• Ville requérante pour l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver en 2018, Annecy est depuis plus d’un an sous le feu des projecteurs touristiques. • En 2009, la petite Venise savoyarde a d’ailleurs fait carton plein sur le segment Loisirs. L’été interminable et la tenue du contre la montre du Tour de France ont en effet joué en sa faveur. • Sur l’Affaires en revanche, malgré quelques beaux congrès, Annecy fut plus à la peine. L’heure n’est pourtant pas au pessimisme. La belle du lac a en effet en projet la construction d’un nouvel espace d’expositions professionnelles, de grands congrès et séminaires… dont l’ouverture est prévue pour 2014.
Annecy a de la chance. La petite Venise savoyarde jouit d’une situation idéale, entre lac et montagne, qui plus est à trente minutes seulement de l’aéroport international de Genève et de ses 12 millions de passagers par an. Son mix-clientèle hôtelier parfaitement partagé entre le segment Affaires et Loisirs lui a permis de passer l’année 2009 sans trop d’encombres. Avec un taux d’occupation moyen de -4,1 points sur les 12 derniers mois (de février 2009 à janvier 2010) et un prix moyen en hausse de +2,5 %, l’agglomération annecienne a pu sauver les meubles, affichant même un recul de son RevPar de seulement 4 %. C’est l’addition conjuguée d’un bel été et d’un marché des congrès performant sur l’année qui a permis à la ville de garder la tête hors de l’eau. “L’offre d’Annecy répond à la tendance du « partir moins loin, moins souvent » qui prévaut depuis le début de la crise économique. Sur le segment loisirs, aucun mois n’a véritablement été faible, à l’exception de février où la baisse a été perceptible. C’est la période estivale, particulièrement bien remplie, qui a permis de redonner du souffle à l’activité touristique”, explique Daniel Cavalli, le directeur de l’Office de tourisme de l’agglomération d’Annecy. Ainsi, en 2009, le nombre de personnes renseignées à l’Office du tourisme n’a pas faibli, affichant même une hausse de plus près de 14 000 visiteurs supplémentaires par rapport à 2008. “220 331 personnes sont venues demander des informations au bureau d’accueil de l’Office de tourisme contre 206 082 très exactement l’année précédente. Outre le signe d’un important volume de flux, ce chiffre montre bien que les touristes sont toujours enclins à venir se renseigner au bureau d’accueil, et ce, malgré les nouveaux outils de communication”.“Nous sommes situés à 4 km du centre-ville et du lac d’Annecy. Récemment équipé en wifi, notre hôtel de 2 étoiles et 54 chambres est au coeur d’une petite zone d’activités, bien au calme. Nous avons également un restaurant de 75 couverts et une magnifique terrasse. Sur 2009, l’activité a été globalement bonne grâce à l’excellente saison estivale. Nous avons accueilli de nombreux groupes, beaucoup de Français mais aussi des étrangers, parmi lesquels des touristes en provenance de pays émergents comme la Russie, la Slovaquie ou encore la Roumanie. Les gros ponts de mai ont aussi été salutaires avec des taux d’occupation frisant les 100%. Outre la météo favorable, l’été fut boosté par un évènement majeur : le contre la montre du Tour de France, une manne inespérée pour notre activité. Septembre fut également très bon grâce à la persistance du beau temps. _ Sur l’Affaires qui représente 60% de notre mix-clientèle, nous sommes plus nuancés. A part la tenue d’un gros congrès en septembre qui a débordé sur l’activité hôtelière périphérique, nous avons eu à souffrir comme nos autres confrères de l’agglomération d’une baisse importante de la clientèle individuelle affaires. Aujourd’hui les commerciaux ne font plus de séjour à la semaine. Ils restent 2 à 3 jours maximum, contraints par leur entreprise à des restrictions budgétaires. Pour compenser, nous avons donc mis l’accent sur le segment Loisirs. Notre commercial en interne a réactivé ses réseaux. Dernièrement, nous avons même décroché quelques beaux contrats avec plusieurs tour opérateurs italiens. Les carnets de commande pour 2010 commencent donc à se remplir. L’optimisme est de rigueur, d’autant que depuis le début de l’année, nous affichons des résultats en hausse par rapport à N-1. Nous avons aussi la perspective du 400ème anniversaire de la fondation de l’Ordre de la Visitation. C’est un évènement religieux savoyard à rayonnement international