Entretien avec Jean Lavergne, président du directoire de la Société Européenne d’Hôtellerie

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Publié le 06/06/12 - Mis à jour le 17/03/22

A la tête de la coopérative Inter-Hotel, il a eu la force de conviction et l’énergie pour mener à bien la fusion de son réseau avec celui des Relais du Silence, conduisant à la naissance de la SEH et à la déclinaison de deux nouvelles enseignes destinées à couvrir d’autres segments de marché. A la manière d’une holding, la SEH affirme désormais des ambitions européennes et de rassemblement de nouveaux partenaires. Jean Lavergne témoigne du chemin parcouru et des chantiers qui ont été initiés.

«Quand les hommes travaillent ensemble, les montagnes se changent en or»Après une année de fonctionnement commun dans les mêmes locaux et entre hôteliers réunis sous une même bannière commune, quels enseignements tirez-vous ?

La première satisfaction est d’avoir vu les équipes du siège réunies et travailler ensemble, non seulement sans état d’âme – ce qui peut arriver après une fusion – mais avec une véritable ambition collective. La seconde satisfaction, encore plus agréable, est l’adoption aussi rapide de la structure SEH par nos hôteliers. Ils se sont appropriés le sigle et le concept, et une grande majorité nous demande d’aller plus loin, notamment dans la commercialisation commune des quatre enseignes, auprès des grands comptes par exemple, tout en préservant l’identité de chacune des marques.Comment pouvez-vous répondre à cette demande ?C’est l’objet d’un chantier que nous lançons en 2012. Nous avons regardé tous les sites internet des groupes hôteliers multimarques pour préparer le nôtre. Il y aura bientôt un site SEH, à vocation corporate pour présenter la coopérative et ses enseignes, mais aussi à vocation commerciale, avec une porte d’entrée commune et un renvoi vers les enseignes. C’est une nouvelle architecture qui doit être peaufinée et que nous présenterons au congrès.Le défi Internet est-il vital pour un groupement comme la SEH ?Les chiffres sont clairs : environ 70% du chiffre d’affaires de notre centrale de réservation transitent sur Internet, que ce soit sur notre propre site, mais encore plus à travers les sites partenaires, Booking, Expedia et consorts. Il est très difficile de dialoguer avec ces sites qui nous mettent le plus souvent face une situation «à prendre ou à laisser» en matière de taux de commission. Il faut donc au maximum développer la notoriété de notre site, et nos moyens propres de commercialisation. A ce titre, la carte de fidélité est une véritable réussite. Accent compte déjà 66 000 porteurs de cartes, 9 700 de plus, rien que sur les cinq premiers mois de 2012… et ce sont des clients directs. Le nouveau site Internet devrait disposer d’un accès dématérialisé pour les porteurs de cartes Accent.Vos adhérents ont-ils conscience de la force que peut leur apporter un réseau ?De plus en plus, même si je suis parfois perplexe devant les calculs économiques de certains hôteliers qui ouvrent largement leur planning aux sites intermédiaires, à des taux élevés, et qui se plaignent du coût de nos réservations. J’ai eu l’occasion de leur citer ce proverbe chinois qui s’applique bien à notre situation : «Lorsque les hommes travaillent ensemble, les montagnes se changent en or». Pour ma part, je ne vois pas d’autres solutions que le travail collectif.Est-ce que l’avenir s’assombrit pour les entreprises indépendantes ?Il faut faire une distinction considérable entre Paris et le reste de la France. L’écart se creuse de manière spectaculaire entre l’activité hôtelière soutenue dans la capitale et celle plus fluctuante dans les régions. Mais les hôteliers sont confrontés aux mêmes augmentations de charges. Il y a eu un alourdissement considérable ces derniers mois, entre la hausse de TVA que tout le monde n’a pas répercuté, la modification de la Loi Fillon sur les bas salaires, les avantages sociaux supplémentaires, l’énergie plus chère… Globalement, les charges augmentent plus vite que les recettes et je constate qu’un grand nombre d’hôteliers ont des bilans fragilisés au moment même où on leur demande d’investir dans la rénovation indispensable de leur outil de travail. Les marges sont grignotées et il n’y a jamais eu autant d’affaires à vendre, y compris dans notre réseau. L’action collective est indispensable pour s’en sortir.Allez-vous élargir encore la gamme des services ou des actions pour les adhérents ?La première priorité est le travail sur le site Internet et le renforcement de la commercialisation. Notre bourse des fournisseurs a eu aussi un très grand succès pour faciliter les achats à prix préférentiels. Nous élargissons les sessions de formation de l’Ecole SEH, assurée par IDéHotel notre plateforme de services. Elles portent sur le Yield Management, la visibilité sur Internet, sur l’accueil en réception, la gestion des ressources humaines…. Nous avons assuré près de 250 formations l’an passé et déjà plus d’une centaine sur les premiers mois 2012. L’autre piste que nous explorons est la création de véhicules financiers qui faciliteraient le financement des rénovations. C’est un sujet complexe mais qui est crucial pour beaucoup d’hôteliers.Il ne faut pas oublier le sous titre de la SEH, «United Hoteliers», qui symbolise votre ambition européenne. Où en êtes-vous du parcours européen du groupement ?Nous avons fait un grand pas cette année en décidant d’engager quatre «country managers». Ce sont des salariés de la SEH, installés sur leur territoire d’exploration et dont la mission est de conduire le développement international par des recrutements individuels. Les quatre zones sont l’Allemagne et ses voisines Suisse et Autriche, le Benelux, l’Italie, et enfin l’Espagne et Andorre. L’ambition est de faire naître un réseau de marques sur chacun de ces territoires et d’animer aussi les ventes, comme nous l’avons fait en Allemagne. Les premiers contacts sont pris et nous attendons des concrétisations, comme cela se produit régulièrement pour les Relais du Silence.Qu’en est-il des contacts avec des groupements nationaux qui pourraient se joindre à la SEH ?Les discussions sont en cours. C’est un processus qui est lent car il faut que les regroupements soient justifiés de part et d’autre. Avec certains réseaux nous en sommes déjà à la seconde rencontre, avec d’autres les conversations sont déjà stoppées, mais je n’ai pas l’intention de renoncer.

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