• Une nouvelle adresse de luxe, des investissements programmés en pagaille, un RevPAR honorable : pour l’instant l’hôtellerie cannoise tire encore son épingle du jeu. • Après avoir dévoilé en novembre un Plan d’action commerciale musclé pour 2009, Cannes multiplie tout de même les mesures pour doper la saison estivale et cherche à accroître sa visibilité médiatique. • City Zen Cannes : en affichant une thématique placée sous le signe du bien-être et de la forme, la ville de tous les festivals se veut tout à la fois rassurante, confiante et ambitieuse.
A l’heure où le Festival du Film déroule son tapis rouge, l’hôtellerie de luxe cannoise bruisse de tous ses nouveaux investissements, succès confirmés ou repositionnements engagés. Le très attendu 1835 White Palm Hotel 4* (ex-Sofitel Méditerranée) a été inauguré en mars dernier. “Avec 134 chambres et suites totalement rénovées dont 80 à 90 % ouvrent directement sur la mer, un restaurant avec une terrasse de 500 m2 qui offre une vue unique sur la ville, nous comptons nous positionner sur le créneau 5*”, affirme Mike Niang, le directeur. “D’autant qu’avec notre centre de thalassothérapie, le H2O, nous pouvons proposer un véritable concept loisirs. Dans un premier temps, nous visons une clientèle court séjour française et européenne, même si nos ventes sont d'abord axées vers la clientèle long séjour, d’une semaine minimum”. De son côté, l’hôtel Concorde Martinez (412 chambres), qui célèbre ses 80 printemps cette année, affiche un excellent RevPAR. “Sur les cinq premiers mois de l’année, je dépasse même les performances de 2008”, affirme Richard Schilling, son directeur. “Nous avons un très gros portefeuille de conférences et la clientèle individuelle s’est maintenue. De même, le Festival du Film se présente comme un superbe cru, sans doute supérieur à 2008. En période de crise, les gens veulent rêver : c’est une des opportunités offertes par le Festival”.Le tout premier centre de thalassothérapie du bassin cannois devrait illustrer avec panache la thématique 2009 de la ville : cadre extrêmement contemporain, débauche de matériaux nobles, luminosité intense – la majorité des cabines de soins ont vue sur la mer – et protocoles de soins particulièrement pointus. “Notre centre veut transcender l’art de recevoir”, souligne Véronique Desarmeniens-Guedj, la directrice. Avec un personnel au minimum bilingue, parfois tri ou quadrilingue, et en optant pour quatre types de cures personnalisées (anti-stress, anti-âge, amincissant, et 3 jours) le centre – qui ouvrira ses portes le 14 mai prochain - vise clairement une clientèle à la fois très haut de gamme et diversifiée : locale et senior, branchée pour un week-end, ou encore étrangère et très fortunée. Relié par un tunnel souterrain au 1835 White Palm, H02 permet notamment l’accès au restaurant bio de l’hôtel. “L’accent est mis sur une cuisine active, tonique, en adéquation avec les cures ; nous avons travaillé avec un herboriste pour établir la carte”, explique le chef, Raynald Thivet. “Nous ne sommes pas dans la diététique triste mais dans une cuisine emplie de sens”.Ces bons résultats affichés n’empêchent pas l’établissement de proposer des offres attractives, comme ce menu gourmand ou ces soins Spa à 80 euros, clins d’œil à l’anniversaire du fringant octogénaire : “J’avoue que le timing est excellent”, sourit Richard Schilling. Car, la visibilité est plus faible pour juin, juillet et août. “On note un changement de comportement réel des consommateurs. L’an dernier, les réservations s’effectuaient à 90 jours. Cette année on passe à 40 ou 50 jours : la clientèle est clairement à l’affût d’une baisse des tarifs”. Constat analogue pour le Carlton InterContinental (341 chambres) : “La clientèle, à 66 % européenne, n’a pas vraiment changé, mais elle consomme moins”, déclare Lucas Grimaldi à la direction de la communication. “Nous allons donc chercher d’autres clients, notamment dans les pays d’Europe de l’Est”. Si le Palais Stéphanie (ex-Nogal Hilton, 262 chambres, un auditorium de 820 places) est désormais la propriété du groupe Jesta, il conserve son directeur Richard Duvauchelle - à la tête du navire depuis plus de 15 ans - et ne devrait plus passer sous enseigne