auquel nous avons choisi de participer en élaborant avec l’Office de tourisme des packages d’une ou plusieurs nuits. ”Sur le segment Affaires en revanche, les résultats sont plus contrastés. “Nous avons eu un calendrier congrès assez fourni avec quelques grosses manifestations, comme l’organisation en septembre dernier du congrès de la FNCCR (Fédération Nationale des Collectivités Concédantes et Régies), qui a généré sur 5 jours près de 5 000 nuitées de retombées, ou encore en juin, la rencontre biennale des chirurgiens de l’épaule (+ de 700 congressistes réunis sur 4 jours)”. Si les congrès ont tenu leur promesse, principalement en raison de leur planification bien en amont, les séminaires d’entreprise et les réunions d’affaires en revanche ont beaucoup plus souffert de la conjoncture économique, les entreprises révisant à la baisse leur budget de déplacement.Le mix-clientèle français/étranger est à l’image de celui de l’Affaires et des Loisirs, également bien équilibré. Annecy accueille en effet chaque année 65% de touristes français et 35 % de visiteurs étrangers. Ce qui n’est pas si mal pour une ville moyenne de province.Si la clientèle est avant tout européenne (90% de la fréquentation étrangère), la ville s’est progressivement positionnée sur les marchés lointains. Le Japon et les Etats-Unis sont les deux grands marchés historiques long-courrier de la ville. Mais c’est aujourd’hui auprès des marchés chinois et russes que la ville d’Annecy compte bien se développer. “En 2009, les Chinois et les Russes ont été presque aussi nombreux que les Japonais et les Américains, deux marchés malmenés par la crise et, pour les USA, confrontés à la baisse du dollar”, précise Daniel CavalliParfaitement desservie par la route et les airs, Annecy est une destination de courts séjours idéale pour les touristes européens. Les Italiens viennent en voisins. Quant aux Suisses, tout proches, ils profitent désormais d’un accès à la ville facilité par l’ouverture depuis décembre 2008 d’un tronçon d’autoroute direct entre l’aéroport de Genève et d’Annecy. Le hub de Genève met également Annecy à la portée des marchés britanniques (première clientèle étrangère de l’agglomération), belges, néerlandais, allemands et scandinaves. Pour séduire ces marchés du court séjour et des vacances additionnelles, l’Office de tourisme d’Annecy mise beaucoup sur les packages évènementiels. “Cela fait des années que nous proposons une offre toutes saisons, des séjours liés à des opérations ou évènements particuliers : expositions, fêtes de fin d’année, concerts, ou encore commémoration religieuse, comme ce sera bientôt le cas avec la célébration en 2010 du 400ème anniversaire de la fondation de l’Ordre de la Visitation. La dernière manifestation en date ayant fait l’objet d’un package, “Annecy, Carnaval Vénitien, organisé le dernier week-end de février, a rencontré un succès phénoménal”, souligne Daniel Cavalli. Durant tout le dernier week-end de février, la petite Venise savoyarde a porté hauts les couleurs du carnaval vénitien. “La plupart des hôtels étaient complets. Ce fut une manifestation très photogénique. Les touristes ont sillonné les rues d’Annecy, pour admirer les 350 « masques», la plupart habitués du carnaval de Venise. En décembre, l’opération «Noël des Alpes» a également permis à Annecy de communiquer différemment sur ses atouts. Durant tout le mois, le centre-ville et ses commerces ont vécu au rythme des animations hivernales : marché de Noël, expositions à thème, animations variées. « Dans la tête des touristes, nous sommes avant tout une destination estivale. Or, Annecy est à seulement trente minutes des pistes de ski des Aravis”, souligne par ailleurs le directeur de l’Office de tourisme. Si Annecy est davantage connue pour ses loisirs lacustres, il aura fallu quelques années pour que les professionnels du tourisme assoient réellement sa réputation de porte d’entrée des Alpes. Afin de mieux tirer parti de la situation de la ville au coeur du massif montagnard des Aravis, la région a mis en place en 2006 un contrat de développement Rhône-Alpes du lac d’Annecy-massif des Aravis. Un site Internet dédié a même été lancé en février 2008 (annecyaravis.com) pour en promouvoir les richesses avec une bannière : “lac ou montagne, glissez de l’un à l’autre en moins d’une heure”. “Notre objectif est de promouvoir le bassin