
Le tourisme a une nouvelle fois été la cible du terrorisme international à travers l'attaque du Musée du Bardo à Tunis le 18 mars 2015. Au-delà du drame humain et du traumatisme collectif, la Tunisie s'inquiète ainsi des répercussions économiques de cet évènement qui la frappe alors même que le tourisme, essentiel à l'activité du pays, avait depuis quelques mois (enfin) amorcé son redressement.
A travers l'attaque du musée du Bardo en Tunisie, qui a fait 22 tués selon les derniers bilans, le terrorisme international s'est une nouvelle fois imposé dans l'agenda des actualités mondiales, rappelant aussi à cette occasion combien les terroristes affectionnent cibler le tourisme, industrie par excellence de l'échange et de l'ouverture aux autres (voir notre éditorial à ce sujet). Ainsi, après les effets de l'assassinat d'Hervé Gourdel (voir notre article), des attentats de "Charlie Hebdo" et des jours qui ont suivi (voir notre analyse de l'impact), c'est un nouveau coup dur qui vient frapper un marché touristique, la Tunisie, qui en plus était d'ores et déjà en difficulté. Cet évènement est en effet d'autant plus dommageable que le tourisme avait (enfin) amorcé depuis quelques mois un rebond significatif dans le pays :
Ainsi, sur l'ensemble de l'année 2014 le revenu par chambre (RevPAR) des hôtels tunisiens avait crû de +8,5%, et janvier 2015 laissait présager d'une poursuite de cette tendance positive (+4,5% de RevPAR). La Tunisie a donc été frappée alors même que les professionnels locaux étaient en train de reprendre espoir, et de croire au retour prochain d'années moins sombres. Car le rebond relatif de ces derniers mois ne doit pas faire oublier que le marché tunisien reste en soi sinistré, les niveaux de performances étant encore très loin des standards que le pays enregistrait voici quelques années, avant le début des évènements du Printemps Arabe. L'impact de l'attentat devrait se faire ressentir dans les prochains jours et semaines. En effet, Costa Croisières et MSC ont d'ores et déjà annoncé que leurs navires ne feraient plus escale à Tunis jusqu'à nouvel ordre. Les hôtels tunisiens, bien que de gammes adaptées à l'accueil de clients internationaux et proposant une offre produit souvent attractive (quoique s'étant parfois dégradée ces dernières années du fait du recul de l'investissement liée au déficit de revenus) ont en effet enregistré un taux de remplissage encore inférieur à 50% en 2014, et un revenu journalier par chambre inférieur à 45$ en moyenne, même dans les chaînes internationales. Compte tenu du poids du tourisme dans l'économie tunisienne, sa reprise sera indubitablement un moteur essentiel au redressement économique du pays. Ce nouvel épisode tragique le retarde probablement de quelques mois encore.
