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Besançon à l’heure du renouveau

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Publié le 26/04/11 - Mis à jour le 17/03/22

• Les fortifications Vauban, classées il y a 3 ans au Patrimoine mondial de l’Unesco ont agi comme levier pour réveiller une industrie touristique bisontine un peu trop tranquille • La stratégie élaborée depuis 2009 par les acteurs publics redynamise une ville aux atouts touristiques indéniables, mais celle-ci compte également sur son tissu économique pour apporter de la vitalité à son industrie hôtelière • L’équipe municipale accompagne cette stratégie touristique tout en faisant bouger les mentalités et en comptant sur l’arrivée prochaine du TGV Rhin-Rhône pour conserver ce nouvel élan.

Elle fut longtemps la capitale française de l'horlogerie, avec la fameuse montre Lipp. Aujourd’hui, Besançon redécouvre son potentiel touristique avec pour symbole sa citadelle érigée par Vauban. Porte d’entrée du massif jurassien, enserrée dans une boucle du Doubs, la ville qui a accédé au titre enviée de 1ère ville verte de France mérite aussi qu’on s’y intéresse autrement que pour son patrimoine et son environnement. Besançon est aussi une importante ville universitaire de 135 000 habitants où formation, recherche et industries en mécanique sont extrêmement présentes.“Nous avons subi la crise et les répercussions sur les 3 étoiles ont été visibles. L’année 2010 a été moins performante que 2009 et 2011 semble prendre la même direction. La ville n’a pas un si gros tissu industriel que cela. Nous dépendons donc beaucoup de l’événementiel. Or, il nous manque des salons. Je note également que nous n’avons plus d’équipes sportives susceptibles d’apporter de la clientèle. On peut créer des hôtels, mais il faut avant tout développer un potentiel économique. Mais je suis confiant car la ville possède plein d’atouts. A condition, toutefois, de faire les choses avec pragmatisme. On doit continuer à faire des efforts sur le tourisme d’affaires. Nous devons organiser davantage de grands événements comme le Festival international de musique ou d’importants salons comme le Medtec ou Micronora. Actuellement, la ville mise beaucoup sur la culture et le tourisme mais ce qui est déterminant c’est le «faire-savoir». Besançon est une capitale régionale qui doit rayonner sur le Doubs et devenir le phare de la Franche-Comté. Il est nécessaire de faire encore mieux connaitre notre ville.”Touristiquement parlant, si on a pu trouver Besançon nettement en-dessous de ses capacités, ceci n’est plus d’actualité. La capitale de la Franche-Comté est en train de se faire un nom en jouant sur tout un art de vivre et en faisant fructifier sa richesse historique et monumentale... C’est une politique volontariste qui a changé la donne dans le chef-lieu du Doubs. Depuis quatre années, les acteurs du développement touristique de la ville s’efforcent de réveiller les qualités de leur cité, qui s’était un peu endormie.Il faut reconnaître que l’effet Unesco a joué un rôle de moteur attendu. Centre de la Franche-Comté touristique, la ville est dominée par les fortifications de Vauban. Et celles-ci sont désormais inscrites, depuis juillet 2008, au Patrimoine mondial de l’Unesco. ?Cette inscription a incontestablement marqué un tournant dans la vie touristique de Besançon et de son agglomération. Elle a mis en exergue nos richesses patrimoniales et nous avons aujourd'hui le devoir de saisir cette opportunité pour rebondir”, déclare Jackie Dorier, responsable de la mission Tourisme à la direction du développement local.Stimulée par la volonté politique des élus locaux, Besançon est repartie de l’avant, profitant aussi de l’arrivée en 2009 d’un véritable professionnel du tourisme territorial comme directeur de l’office de tourisme et des congrès, Gilles Dreydemy. Celui-ci fut directeur du tourisme de l’île de la Réunion de 1985 à 1989, puis directeur du Tourisme du Var pendant vingt ans, de 1989 à 2009. Avec un chiffre d'affaires de plus de 62 millions d'euros, le tourisme bisontin est une filière économique à ne pas négliger qui est porteuse d’un potentiel encore inexploité. “Nous devons d'autant plus aller de l'avant et anticiper, que l'arrivée de la LGV fin 2011 sera une nouvelle chance à ne pas manquer pour entrer dans une nouvelle dimension. Dans le même temps, face aux nouvelles pratiques touristiques, aux aspirations de la clientèle, il est nécessaire que nous prenions en compte l'exigence