A la veille de l'étude par le Sénat du projet de loi de modernisation et de développement des services touristiques, Hervé Novelli a tiré un bilan globalement positif de l'année 2008. Le secrétaire d'Etat au Tourisme a salué la “résistance” malgré quelques points noirs qui méritent une attention particulière.
Avec 80 millions d'entrées touristiques en provenance de l'étranger, contre 81 en 2007, la France reste la première destination mondiale malgré une baisse de 3 %. Elle s'explique par un recul du transit (une seule nuit en France). En effet, la grande migration vers l'Espagne ou l'Italie des clientèles limitrophes (Allemagne, Belgique, Royaume-Uni) a été touchée par la hausse du carburant. Ceci contribue à une baisse de 4% des touristes européens pour 2008. En revanche, le nombre de séjours étrangers hors transit est resté stable par rapport à 2007, à 67 millions.Le secrétaire d'Etat s'est interrogé sur l'ampleur de la progression des prix affichés de l'hébergement en 2008 (+ 4,4% dans l'ensemble et + 4,7% pour l'hôtellerie) : “Cette hausse est plus forte que l'inflation. Dans une période de difficultés économiques, ce n'est pas forcément productif”. Alors que le tourisme peut bénéficier d'une forte réactivité dès la sortie de crise, Hervé Novelli encourage les professionnels à l'action. “Les acteurs sont prudents. Mon rôle est d'aider à surmonter cette prudence”, a-t-il remarqué en insistant sur les moyens financiers disponibles pour la rénovation hôtelière mis en place dans le cadre de la nouvelle classification.Touchées par la faiblesse de leurs monnaies, les clientèles nord-américaine (-2%) et japonaise (16%) sont logiquement en repli. La fréquentation hôtelière des Chinois recule également de 20,8%, subissant le double effet des incidents lors du passage à Paris de la flamme olympique et de l'accueil des JO. Mais, malgré tout, le nombre de touristes d'origine lointaine reste en hausse, grâce notamment à une forte progression de l'Australie et de l'Afrique.Dans un contexte mondial difficile, la bonne tenue du tourisme s'explique d'abord par une tendance croissante des touristes nationaux à rester en France. “La France résiste grâce à une proportion plus élevée du tourisme domestique par rapport à d'autres pays qui ont un tourisme intérieur plus faible et une plus grande dépendance aux clientèles internationales”, explique le secrétaire d'Etat. Ainsi, si les départs des Français sont en recul de 3,4% globalement, les voyages en métropole progressent de 1,3 % contre une baisse de 12 % vers l'étranger ou les DOM-TOM.Cette tendance s'est renforcée au cours de l'année. Après un bon premier semestre, l'hôtellerie a subi les effets du retournement de conjoncture à partir du mois d'août 2008. L'activité est en recul “très faible”, selon Hervé Novelli, avec un nombre de nuitées s’élevant à 197,7 millions (secteurs marchand et non marchand confondus). Si l'activité hôtelière stagne ou régresse légèrement, en revanche, l'hôtellerie de plein air profite (+1,2%) d'un arbitrage vers des solutions plus économiques tout comme l'hébergement non marchand (+4,5% chez les Français et -4% chez les touristes étrangers). Comment le secrétariat d'Etat voit-il les mois à venir ? “La saison d'hiver 2008/2009 a été très satisfaisante grâce à un enneigement favorable”. Les Français ont délaissé les destinations soleil pour les pentes neigeuses et ont permis, comme à l'été 2008, la réalisation d'une bonne saison touristique dans les stations de montagne. Mais au-delà ? Hervé Novelli constate une “légère dégradation de la fréquentation. Les réservations des étrangers reculent, mais la croissance des ventes de dernière minute permet de nuancer ce propos et d'espérer”. Février démontre un recul de la mobilité vers la France et une baisse des nuitées comme des dépenses. Pour mars et avril, le nombre de voyages devrait rester stable par rapport à février.Les hôteliers et restaurateurs s'attendent à une nouvelle année difficile, à la différence de la location de résidences et logements. Le baromètre mensuel de confiance de TNS Sofres n'a jamais été aussi faible avec 65 % de pessimistes. Dans ce cadre, Hervé Novelli attend des Etats généraux de la Restauration le 28 avril prochain qu'ils apportent aux restaurateurs une “vision plus positive de l'avenir”. La baisse de la TVA devrait s'accompagner de contreparties : des créations d'emploi bien évidemment, même si le secteur reste toujours un des rares à faire preuve de dynamisme (+1,2% en 2008 contre 2,9% en 2007), mais aussi d'efforts sur les prix.