisés dans le tourisme, nous avons encore 380 millions d’encours sous gestion, ce qui représente à date 162 hôtels, 56 campings et 18 autres entreprises du secteur pour une valeur globale d’1,5 milliards.
Quels sont vos objectifs stratégiques ?
Je souhaite que nous doublions notre présence dans le secteur dans les années à venir. Cela passe notamment par l’accompagnement d’acteurs régionaux ou nationaux dans leur politique de croissance externe, en leur apportant plus qu’un apport financier, à savoir un support technique et en particulier s’il s’agit de s’implanter ailleurs qu’en France sur le territoire européen. Nous regardons par exemple des marchés comme l’Espagne et l’Italie.
Nous avons également une augmentation de nos tickets d’entrée par opération qui sont passés de 1 à 3 millions ces 10 dernières années, à 3 jusqu’à 10 millions désormais.
Je prévois également de renforcer notre présence sur tous les secteurs de ce marché : hôtellerie, mais également résidences de tourisme, hôtellerie de plein air, fabricants liés au secteur comme les fabricants de mobil homes… Cela s’étend aux acteurs du numérique comme, par exemple, les PMS et autres solutions proposées aux hébergeurs. Plus notre écosystème sera riche, plus nous aurons la capacité d’identifier des acteurs à accompagner.
Concrètement nous gérons des fonds de private equity « classiques » avec des sorties 5 à 8 ans après l’investissement*. Nous savons aussi nous adapter au contexte de notre partenaire ou du marché. Nous avons par exemple accompagné un acteur de l’hébergement sur une phase transitoire dans son développement avec des objectifs de maturité compris entre 3 à 4 ans.
Nous essayons de rester opportunistes afin de maintenir des rendements intéressants pour nos souscripteurs et à la fois un taux acceptable pour nos partenaires*.
Nous avons également la conviction que les acteurs du tourisme peuvent être moteurs pour un tourisme plus durable et responsable. Nous sommes en train de structurer des outils qui nous permettront de mettre l’accent sur la performance sociétale et la gouvernance de nos partenaires. Cela s’implique bien sûr en interne chez nous.
Le secteur sort d’une crise majeure, comment analysez-vous les années à venir ?
Nos souscripteurs et partenaires sont bien conscients que le secteur redémarre fortement mais un peu différemment. Les deux années que nous venons de traverser vont avoir en effet un impact durable sur la prise de conscience des voyageurs d’une part et le niveau des prix de l’aérien d’autre part. En conséquence, chaque grande région du globe se redécouvre un tourisme local, et au niveau de l’Europe, la France et l’Espagne vont renforcer leur position de principales destinations touristiques. Il y a donc un double enjeu à prendre en compte, d’une part une clientèle dite lointaine, venant moins souvent mais avec des attentes plus élevées en termes d’expérience et donc de standards, et d’autre part, de bien adresser les marchés primaires pour conserver la dynamique actuelle avec une offre ayant un excellent rapport qualité prix.
Par ailleurs, il va y avoir un effet générationnel qui va influer sur la structure de l’entreprenariat touristique en France. Le secteur s’est créé dans les années 60 à 80, s’est consolidé dans les années 80 à 2000 puis développé depuis lors. Il y a toute une génération d’entrepreneurs qui va devoir ou vouloir céder leurs entreprises. C’est un changement qui doit être accompagné d’autant plus que nous sommes sur un secteur avec des activités fortement capitalistiques.
*Investir dans le capital investissement présente un risque de perte en capital et d’illiquidité. Les investissements passés ne présagent pas des investissements futurs. Le rendement et la durée d’investissement ne sont ni garantis, ni contractuels et ne constituent que des objectifs de gestion. Ceci est une communication publicitaire. Veuillez-vous référer aux prospectus des Fonds avant de prendre toute décision finale d'investissement.