croissante de qualité de notre offre touristique et des services qui y sont liés", souligne Jackie Dorier. Sous l’impulsion de Jean-François Girard, adjoint au Tourisme de la Ville, un nouveau schéma de développement touristique a été élaboré sur la période 2010-2016, intégrant la place de Besançon au coeur de la Franche-Comté, de l'Arc Jurassien et au-delà de la Métropole Rhin-Rhône, mobilisant plus de 34 millions d'euros sur 7 ans à travers, notamment, une forte campagne de communication orchestrée autour du label Unesco, mais également des actions concrètes telles la mise en lumière de la Citadelle et du centre ville, le développement du plateau piétonnier, la création de nouvelles haltes fluviales ou encore la mise en place des annexes de l’Office de Tourisme en centre ville. Ce plan possède 5 axes majeurs : intensifier l’accueil touristique et la mise en réseau des sites ; favoriser le développement d’un hébergement touristique diversifié; confirmer Besançon comme une destination de tourisme d’affaires et de congrès. Appuyer le positionnement de Besançon sur les marchés touristiques en mutation ; enfin, impliquer les professionnels du tourisme.L’objectif est naturellement d’entretenir le mouvement positif enregistré depuis quelques années qui se traduit par une fréquentation en hausse de plus de 18% : les nuitées d’hôtels sont passées de 373 000 en 2001 à 443 000 en 2008, et le chiffre d’affaires a bondi de près de 20% sur la même période. Pour le directeur de l’office de tourisme, Gilles Dreydemy : “Il faut replacer dans son contexte le schéma adopté en 2010. Besançon souffrait alors d’une capacité d’hébergement nettement inférieure à ses villes voisines comme Dijon (plus de 2 000 chambres), Metz ou encore Nancy. Aujourd’hui nous ne proposons que 1 700 chambres. Le but étant d’allier qualité et quantité, nous souhaitons voir arriver de nouveaux 3 étoiles voire des 4 étoiles. 300 chambres 3 étoiles ont été ouvertes depuis mon arrivée. Il y a également un gros projet, celui du bâtiment du Conservatoire de musique, qui va intégrer début 2012 la Cité des Arts et de la Culture. L’objectif étant de transformer ce magnifique édifice en hôtel haut de gamme. Notre objectif est d’atteindre les 2 000 chambres en 2014”.Pour maintenir les taux d’occupation, revenus à 59% en 2010, Besançon mise de plus en plus sur la clientèle étrangère : “Aujourd’hui 80 % de la fréquentation est française et 20 % étrangère, mais nous évoluons vers un accroissement de la part étrangère qui est composée d’Allemands, d’Anglais, de Hollandais et de Scandinaves. Or, cette clientèle du Nord de l’Europe recherche principalement des hôtels de confort et nous avons un déficit à combler car nous avons peu de produits de substitution en matière d’hébergement", admet Gilles Dreydemy. Le défi est d’autant plus important à réussir que l’arrivée prochaine de la ligne Rhin Rhône va considérablement rapprocher les clientèles potentielles suisses et allemandes, au moins autant que celles issues du Sud de la France (déjà 7 % de la clientèle identifiée). “Nous misons aussi sur l’arrivée de la LGV qui nous place à 2H de Paris, 3H30 de Marseille et de Francfort et à 45mn de Bâle".Besançon ne va pas seulement jouer sur la carte touristique, c‘est aussi une ville qui s’appuie sur un savoir-faire industriel reconnu. Celle qui fût capitale de l’industrie horlogère est devenue un centre tertiaire. Le savoir-faire horloger, vieux de plus de deux siècles, a été mis en valeur pour se reconvertir avec succès dans la mécanique de précision et les nanotechnologies au niveau européen. Ainsi, la Franche-Comté se positionne en France comme 1ère région pour les microtechniques, pour l'horlogerie, pour la lunetterie, pour le jouet et 3ème région pour l'automobile. C’est en partie en s’appuyant sur ce tissu économique dense que deux nouvelles ouvertures se sont justifiées comme l’hôtel résidence Zénitude, 100 appartements, près du parc des expositions Micropolis et du pôle Santé, ainsi qu’un hôtel All Suites de 60 chambres sur le site du technopole Temis. Cet arrière plan économique et industriel stimule également les ambitions de la ville en matière d’organisation de congrès et de salons, dans le prolongement de Micronora en septembre, le Salon international des microtechniques et de la haute précision. L’édition 2010 du salon a réuni 990 exposants, dont 37% étrangers (51 pays représentés), et plus de 15 000 visiteurs professionnels. Ce succès réside dans le fait que les microtechniques