Habitué de randonnées matinales en vélo dans le Lubéron où il possède un vignoble, Paul Dubrule a été victime d'un chauffard qui l'a précipité dans le fossé et a pris la fuite. Blessé au bras et à la jambe, le co-fondateur du groupe Accor a échappé de près à la mort et entame une longue convalescence.

Voilà une randonnée qui aurait pu mal tourner sans les réflexes d'un cycliste averti des dangers de la route. La semaine dernière, alors qu'il avait entrepris en vélo la montée vers le col du Pointu, près d'Apt, en direction de la combe de Lourmarin dans le Lubéron, Paul Dubrule, 81 ans, a été heurté violemment par une voiture venant d'en face et conduite à vive allure par un jeune homme de 25 ans. Descendant le col sans précaution, le chauffard doublait les voitures au risque de se déporter dans un virage, ce qui est finalement arrivé. Il a donc foncé littéralement à 90 km/h en direction de Paul Dubrule alors en pleine ascension. "J'ai vu une énorme masse noire arriver sur moi et j'ai eu le réflexe de me jeter de côté", nous raconte le co-fondateur du groupe Accor. "Il s'en ait fallu d'un dixième de seconde pour que le choc soit frontal. La voiture m'a éjecté dans le champ d'à coté avec son aile ou sa portière et je me suis retrouvé allongé sur le sol, vivant mais une jambe en morceaux et le bras cassé. Une fraction de seconde, c'est ce qui sépare la survie de la mort certaine".Au lieu de se porter au secours de sa victime, le jeune homme, déjà connu de la gendarmerie locale, a continué sa course folle, heurtant un poteau télégraphique, qui est tombé sur un autre véhicule. Il a ensuite abandonné sa voiture et s'est enfui en courant en laissant ses papiers. La gendarmerie a pu ainsi lancer un avis de recherche pour mise en danger de la vie d'autrui et délit de fuite. Le jeune homme, originaire d'Afrique du Nord, a été intercepté à l'aéroport de Marignane alors qu'il s'apprêtait à s'envoler pour Constantine en Algérie. Il a été présenté en comparution immédiate devant le procureur d'Avignon, qui l'a condamné à une peine de 15 mois de prison ferme.Immédiatement transporté à l'hôpital d'Apt pour être opéré en urgence, Paul Dubrule souffre d'une fracture au bras et de nombreuses autres à la jambe gauche, mais fort heureusement ses jours n'ont jamais été en danger. Il a été ensuite pris en charge par l'hôpital de Genève, où il réside, pour un suivi attentif et une nouvelle opération à la jambe. "Les médecins sont confiants car la première intervention a été rapide et très bien effectuée par l'équipe chirurgicale d'Apt", nous confie le rescapé. "Je suis plâtré pour plusieurs mois, mais je pourrai recommencer à marcher et à circuler en voiture avant la fin de l'année. Finalement, je ne m'en sors pas si mal", dit-il avec philosophie.Habitué à ces longs parcours en vélo, Paul Dubrule a déjà connu plusieurs accidents, mineurs la plupart du temps. "Quand j'ai traversé le Tibet pour rejoindre le site d'Angkor, j'ai fait plusieurs chutes et j'ai appris à tomber. C'est sans doute ce qui m'a sauvé la vie. Un dixième de seconde suffit parfois". Sans perdre son humour légendaire, Paul Dubrule compte bien tirer une leçon de vie de cette terrible expérience. "J'ai encore la vision de cette masse noire qui fonce sur moi, j'ai eu comme un blanc avant de me retrouver dans le champ, mais je n'ai pas vu ma vie défiler en trois secondes. Ce n'était pas le moment. Cela m'amène à réfléchir sur cet infime espace temps qui peut séparer la vie de la mort. Je profiterai de mon repos forcé pour en tirer des enseignements". Pendant cette longue convalescence qui s'annonce, toute la rédaction d'Hospitality ON tient à manifester sa sympathie et son soutien au co-fondateur du groupe Accor, qui a participé à de nombreuses fois avec enthousiasme et humour aux manifestations que nous avons pu organiser. (Photo d'illustration tirée de l'ouvrage Cavales de cycliste, textes et photographies de Georges Shaller, Edition du Nouveau Monde).