comme une destination globale présentant dans un seul espace une très grande variété d’offres touristiques en toute saison. Nous voulons décloisonner pour tout le territoire la bi-saisonnalité été/hiver grâce à une commercialisation plus régulière et plus massive des offres touristiques”, explique Daniel Cavalli. Pour l’heure la ville se prépare à deux échéances. La première, l’organisation en 2018 des JO d’hiver, est encore en pointillés jusqu’à la décision finale du comité Olympique en 2011. Quelle que soit l’issue, les professionnels du tourisme sont déjà ravis. L’effet médiatique provoqué par l’annonce de la candidature de la ville aux JO 2018 continue d’être profitable. “On a même parlé d’Annecy lors des Jeux de Vancouver!”, s’exclame Daniel Cavalli. Si le rêve se concrétise, il y a fort à parier que les investisseurs tourneront de nouveau leur regard vers la petite Venise savoyarde. Ces dernières années aucun hôtel, à l’exception d’un 4 étoiles de 29 chambres le Pré Carré, n’a ouvert ses portes, contrairement aux résidences de tourisme qui ont poussé comme des champignons au milieu des années 2000. Il y a eu l’ouverture en 2006 de la Baie des voiles en bord du lac, 48 appartements 4* les pieds dans l’eau ; le Royal en 2006, une résidence 3 étoiles de 52 appartements en plein centre-ville et, plus récemment en 2007, l’Adagio (groupe Accor/Pierre & Vacances), 104 appartements situés également en plein centre.Mais s’il est un projet que les hôteliers appellent de leurs voeux, c’est bien la réalisation d’un centre des congrès en bordure de lac. “Aujourd’hui, l’offre d’accueil locale des congrès et séminaires est composée du centre de congrès L’Impérial, une structure haut de gamme associée à l’hôtel Impérial Palace, et pouvant accueillir 500 participants en plénière, 25 hôtels parfaitement équipés pour accueillir des séminaires et incentives, et plusieurs espaces polyvalents, dont deux pouvant jouer un rôle significatif : l’Espace Rencontre à Annecy-le Vieux et Cap Périaz à Seynod”, détaille Daniel Cavalli. Bien que structurée et professionnelle, cette offre ne suffit plus. “L’observation du marché, confirmée par les demandes répétées de la clientèle, révèle une évolution forte de la demande. Du congrès “classique”, on passe progressivement au “congrès-expo”, puis au “congrès-événement”, puis à l’événement tout court. Ce dernier réunit toutes sortes de prestations : exposition de produits et services ; présentations classiques en salle avec des outils de plus en plus sophistiqués ; congrès-expo avec espace formation-information ; soirées événementielles… Autant d’évolutions auxquelles Annecy ne peut plus répondre avec son offre actuelle”, analyse Daniel Cavalli. “C’est pourquoi, il y a 8 ans l’idée d’une nouvelle structure d’accueil est née”. Si la crise a ralenti la réalisation de ce nouvel équipement, ce n’est que temporaire. Le projet est toujours d’actualité. Il faudra que les hôteliers et professionnels du tourisme patientent encore jusqu’à 2014 pour voir s’installer ce nouveau centre d’expositions professionnelles, de grand congrès et de séminaires. “Cet équipement occupera un site de choix, face au panorama du lac et des montagnes, pour rester inscrit dans le noeud attractif de la relation tourisme d’agrément-tourisme d’affaires. Son ambition devra être celle de la qualité de l’offre et de l’ouverture à l’international”.Véronique et Pascal Droux, propriétaires de l’hôtel des Tresoms, 3 étoiles, à Annecy“L'hôtel des Tresoms est un établissement de charme indépendant de 50 chambres et 50 salariés. Notre parti pris est donc de faire de la qualité en offrant un service optimum. Nous avons deux restaurants et sommes le seul établissement à avoir un spa sur Annecy. Notre référencement Châteaux & Hôtels Collection nous permet de capter une clientèle individuelle à la recherche d’établissements offrant des prestations et une gastronomie de qualité. Avec le réseau Hôtels & Préférence, en revanche, nous ciblons davantage la clientèle de séminaires résidentiels, qui du reste représente 80 % de notre segment Affaires. L’hôtel des Tresoms est un petit outil de charme dont la politique tarifaire n’est pas ouverte aux groupes. Sur le segment Loisirs, nous travaillons donc presque exclusivement avec la clientèle individuelle. La plupart de nos clients sont français (90 % en février 2010). Les