occupent une place de plus en plus importante dans l’industrie mondiale et représentent l’un de ses secteurs les plus dynamiques. Cet avril 2011 se déroule un autre événement porteur pour Besançon, le Medtec (300 exposants) : un évènement annuel celui-ci dédié aux industriels sous-traitants et fabricants de l'instrumentation médicale.D’ores et déjà, Micropolis, le parc des expositions de 110 000 m² avec son centre de congrès accueille plus de 500 événements par an. “Concernant le tourisme d’affaires, nous attendons trois gros congrès cet été et un autre à la rentrée. Afin de développer ce pan de notre économie touristique, nous avons besoin que les restaurateurs et que tous les professionnels de l’accueil jouent le jeu pour accueillir cette clientèle. C'est-à-dire qu’ils ouvrent aussi en été. Et c’est ce qui se passe de plus en plus, précise Gilles Dreydemy. Pour Jean louis Tissot, directeur général de Micropolis “Le défi n’est plus tant l’accroissement du parc hôtelier, qui a augmenté d’environ 20%, mais la concurrence sévère que se livrent les autres villes en matière de congrès et de salons“.A la traîne derrière ses villes voisines et un peu endormie dans sa boucle verte du Doubs, Besançon connaît depuis 10 ans un véritable renouveau touristique construit sur une stratégie qui doit beaucoup au volontarisme public. L’arrivée de la ligne Rhin-Rhône à la fin de l’année doit donner un coup de pouce supplémentaire, si chacun a pris conscience des enjeux.Chiffres à retenir-* 181 000 habitants pour le Grand Besançon (2009) -* 2h temps de trajet en TGV de Paris à Besançon, grâce à la ligne Rhin- Rhône qui sera ouverte en décembre 2011 -* 23 000 étudiants -* 50 laboratoires de recherche reconnus -* 250 monuments historiques -* 1 700 chambres d’hôtels -* 270 000 visiteurs chaque année à la Citadelle Vauban -* 422 900 nuitées ont été enregistrées en 2009. L’effet Unesco à BesançonL’inscription des fortifications de Vauban au patrimoine mondial de l’Unesco a donné un coup de projecteur bienvenu sur les richesses patrimoniales de Besançon. Offrant une déclinaison géographique complète (plaine, montagne, bord de mer), les fortifications de Vauban représentent en 12 sites exemplaires la diversité de constructions et l'évolution des conceptions défensives du célèbre ingénieur militaire (1633-1707). Vauban, devenu ingénieur du Roi Louis XIV dès 1655 à l’âge de 22 ans, est considéré aujourd’hui comme le plus célèbre des ingénieurs militaires d’Europe.A l’instar de Bordeaux, Besançon a décidé de miser sur la "marque Vauban" en harmonie avec sa volonté d’attirer plus de visiteurs étrangers. Les effets se sont fait sentir fortement en 2008 durant l’année Vauban comme le montrent les chiffres d’affluence à la citadelle de Besançon : 32% d’augmentation de la fréquentation des touristes étrangers à la citadelle Vauban de Besançon, depuis son classement (20% d’augmentation de la fréquentation touristique sur l’ensemble des sites du Réseau Vauban depuis leur inscription).L’effet Unesco est incontestable, le label "site du Patrimoine mondial" équivaut à une grande campagne de promotion à l'échelle internationale.Jean-François Girard, Adjoint au Maire en charge du TourismeComment comptez-vous augmenter le nombre de congrès à Besançon ? Le tourisme d'affaires est bien évidemment une des priorités du schéma que nous avons adopté pour redynamiser Besançon et le grand Besançon. De nombreux congrès et séminaires se tiennent déjà dans notre ville, mais il est très important d'essayer d'en attirer de nouveaux ! Il existe une concurrence accrue entre les villes mais ce n'est pas pour autant qu'il faut partir vaincu. Nous faisons du lobbying à tous les niveaux. Par exemple, un lobbying dans le secteur hospitalier.... Par ailleurs, nous recevons actuellement le MedTec qui englobe toute l'activité des nanotechnologies. Ces congrès sont bien dimensionnés à notre offre hôtelière. En effet, Nous ne sommes pas en mesure aujourd'hui d'accueillir 15000 personnes.... Cependant, d'importantes manifestations comme le congrès de la MGEN (1200 personnes) seront organisées cet été à Besançon. Enfin, Besançon et le département du Doubs auront le plaisir d'accueillir le Congrès des Présidents de Conseils Généraux en octobre prochain. Par ailleurs, Je veux préciser que le parc des expositions Micropolis organise ses propres manifestations. C'est une SEM qui travaille de manière autonome mais avec laquelle nous collaborons. La capacité d'accueil de cette structure est à