Ces premiers jalons pour un tourisme plus durable 2/3

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Publié le 16/09/19 - Mis à jour le 17/03/22

Nuage de pollution en ville

Alors que de plus en plus de français renoncent à prendre l’avion pour partir en vacances, les enjeux du développement durable intègrent progressivement les différentes strates de l’industrie du tourisme. Deuxième partie : la réduction carbone, l'Enjeu de l'air de demain.

NH en passe de réduire son impact carbone direct et indirect à l’échelle mondiale

D’après un récent communiqué, le groupe espagnol déclarait avoir réussi à baisser ses émissions carbones de 67% depuis 2007. Pour cela l’hôtelier a transformé son mode d’approvisionnement en électricité, à travers 70 % de l’énergie consommée qui est aujourd’hui verte, c’est-à-dire provenant de sources renouvelables.

Or, loin de se reposer sur cette réussite, le groupe va aller encore plus loin dans la réduction de son impact carbone à l’horizon 2030, car comme le dit Rufino Pérez, Directeur des opérations et Leader de la transformation mondiale pour le groupe NH, « le moment est cependant venu d’être encore plus ambitieux avec nos objectifs de durabilité ». Le nouvel objectif est ainsi de baisser encore de 20 % ces émissions, soit une économie totale d’un volume de 70 000 tonnes de dioxyde de carbone.

Il s’agit pour le groupe NH de réduire ses émissions de GES (gaz à effet de serre) dites de « scope » 1, 2 et 3, c’est-à-dire directes et indirectes. Pour cela il s’est associé à des instances internationales, telles que CDP, le Pacte mondial des Nations unies, le World Resources Institute et le World Wide Fund for Nature, pour créer « une alliance mondiale visant à mobiliser le monde des affaires pour agir contre le changement climatique ».

Pour rappel, ce sont aujourd’hui 141 hôtels qui ont obtenu des certificats de durabilité tels que Green Key, Hoteles+Verdes, ISO 14.001, ISO 50.001, BREEAM ou LEED. A titre d’exemple de la croissance des hôtels certifiés, 6 nouvelles unités ont reçu le label Green Key en 2018, à savoir les hôtels NH Brussels Bloom et NH Brussels EU Berlaymont à Bruxelles (Belgique), NH Centro Histórico à Mexico et NH Collection Guadalajara Providencia, à Guadalajara (Mexique), NH The Lord Charles au Cap (Afrique du Sud), et NH Collection Eindhoven Centre à Eindhoven (Pays-Bas). Au total, 46 établissements sont certifiés Green Key aujourd’hui.

Cet engagement dans la transformation de ses propriétés de sorte à répondre aux exigences environnementales de ces éco-labels témoignent de la stratégie du groupe engagée sur ces problématiques. En effet, « les résultats liés au développement durable et à l’environnement constituent des piliers essentiels pour NH Hotel Group » (Rufino Pérez) et se traduisent par des actions concrètes qui permettront peut-être à l’hôtelier d’être « carbone neutre » à terme.

British Airways s'associe au monde pétrolier pour créer une raffinerie de carburéacteur écologique

Loin de se limiter au monde de l’hôtellerie, l’impératif de réduction des GES traverse toute la chaîne de production touristique. Les différents acteurs s’engagent ainsi, chacun à leur manière, à trouver des solutions pour baisser leurs émissions et ainsi participer globalement à la réduction de la pollution de l’air, elle-même à l’origine du fameux trou dans la couche d’ozone. Souvent pointées du doigt comme les acteurs parmi les plus polluants, les compagnies aériennes rejoignent le mouvement, à commencer par British Airways.

La société britannique, détenue par la holding International Airlines Group (IAG), aurait en effet trouvé une solution ambitieuse pour réduire de 70% sa consommation d’énergie fossile. Elle a pour projet, aux côtés des compagnies pétrolières Royal Dutch Shell et Altalto Immingham Limited, de produire une raffinerie de carburéacteur écologique au Royaume Uni.

L’idée est de récupérer des déchets solides ménagers et commerciaux qui ne peuvent être initialement recyclés, pour les décomposer à partir de processus chimiques, et à partir de là les transformer en biocarburant, utilisable dans l’aviation. L’usine de traitement de déchets d'aviation serait installée à Immingham dans le Lincolnshire (Angleterre), et gérée par les deux acteurs pétroliers, Royal Dutch Shell et Altalto Immingham Limited. De son côté, British Airways s’engage à leurs acheter le biocarburant produit pour l’utiliser dans ses avions.

