L’heure est au retour au calme pour les acteurs des résidences de tourisme. Le marché est reparti sur des bases assainies voire renforcées après l’hémorragie de défaillances qui a touché un secteur fragilisé par la crise mais surtout par un développement quelque peu anarchique. Le dispositif fiscal favorisant l’implantation de résidences en Zones de Revitalisation Rurale a en effet engendré une périlleuse surchauffe entre 2005 et 2008. Plus d’une centaine d’établissements par an ont ouvert leurs portes contre 50 précédemment, avec des produits souvent mal localisés ou mal commercialisés par des non-professionnels de l’exploitation.
Le temps des faillites spectaculaires comme celles de Quiétude ou Maisons de Biarritz semble aujourd’hui loin derrière. «80% des cas de résidences en difficulté ont été résolus. Seules 40 résidences n’ont pas encore été reprises», explique Pascale Jallet, la déléguée générale du Syndicat National des Résidences de Tourisme, lors d’une table ronde organisée récemment. Le syndicat a activement participé à créer les conditions du retour de la confiance vis-à-vis d’un produit qui a fait ses preuves dans le développement de l’offre touristique française. La charte du SNRT, rédigée en 2008, a inspiré la loi de modernisation des services touristiques de juillet 2009 avec l’introduction de plusieurs éléments de stabilisation : baux de 9 ans fermes, information accrue de l’investisseur, identification d’un gestionnaire en amont du projet. A cela se sont rajoutés deux autres initiatives législatives : la fin de l’obligation de zonage pour bénéficier de crédits d’impôts introduite par la loi Bouvard Censi, ce qui limite la recherche d’effets d’aubaine dans des zones moins propices, et les nouvelles normes de classification mises en place par la loi Novelli qui devrait permettre de revaloriser les résidences aux yeux de la clientèle.Le marché qui représente 1 843 établissements pour 651 000 lits est prêt à poursuivre sur la voie de la croissance. Plusieurs défis l’attendent sur le chemin : un parc vieillissant où il est difficile de convaincre les propriétaires de longue date d’investir dans le produit, l’adaptation coûteuse aux normes handicapés mais surtout l’incertitude liée à la pérennité des crédits d’impôts. «Il y a une urgence à réduire le déficit. Mais avant de raboter de manière empirique, j’encourage à être sélectif. Je souhaite que l’on évalue avec la cour des comptes la création de valeur que représentent les résidences de tourisme. Elles ont une utilité sociale pour l’aménagement du territoire, l’activité, l’emploi», remarque Michel Bouvard, le député de Savoie à l’origine du dispositif fiscal. Face à l’incertitude, les investisseurs se bousculent. «Les clients ont peur que le gouvernement tape dans cette niche», constate David Giraud, président de MGM.Le nouveau classement a pris effet en juillet dernier, comme dans l’hôtellerie, et prévoit une mise en conformité d’ici fin 2012. Par rapport au précédent dispositif datant de 1986 et qui comportait 40 critères, la grille de contrôle porte désormais sur 175 points d’évaluation, dont la moitié concerne la qualité des services offerts à la clientèle. Les professionnels, qui, pour certains comme Lagrange avec le label Prestige ou Pierre & Vacances avec Premium, ont adopté une segmentation en interne pour accroître la lisibilité de leur offre, voient ce nouveau classement d’un très bon œil. Pour Bertrand Hervé, directeur du développement de Park & Suites, «c’est un bon aiguillon, un outil de travail au service de nos exploitants». «Les clients ont besoin de repères», estime Pascale Roque, directrice opérationnelle des marques Pierre & Vacances et Maeva, «cela tire l’image des résidences vers le haut».PierreOlivier Toumieux, président du groupe Lagrange, constate «qu’actuellement peu de résidences sont éligibles à la 5*. Mais cela permettra de changer la perception de la résidence de tourisme qui est assimilée à un produit de masse alors que c’est un produit avant tout familial, quel que soit le budget».