L'avenir du secteur aérien passera forcément par une transition écologique et les acteurs du secteur doivent faire preuve d'inventivité pour rendre cette dernière possible dans les délais souhaités. Mais comme tout développement, cette transition a un coût qui tôt ou tard se répercutera sur les clients.
Le trafic aérien représente actuellement près de 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et est fortement décrié pour cela. A l’heure où la lutte contre le réchauffement climatique est à l’ordre de tous les agendas gouvernementaux mondiaux et les critères durables deviennent des normes dans l’industrie touristique, le secteur aérien sait que son avenir passe par une transition écologique.
Cette transition nécessaire se traduit par une décarbonisation du transport aérien comme l’a rappelé l’Association du Transport Aérien International (IATA) lors d’une assemblée générale à Boston le 4 septembre 2021. L’objectif de l’association est clair et ambitieux, il s’agit d’atteindre la neutralité carbone du secteur en 2050. Un horizon plus ambitieux encore que celui jusque-là officiel, d’une division par deux des émissions de CO2 en 2050 par rapport à celles de 2005.
La volonté de transformer durablement le secteur aérien mondial a également été invoqué lors de la COP26 à Glasgow qui s’est clôturé il y a peu. En effet, un nouvel accord visant à lutter contre le changement climatique a été conclu lors du sommet et ce ne sont pas moins de 23 pays qui se sont engagés à travailler ensemble pour amener l’industrie aéronautique à zéro émission de carbone nette d’ici 2050.
Mais cette transformation a un prix considérable selon IATA qui estime que cette transition écologique représente « un défi technologique énorme » dont le coût devrait s’élever à 1,550 milliards de dollars. Il s’agit dans les faits d’investir dans des appareils dernier cri, plus économes que les flottes actuelles, ainsi que dans des modèles qui seront soit électriques soit alimentés par des énergies nouvelles comme l’hydrogène.
En ce qui concerne les avions électriques, il n’est pour l’instant pas envisageable pour la plupart des acteurs du secteur de développer des appareils entièrement électriques pouvant accueillir des centaines de passagers dans les années à venir. Toutefois les avions à hydrogène ou les modèles hybrides semblent plus prometteurs et la France entend bien développer un appareil régional qui sera opérationnel à l’horizon 2030. Et d’ici 2035 Airbus promet d’être au rendez-vous pour faire voler des avions à hydrogène. Toutefois, il est nécessaire d’apporter une certaine nuance à tout cela car ces deux solutions ne permettraient de réduire les émissions de CO2 que de l’ordre de 13% au total.
Air-France KLM est aussi très impliqué de son côté dans cette transition de l’aérien avec notamment le renouvellement de sa flotte avec des appareils nouvelles génération qui permettent de consommer 20% à 25% de carburant en moins par siège par rapport à des modèles plus anciens comme les A380. Ce renouvellement de flotte comprend de grands progrès en termes de motorisation, d’aérodynamisme ou encore dans l’utilisation de matériaux. La compagnie a par ailleurs élaboré une charte développement durable pour concrétiser son engagement.
La compagnie Delta quant à elle affirme être neutre en carbone depuis mars 2020 grâce aux 30 millions de dollars dépensés par an pour la compensation des émissions de carbone. Elle s’engage aussi à dépenser un milliard de dollars au cours de la prochaine décennie pour annuler toutes les émissions dont elle est à l’origine. Pour atteindre cet objectif, des avions plus économes en carburant, des carburants d’aviation durables (SAF) et l’élimination du carbone de l’atmosphère font partis des moyens envisagés.
Les SAF pourraient être une solution adéquate, ces carburants alternatifs issus de la valorisation de la biomasse et de déchets permettent de réduire de 80% les émissions de CO2 sur la base du cycle de vie complet du carburant. Selon l’IATA, ces SAF pourraient à eux seuls diminuer de 65% les émissions de CO2 du transport aérien en 2050. Néanmoins faute d’offre et de demande, ils représentent moins de 1% de la consommation totale de carburant du transport aérien actuel. Leur prix est également un frein puisqu’il est bien plus élevé que le celui du kérozène. Mais l’IATA est optimiste et envisage que les SAF pourraient couvrir 65% des besoins en 2050.
Cependant comme expliqué plus tôt, la transition écologique du secteur aérien à un coût et celui-ci est considérable. Ainsi, même si les entreprises et même les gouvernements sont prêts à financer en grande partie tout cela, les voyageurs seront amenés eux aussi à fournir un effort financier. Cela se traduira donc par une hausse des prix des billets dans les années à venir afin de supporter le passage au vert des compagnies aériennes. Les tarifs des billets devraient augmenter de 10 à 20% pour couvrir les coûts d’après l’équipe de recherche d’Andreas Schafer, professeur d’énergie et de transport à l’University College de Londres.