
• Depuis la fin de l’année 2009, Frédérique Bordon est la nouvelle vice-présidente du Revenu et de la Distribution pour les hôtels Concorde . • Diplômée de l’Essec et de Kellogg, Northwestern University de Chicago, elle a abordé le monde du Tourisme au Club Med, puis chez Accor Loisir pour intégrer ensuite l’équipe de Sofitel. • Défrichant un univers encore peu familier aux hôteliers de tradition, elle a déployé beaucoup d’énergie pour faire comprendre et accepter l’utilité d'outils qui font désormais partie du quotidien.
Fraîchement diplômée de l’Essec, Frédérique Bordon rejoint la patronne de Club Med Découverte, Bernadette Chevallier, une ancienne de l’Essec, auprès de qui elle avait effectué un stage. Elle est engagée pour participer à l’audit stratégique de cette filiale. “J’ai abordé le tourisme sous l’angle analytique en cherchant à comprendre le modèle économique qui conduit à la rentabilité", explique Frédérique qui profite du réseau Club Med pour franchir son étape suivante. Paul Roll, ancien patron des Clubs Aquarius du Club Med, l’appelle pour être sa chargée de mission au sein de la division Accor Loisir, qu’il vient de rejoindre. “J’étais encore dans le monde des agences de voyages et du tour-operating, mais nous devions travailler en synergie avec les hôtels du groupe Accor. C’est ainsi que j’ai approché le secteur de l’hôtellerie. J’ai eu ensuite envie de me plonger davantage dans ce qui est la vraie «machine de guerre» Accor, l’hôtellerie d’affaires". L’arrivée de Jean-Marc Espalioux coïncide avec un début de repositionnement de Sofitel autour d’Agnès Bourguignon et Jacky Tresch. Frédérique Bordon rejoint l’équipe du siège pour mettre en place une stratégie de pricing. “On était encore aux balbutiements de la technique. J’ai passé beaucoup de temps à faire du benchmark de nos concurrents, à construire une architecture d’ensemble pour maximiser la compétitivité des hôtels. Je devais expliquer mon rôle sans imposer les directives. J’ai souvent assimilé ma fonction à la création d’une boite à outils dans laquelle les Revenue managers et les directeurs des établissements venaient puiser pour être plus efficaces et améliorer leurs prix. Ce fut une période à la fois passionnante, car j’avais le sentiment de défricher un terrain neuf, de synthétiser beaucoup d’informations éparses pour les rendre opérationnelles, mais cela réclamait beaucoup d’énergie et de soutien de la chaîne car nous étions assez incompris par certains hôteliers qui s’étaient jusqu'à lors bien débrouillés sans ces outils. Heureusement, les Revenue managers et les N°2 des hôtels et certains GMs étaient nos meilleurs alliés, persuadés, eux, de l’intérêt de cette nouvelle approche".- 1997 : diplômée de l’Essec - 1998 : responsable marketing tour-operating chez Club Med Découvertes - 2000 : chargée de mission tour-operating et distribution Europe chez Accor Loisir - 2002 : intégration dans l’équipe Sofitel Monde comme responsable pricing pour devenir ensuite directeur pricing et distribution - 2004 : mission d’intégration commerciale et marketing de Dorint Sofitel - 2005 : MBA à Kellog, Northwestern University (Chicago, Etats-Unis) - 2006 : retour au sein de Sofitel come directrice Stratégie Sofitel France - 2008-2009 : année sabbatique et mission de consulting - Septembre 2009 : vice-présidente Revenu et Distribution Concorde HotelsPour autant, le groupe est convaincu du bien fondé de la démarche et la mise en place de nouveaux outils est assez vite acceptée. “Quand nous avons décidé d’introduire le dynamic pricing au niveau de Sofitel, nous avons travaillé en amont pendant 8 à 9 mois avec les équipes opérationnelles et, du coup, la phase de déploiement n’a pris que quelques semaines et tout est apparu simple et évident", se souvient encore Frédérique Bordon, qui a la fierté de voir reprendre le travail de son équipe par les autres marques du groupe.Alors en charge de toute la distribution de Sofitel, elle est amenée à effectuer en parallèle une mission d’intégration des hôtels Dorint en Allemagne. “Une très belle expérience, car j’ai pu participer à l’arbitrage du portefeuille Dorint entre les marques Accor, Sofitel, Novotel et Mercure. Ensuite avec le patron de l’hôtel de Hambourg, nous avons