Entretien avec Christophe Alaux, Directeur Général, Vacalians Group

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Publié le 08/11/16 - Mis à jour le 17/03/22

christophe alaux

En octobre dernier, Christophe Alaux a rejoint le directoire de Vacalians Group en tant que directeur général. Vacalians est spécialisé dans l'hôtellerie de plein air ; le groupe propose près de 300 destinations campings en France et en Europe. Il détient un parc de 49 campings en propre, regroupant 24 800 emplacements, dont 19 500 hébergements, et commercialise son offre dans des campings partenaires. Christophe Alaux revient sur la stratégie de développement du groupe et les spécificités de l'hôtellerie de plein air.

Avez-vous le sentiment que l’hôtellerie de plein-air, qu’on appelle encore le camping, a trouvé sa reconnaissance légitime dans le monde de l’hospitalité ?

Le camping fait objet de films à succès et d’un intérêt nouveau économique et sociétal.  Il est encore regardé de haut par beaucoup. J’ai le souvenir de la réaction des hôteliers traditionnels, dits indépendants, dans les années soixante-dix quand sont arrivées les enseignes qui étaient accusées de tout standardiser, de tout aseptiser, y compris dans l’hôtellerie économique. Et même le succès d’Ibis ou de Campanile  a pris du temps à être accepté, au titre que c’était une «sous» hôtellerie. C’est un peu la même chose qui s’est produit plus récemment avec tous les hébergements alternatifs, que l’hôtellerie classique a regardé de manière un peu détachée. Il se trouve qu’aujourd’hui l’innovation vient de secteurs comme les auberges de jeunesse et désormais le camping qui deviennent très tendance pour deux raisons : ils offrent tous les deux des expériences bien plus personnalisées que celles que l’on peut attendre dans un hôtel, et ils s’inscrivent dans un mouvement de retour à la simplicité, au contact avec la nature, pour le camping, et à un prix abordable. Il y a derrière le camping un projet sociétal très fort d’accès aux vacances pour le plus grand nombre. Il y a un lien naturel entre la clientèle et le concept d’hôtellerie de plein-air pour des vacances populaires au sens noble du terme.

Pour autant, on sent aussi une montée en gamme dans l’hôtellerie de plein-air avec des produits plus sophistiqués, à la limite du campement de luxe pour certains…

Oui, il y a une tendance dans ce sens, mais le luxe reste marginal. Le core business reste centré autour du mobile-home, des tentes et des bungalows, des produits très abordables. Il est vrai que nos deux marques Tohapi et Canvas enrichissent leurs expériences clients, commencent - depuis 2 ans déjà - à pratiquer le revenue management et des politiques promotionnelles plus dynamiques, mais davantage pour créer une fidélité à la marque que pour suivre une tendance à la montée en gamme. Les attentes du client restent assez claires pour 83% d’entre-eux : c’est du soleil, de la nature et des plages. Quelque part, le luxe aujourd’hui, c’est d’être dans la nature, dans un bel environnement, sans forcément un wi-fi surpuissant pour justement déconnecter du quotidien. Le vrai luxe, c’est se ressourcer en famille ou avec sa tribu d’amis ou de parents.

Quelle est la feuille de route qui vous a été proposée ?

Mon arrivée à la direction générale de Vacalians Group est le signe d’une volonté d’accélération, tout en préservant l’acquis. La famille d’Olivier Ganivenq a pris conscience que vu la taille atteinte par le groupe, il fallait passer par une phase de stabilisation. Quand on gère plus de 300 sites, possède en propre une cinquantaine d’entre eux, qu’on accueille un million de clients européens par an et que l’on fait travailler plus d’un millier de personnes, il faut dépasser le niveau de start-up qu’a été l’entreprise il y a 15 ans, pour s’installer durablement comme le leadership européen. Il faut désormais être capable de gérer la complexité. C’est là où mon expérience peut apporter un plus. Tout en étant basé à Sète, le groupe possède des bureaux à Edimbourg, à Rotterdam, à Dinan et Barcelone, gère deux plateformes digitales et trois marques dans un business modèle unique dans le secteur. Le second agenda est de participer à la consolidation du secteur. Le camping aujourd’hui est dans la situation de l’hôtellerie des années soixante, avec beaucoup d’exploitations indépendantes, des enjeux de succession avec un gap générationnel. Vacalians Group se positionne résolument comme un acteur majeur de cette consolidation.

Comment fonctionne le groupe et quel modèle économique allez-vous favoriser ?

Nous possédons et gérons intégralement une cinquantaine de sites, mais nous avons aussi des contrats de partenariats sur des sites où nous ne gérons que le parc de mobile-homes et l’expérience client. Nous n’excluons pas demain d’envisager de nous ouvrir à toutes les formes de développement qu’a connu le monde de l’hôtellerie. Pourquoi pas des contrats de gestion sans avoir la propriété du camping. A part Vacalians, tous les autres acteurs du secteur sont sur un seul business modèle, soit la propriété, soit le réseau de commercialisation sous une marque commune ou non. Nous abordons tous les modes de gestion et nous avons même une activité BtoB, via notre marque Vacalians Pro et sa solution Camping Travel Club qui est une forme de titre-restaurant du camping. Parmi les solutions, il y a également une centrale d’achat et de référencement accessible à tous les campings indépendants. Nous nous appuyons sur deux marques complémentaires, Tohapi, la marque de séjour, et Canvas, la marque de distribution. Nous avons la capacité de sécuriser l’ensemble de la chaîne de valeurs du parcours client. Cette originalité dans la diversité des métiers est réellement la force stratégique du groupe.

Comment voyez-vous votre développement ?

L’Europe est notre territoire naturel, là où il y a un marché intéressant pour le camping. Par tradition, l’Europe du Nord est plus «émettrice», tandis que l’Europe du Sud est plutôt «réceptive», et la France -au centre du dispositif- est un peu les deux à la fois. C’est dans cette direction que nous allons poursuivre nos efforts.

La saisonnalité reste-t-elle très marquée, comment la faire évoluer si c’est possible ?

Historiquement la saison haute estivale est importante, mais on arrive déjà à faire bouger les ailes de saisons, en début et en fin, avec un nouveau type de clientèle, notamment des seniors qui utilisent le camping comme résidences secondaires alternatives. En revanche, les ouvertures et les fermetures restent encore largement réglementées par les collectivités qui empêchent une exploitation 365 jours. Un autre challenge à relever pour nous développer.

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