Ce projet est autant surprenant qu’il y a très peu de fabricants de biocarburant sur le marché. En effet, la production de ce dernier serait approximativement trois fois plus coûteuse que la fabrication de carburant traditionnel, déjà elle-même assez onéreuse. Mais pour Alex Cruz, PDG de British Airways, le biocarburant constitue la ressource de l’avenir pour l’aviation.

Il témoigne ainsi de la stratégie de la compagnie aérienne :

Ce développement est une étape importante dans la réduction de nos émissions de carbone et la réalisation des objectifs de croissance neutre en carbone de l'industrie à partir de 2020, et une réduction de 50% des émissions de CO2 d'ici 2050 par rapport aux niveaux de 2005. Cela permet également au Royaume-Uni de faire un pas de plus vers une position de chef de file mondial dans le domaine des carburants durables pour l'aviation.

Il convient également de rappeler que cette stratégie rentre dans un contexte plus large à l’échelle du secteur, de réduction de l’impact carbone de l’aviation d’ici les prochaines années. Le 26 juin dernier se tenait le congrès annuel de l’Airports Council International EUROPE (ACI EUROPE) qui a fixé l’objectif de ne plus du tout émettre d’émissions carbone d’ici 2050, soit d’avoir des « net zero carbon emissions ». Les différents acteurs de l'aviation essayent par conséquent de s'aligner sur ces engagements environnementaux attendus de la part des agents du secteur, que ça soit pour les aéroports ou pour les compagnies aériennes.

Les croisières vertes, une réalité grâce aux navires moins polluants pour les mers

Enfin le secteur des croisières n’est pas en reste et se met également à la mode des énergies vertes pour baisser ses GES, étant un secteur également réputé comme très polluant. A titre d’exemple, les navires de la société Carnival Corporation, un des leaders dans le monde de la croisière, pollueraient dix fois plus les côtes européennes que les 260 millions de voitures en Europe en 2017, selon une étude du groupe de transport durable, Transport & Environment.

C’est ainsi que Faig Abbasov, responsable de la politique maritime chez T&E, expliquait :

Les bateaux de croisière de luxe sont des villes flottantes alimentées par le carburant le plus sale possible. Les villes interdisent à juste titre les voitures diesel sales, mais elles donnent carte blanche aux compagnies de croisières qui rejettent des vapeurs toxiques qui causent des dommages incommensurables tant à bord qu'à proximité.

Or certaines compagnies, conscientes de l’impératif de changement, développent des solutions alternatives aux carburants ultrapolluants, à l’image de l’aviation. La compagnie de croisière de luxe française PONANT a ainsi mis en place le premier navire de haute exploration polaire à propulsion hybride, le Commandant-Charcot. Celui-ci, qui commencera ses premières expéditions dans le cercle polaire en 2021, fonctionnera avec un moteur hybride propulsé au GNL (gaz naturel liquéfié) et à l'électricité.

Le gaz naturel liquéfié est actuellement considéré comme l’énergie fossile la plus propre, avec une quantité d’émission de CO² largement réduite, participant ainsi à la diminution de gaz à effet de serre dans l’industrie de la croisière. D’autres sociétés décident de choisir cette solution, plus coûteuse mais plus respectueuse de l’environnement. La société MSC Cruises est ainsi actuellement en train de construire son premier paquebot à propulsion GNL à Saint-Nazaire, le W34, navire géant de 2 632 cabines et suites pour plus de 6 000 passagers et 2 126 membres d’équipage, qui devrait être livré au printemps 2022.

En 2018, un navire propulsé au GNL avait déjà été mis à l’eau, l’AIDAnova du groupe Costa. Construit par le chantier Meyer Werft de Papenburg (Allemagne), ce paquebot fonctionne au GNL grâce à ses moteurs bicarburants embarqués. De 337m de long et 42m de large, il a une capacité de 5 228 passagers et 1 500 membres d’équipage. Sillonnant la mer Méditerranée, il a fait une première escale à Marseille le 9 mai dernier.

A cette occasion, Georges Azouze, Président de Costa Croisières France, déclarait :

En ce jour, AIDA et Costa inaugurent une nouvelle ère pour l’industrie de la croisière, dont la durabilité est l’un des principaux piliers. Dans cette direction, nous sommes très heureux d’accueillir le Costa Smeralda à l’automne prochain à Marseille.

Le navire Costa Smeralda, autre navire propulsé au GNL, devait en effet accoster dans la ville phocéenne le 1er novembre 2019, mais son chantier ayant pris du retard, son inauguration initialement prévue fin octobre a été repoussée au 30 novembre prochain, provoquant l'annulation de 5 croisières pour un ensemble de 7 000 clients.

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