testé et adapté le plan marketing et commercial hôtel que j’avais créé et décliné toute la stratégie hôtel par hôtel", raconte Frédérique qui se confronte à une nouvelle culture hôtelière. “Les Allemands ont ceci d’intéressant que lorsque la matrice est bien préparée, elle est déployée rapidement, sans contestation. Cette recherche d’efficacité va de pair avec une discipline qui peut être contre-productive. Quand on représente le siège, il est important d’avoir sur le terrain quelqu’un qui peut dire non en fonction de son expérience. La tension est créative et la confrontation n’est pas une mauvaise chose surtout sur des sujets aussi techniques. J’ai pu voir sur les 20 hôtels concernés, qu’il y avait 20 situations différentes dès lors que l’on restait dans la cohérence du projet global". Après cette expérience enrichissante, Frédérique éprouve le besoin de la confrontation avec une autre culture. Elle est soutenue par Accor pour intégrer le programme MBA de Kellog, Northwestern University - Chicago. Le retour en Europe ne sera pas aussi facile. “Les Etats-Unis et la France vivent sur deux approches différentes des affaires. Il y a un véritable positive thinking qui valorise l’entreprise et encourage à prendre des risques. La culture française est plus politique et sarcastique. Le doute et l’évocation des obstacles sont plus présents que la volonté de les surmonter. On a le sentiment que la France vit sous le signe du «Oui, mais», quand les Américains ont depuis longtemps adopté le «Yes, we can» d’Obama. Aux Etats-Unis, l’échec fait partie du parcours de celui qui prend des risques et qui ne réussit pas forcément du premier coup. En France, il est dévalorisé".Pendant son séjour américain, la direction du groupe Accor a évolué. Yann Caillère a rejoint Gilles Pélisson, désormais aux commandes, et chapeaute la marque Sofitel avec Dominique Colliat en charge de la France. C’est elle qui demande à Frédérique Bordon de mettre son talent d’analyse au service des opérations Sofitel. “Je m’étais pas mal intéressée à tout ce qui constitue la top line du bilan d’une entreprise. Je voulais maintenant travailler sur les marges pour générer du bénéfice. Le domaine le plus concerné étant la restauration, c’est d’abord sur cette activité que j’ai travaillé. J’ai trouvé passionnant de trouver une véritable synergie entre le travail marketing, l’analyse détaillée des coûts, des revenus, introduire des ratios et des procédures rigoureuses, redonner de l’importance à des fonctions sous-estimées comme l’économat…. On se rend compte alors que dans l’hôtellerie haut de gamme, l’excellence ne va pas de soi et qu’elle est le fruit de procédures calées au millimètre et au centime près. Ce qui peut paraître au départ antinomique du monde du luxe".En charge globalement de la stratégie opérationnelle Sofitel France, Frédérique Bordon occupe une fonction originale d’animation du réseau, de coordination pour améliorer les performances. “Je suis arrivée à un stade où ce métier assez atypique a commencé à me peser. Etre marginale réclame beaucoup d’énergie". Elle fait un break en quittant le groupe Accor pour réaliser des missions ponctuelles, notamment auprès de Bernadette Chevallier, qu’elle retrouve à la tête du réseau Exclusive Hotels. Le break sera de courte durée. “Je me suis rendu compte que je suis faite pour travailler en équipe, pour faire bouger les choses de l’intérieur de l’entreprise". Le groupe Concorde Hôtels cherche à remplacer Carole Tahar à la tête du Revenue Management et de la Distribution, l’occasion est trop belle. “C’est un superbe défi de succéder à Carole qui a mis en place le département avec sa personnalité. Au-delà de l’héritage, j’ai commencé à y mettre ma patte. C’est une belle collections d’hôtels, une dimension différente de Sofitel, mais avec l’avantage pour moi de maîtriser l’ensemble du back office et d’avoir ainsi une vision globale. J’aime les environnements évolutifs et c’est ce qui se passe aujourd’hui au sein de Concorde. La partie la plus passionnante et la plus enrichissante de cette aventure restant toujours celle du travail en équipe qui mêle des talents très divers, entre l’expérience et le dynamisme de la jeunesse".Frédérique Bordon en quelques dates...