marchés étrangers, principalement des Européens de proximité, ne sont pas pour autant absents. Les Belges notamment aiment beaucoup notre produit. Côté pays émergent, on voit aussi de plus en plus de touristes brésiliens. Depuis l’acquisition de l’hôtel en février 1998, nous avons connu une progression constante, passant en dix ans d’un chiffre d’affaires de 4 millions de francs à 4 million d’euros aujourd’hui. Mais nous tenons à garder la tête froide. En 2009, notamment, nous avons eu très peur. Heureusement, nous n’avons fait aucune perte. C’est le marché individuel qui nous a sauvés, car nous avons connu une baisse de 60 % du marché séminaire. L’étape contre la montre du Tour de France et l’interminable été 2009 ont permis à Annecy de faire une très belle saison touristique. Les enfants étaient déjà rentrés à l’école que nous avions encore des touristes en terrasse. En revanche, depuis octobre, un ralentissement se fait sentir. Un peu comme si le marché individuel s’était laissé gagner par la sinistrose ambiante. Cela montre bien qu’il faut rester vigilant. Les clients réservant à la dernière minute, les hôteliers n’ont plus de visibilité. A nous d’être réactifs et inventifs pour les séduire. Pour cela nous devons travailler quatre fois plus. On doit faire des packages toujours plus innovants, revoir notre produit en permanence pour rester à la pointe. Nous avons également beaucoup investi. Aujourd’hui nous proposons un très beau produit 3 étoiles qui nous permet d’atteindre des niveaux de satisfaction très élevés. Bien sûr nous aimerions bien que l’hôtel soit classé 4 étoiles, mais nous voulons d’abord attendre que l’Impérial Palace décroche sa cinquième étoile...Gilles Saint-Marcel, directeur du Novotel Annecy Centre Atria, délégué GNC sur la Haute Savoie“Notre établissement est un hôtel trois étoiles, situé au coeur de la ville à seulement 50 mètres de la gare et 5 minutes à pied de la vieille ville et des bords du lac. Il possède 95 chambres, un restaurant, un bar, un espace business et 10 salles de conférences dont un amphithéâtre d’une capacité de 150 personnes. _ Comme beaucoup d’établissements sur la ville, nous avons un mix-clientèle relativement bien équilibré avec 45% de loisirs et 55% d’affaires. Néanmoins, avec la crise, la répartition a été plus favorable au segment Loisirs. Affectée par la baisse des flux affaires, notre fréquentation en berne à partir du mois de mars 2009 a été sauvée grâce à l’afflux de touristes individuels et groupes de juin à fin septembre. L’été fut magnifique sur Annecy et l’épreuve contre la montre du Tour de France le 23 juillet a incontestablement joué en notre faveur. Après un mois d’août également exceptionnel, nous avons joué les prolongations avec une sympathique arrière saison. En résumé, 2009 fut une bonne année, car même si nous avons un peu baissé en fréquentation, la progression de notre prix moyen nous a permis de maintenir notre RevPar. Pour autant, nous devons rester vigilants. Le manque de visibilité nous conduit à être très réactifs. Cet été, par exemple, nous avons eu de très nombreuses réservations de dernière minute. La restauration souffre également légèrement, car les gens ont de plus en plus tendance à faire l’impasse sur le déjeuner. _ Le début d’année 2010 nous pousse à rester optimistes. On sent une légère reprise sur l’Affaire, même si les entreprises ont pris l’habitude (pérenne ?) de moins se déplacer. Sur le segment Loisirs, les résultats sont également au rendez-vous. On vient de passer un bon mois de février. Il faut dire que nous sommes sur la route de la Clusaz et du Grand Bornand. La saison se présente donc plutôt pas mal, confortée par la visibilité accrue de notre destination, ville requérante (et bientôt candidate) pour les Jeux Olympiques d’hiver 2018. La perspective de cette grande manifestation sportive va peut-être accélérer la décision d’élargir notre offre d’accueil évènementiel et d’affaires. Aujourd’hui, Annecy ne peut pas recevoir de manifestations au-delà de quelques centaines de participants. Il est devenu quasiment indispensable d’avoir un centre des congrès. La volonté existe, tout comme l’activité. Sur la région, pas moins d’une quarantaine d’entreprises travaille dans l'industrie des sports et des loisirs (Millet, Salomon...).Floriane Jandoszek, directrice de l’hôtel Kyriad Annecy Cran Gevrier