Sofitel, sauf nouveau rebondissement… Il compte bien capitaliser sa clientèle fidèle : “Les Français représentent une large part, mais comme tout le monde, nous travaillons les marchés de niche, notamment en Ukraine ou au Kazakhstan. Quant à la clientèle haut de gamme américaine, elle reviendra lorsque les fondamentaux de l’économie seront de retour. En choisissant d’investir en pleine crise, nous serons prêts au moment de la reprise”.Un credo partagé par David Lisnard : “La crise ne s’arrête pas aux frontières de Cannes. Et, malgré les difficultés, il faut absolument éviter de se recroqueviller sur soi. Je suis très vigilant sur ce point”. Pour le président du Palais des Festivals et des Congrès, “le plus dangereux serait justement de ne pas investir durant cette période et notamment sur ce fabuleux outil de travail qu’est le palais”. Régulièrement modernisé ou rénové à coup de millions d'euros, il va être au cœur d'un projet ambitieux d'extension (voir encadré). “A nous de nous débrouiller pour que ces travaux n’aient aucune incidence sur nos programmations”. Une gageure en ce qui concerne le grand auditorium qui ne fermera qu’entre les festivals du Film de 2011 et 2012. “ Les travaux les plus contraignants seront effectués en été. Selon les besoins, nous utiliserons le théâtre Debussy ou celui du Palais Stéphanie pour la programmation culturelle”.Outre les 4* Luxe , les 2* traversent plutôt bien cette période délicate. Michel Chevillon, président du Syndicat des hôteliers et directeur du Croisette Beach Hôtel 4* tempère : “L’une des forces de l’hôtellerie cannoise réside dans l’équilibre entre les différentes catégories. Et, si le RevPAR enregistre une baisse de 10 à 12 % sur le premier trimestre 2009, il faut rappeler que 2007 et 2008 ont été des années exceptionnelles. Nous ne commettrons pas l’erreur de brader nos tarifs, hormis des promotions ponctuelles, pour générer un tant soit peu d’activité. Nous travaillons de concert avec le Palais des Festivals, ce qui nous permet une réactivité très vive”. C’est ainsi que des mesures supplétives sont venues enrichir le plan d’action commercial mis en place en novembre dernier. Par exemple, l’opération Check’In lancée en avril dernier, via un site B2B, une plate-forme commune à Cannes, Nice et Antibes à destination des agences réceptives françaises pour fournir une base de données complète sur ces trois villes : offre hôtelière globale, événements sportifs et culturels tout au long de l’année… En s’unissant, l’ensemble des acteurs locaux veut ainsi assurer une meilleure présence sur les marchés longs courriers. “C’est presque un travail de conciergerie qui doit faciliter le quotidien des agences et enrichir leurs programmations ”, explique Jean-Jacques Lottermoser, directeur commercial du Palais des Festivals. “De plus, c’est une émulation pour les sites de réservation grand public qui ne référençaient qu’un petit nombre de nos hôtels. Par rapport à l’an dernier, nous avons crû sur le marché français et baisser sur l’étranger. Les Français commencent à comprendre que nous ne sommes pas une ville plus onéreuse qu’ailleurs. Nous avons certes une image haut de gamme qui fait rêver mais nous proposons une offre complémentaire”. La mise en place des Plages électroniques a ainsi rajeuni l’image de la ville. “Nous avons une clientèle qui ne vient que pour cette manifestation”, ajoute Jean-Jacques Lottermoser. “De même nous avons créé un véritable flux de franciliens avec ID-TGV. Sur le même modèle, nous allons mettre en place un train de l’humour, avec des matchs d’improvisation à bord”. La crise a clairement accéléré les choses avec des initiatives comme Cannes Le Club (5 week-ends à tarifs préférentiels en hiver), les performances d’acteurs… “Nous savons que les Français vont réduire leur budget de 30 % in situ cet été. Nous allons donc leur proposer des remises substantielles : “les douze Privilèges” sur une série d’attractions”. Sur un autre axe, et toujours pour dynamiser la saison printemps été, une alliance avec Saint-Tropez devrait permettre de travailler en marketing direct les marchés haut de gamme francilien, italien et scandinave.