additionner à celle de la Ville.Votre schéma précise que les professionnels doivent jouer le jeu pour accompagner le développement touristique de Besançon. Est-ce le cas? Absolument. Et dans cet objectif nous avons incité les professionnels de la restauration, qui sont pour la majorité d'entre eux adhérents à l'Office de Tourisme et des Congrès, à se regrouper. En effet, il faut pouvoir offrir aux visiteurs des services de qualité. Pour cela, il est nécessaire que les professionnels s'investissent et répondent présents lors des périodes stratégiques, en particulier durant l'été et les week-ends. Nous veillons également à la qualité de la gastronomie et essayons avec les chefs de Besançon de relever le niveau.Où allez-vous chercher ces nouveaux touristes ? Depuis quelques années, une stratégie s'est mise en place grâce à l'Office de Tourisme et des Congrès. Elle consiste à rechercher de nouveaux clients potentiels, en Allemagne, en Suisse, au Benelux et aux Pays Bas, en quelque sorte les pays voisins. Cette stratégie consiste aussi à observer les modes de consommation de ces clientèles. Avec le réseau des Métropoles Rhin Rhône et dans le cadre de l'arrivée de la LGV, une démarche marketing a été initiée permettant de collaborer avec les offices de tourisme voisins afin de créer une véritable interaction touristique. A titre d'exemple, je pense que nous pourrions mieux exploiter nos relations privilégiées avec des villes comme Fribourg ou encore explorer des bassins plus importants comme le Sud de l'Allemagne et en particulier Munich. Les récentes réalisations, comme la Rodia (Scène de musiques actuelles) et dans quelques mois la Cité des Arts et de la Culture, nous permettront certainement de nous positionner sur de nouveaux créneaux. Enfin, 2011 sera aussi l'année de l'inauguration du Musée Courbet. Ce musée sera une des pièces maîtresses de notre pouvoir d'attraction sur les visiteurs. Ceci est en parfaite adéquation avec notre politique touristique axée sur le développement culturel. Véronique et Philippe Mathieu, propriétaires de l'Hôtel Charles Quint“Nous avons ouvert notre hôtel en 2004 dans le quartier historique de Besançon. Le Charles Quint est un hôtel 3 étoiles aménagé dans une demeure du XVIIIème siècle. Mon mari, antiquaire de métier, et moi-même sommes tombés amoureux de cette bâtisse. Notre clientèle est internationale. Nous recevons des visiteurs de pays proches comme la Suisse, l’Allemagne et l’Angleterre mais nous avons également des clients japonais, australiens, américains et même brésiliens. Nous travaillons efficacement avec l’office de tourisme. Leur site Internet est très bien construit. Par ailleurs, nous travaillons de concert avec le CDT et le CRT qui sont également très dynamiques. Depuis la création et l’extension de plusieurs établissements, il existe maintenant davantage de chambres disponibles à Besançon. En période de grands salons, il peut effectivement y avoir des manques en matière d’hébergement mais ceux-ci restent ponctuels. Depuis la création de notre établissement, le taux de fréquentation a régulièrement progressé jusqu’en 2009. Mais 2010 a été marquée par une légère baisse de fréquentation, temporaire je l’espère.”Frédéric Golliard, directeur du All Suites de Besançon“L’hôtel All Suites de Besançon a ouvert ses portes le 20 décembre 2010 au sein du parc Temis, un technopole microtechnique et scientifique. Nos clients sont en grande partie des professionnels de ces industries. En conséquence, nous recevons un bon nombre de commerciaux en raison de notre proximité avec la rocade et donc de l’entrée de l’autoroute. Cela nous place idéalement à 5mn du centre des congrès. Notre clientèle est répartie de la manière suivante : 80% affaires et 20% touristique. J’ai pu noter que nous commençions à recevoir davantage de touristes. Nous recueillons les fruits de la politique dynamique de la ville de Besançon. J’estime ainsi que le nouveau schéma de la ville en matière de tourisme est crucial pour notre développement et qu’il aide considérablement à valoriser la ville. Nous entretenons de très bonnes relations avec l’office de tourisme avec qui nous travaillons bien. J’approuve leurs initiatives. Quant à nous, hôteliers, nous devons aussi jouer le jeu et nous rendre suffisamment attractifs pour attirer à la fois les touristes et les participants aux congrès.”Jean-Jacques Visse, directeur du Mercure de Besançon et représentant du GNC dans le Doubs

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