“Le fait que Cannes propose des produits nouveaux attire les visiteurs. C’est un phénomène de buzz qui fonctionne d’autant mieux en période de crise”, estime Jean-Jacques Lottermoser. “Certes, on enregistre moins de dépenses, mais nous bénéficions d’une clientèle pionnière”. Le choix de la thématique retenue pour 2009 n’est à ce titre pas anodin : outre l’évident hommage de la ville à Orson Welles, “City Zen Cannes” cherche avant tout à capter une clientèle plus large, à doper les périodes creuses et à attiser sa visibilité dans les médias au moment où elle inaugure un centre de thalassothérapie de 3 500 m2. “Il faut de l’émulation pour stimuler. Et c’est ce que nous cherchons en permanence à faire. Nous devons occuper le terrain afin d’améliorer, par tous les moyens, la profitabilité”, affirme David Lisnard.Le Palais des Festivals : un projet ambitieux Outre l’achèvement des mises aux normes techniques du grand auditorium, 300 à 350 places vont être ajoutées aux 2 600 existantes. La liaison avec le théâtre Debussy va être améliorée et le foyer totalement redessiné. Façades et parvis vont être embellis pour mieux intégrer le bâtiment dans son environnement. La fin des travaux est prévue pour avril 2012. Une seconde phase - qui devrait débuter au 1er trimestre 2011 pour s’achever fin 2013 - verra l’extension souterraine du Palais avec plus de 8 000 m2 nets de surfaces d’exposition supplémentaires, en partie modulables. Une salle de projection de 500 places, une zone logistique avec gare routière souterraine complèteront le projet. Enfin le jardin public sera rénové. Le coût total de ces travaux s’élève à 140 millions d’euros.L’hôtellerie cannoise fait peau neuveAvec ses 7 500 chambres, Cannes est la 3e ville française en termes de capacité hôtelière intra-muros. La transformation de l'ex-Sofitel Méditerranée en 1835 White Palm 4* avec son centre de thalasso de 3 500 m2, aura coûté 37 millions d’euros ; 2 millions de moins que pour la réfection totale du Palais Stéphanie (ex-Noga Hilton). C'est le groupe Barrière qui détient le record des investissements. Alors qu'il a juste rénové les 199 chambres du Gray d’Albion 4*, il poursuit activement les travaux au Majestic, chiffrés à plus de 50 millions d’euros. La création d'une aile d'une quarantaine de suites s'accompagnera de travaux d'embellissement du reste de l'hôtel et l'installation d'un nouveau restaurant gastronomique. Un chantier imposant qui impose la fermeture de la piscine et du fitness pour quelques temps. Emmanuel Caux, nouveau directeur général de l'hôtellerie cannois Barrière, a une mission impérative : être prêt pour le prochain Festival du film 2010. L’InterContinental Carlton a ajouté 3 suites au 7e étage l’an passé, rénovant le lobby et le bar, et ouvrant un petit espace spa. En revanche les travaux d’extension envisagés (80 millions d’euros) sont toujours suspendus. Le Concorde Martinez a redécoré son restaurant Le Relais fin 2008. Enfin, l’office de tourisme confirme, sans rentrer dans les détails, que plusieurs nouveaux établissements devraient voir le jour.H02 : 3 500 m2 de bien-êtreLe tout premier centre de thalassothérapie du bassin cannois devrait illustrer avec panache la thématique 2009 de la ville : cadre extrêmement contemporain, débauche de matériaux nobles, luminosité intense – la majorité des cabines de soins ont vue sur la mer – et protocoles de soins particulièrement pointus. “Notre centre veut transcender l’art de recevoir”, souligne Véronique Desarmeniens-Guedj, la directrice. Avec un personnel au minimum bilingue, parfois tri ou quadrilingue, et en optant pour quatre types de cures personnalisées (anti-stress, anti-âge, amincissant, et 3 jours) le centre – qui ouvrira ses portes le 14 mai prochain - vise clairement une clientèle à la fois très haut de gamme et diversifiée : locale et senior, branchée pour un week-end, ou encore étrangère et très fortunée. Relié par un tunnel souterrain au 1835 White Palm, H02 permet notamment l’accès au restaurant bio de l’hôtel. “L’accent est mis sur une cuisine active, tonique, en adéquation avec les cures ; nous avons travaillé avec un herboriste pour établir la carte”, explique le chef, Raynald Thivet. “Nous ne sommes pas dans la diététique triste mais dans une cuisine emplie de sens”.