Printemps Arabe : les hôteliers attendent le retour des hirondelles

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Publié le 19/09/13 - Mis à jour le 17/03/22

Tunisie

Plus de deux ans après le début du Printemps Arabe, la perception de l’Egypte et de la Tunisie à l’étranger continue de peser sur les performances de leur hôtellerie internationale. Le Maroc a été relativement épargné par le contexte géopolitique régional, tandis que la Turquie, qui avait jusque-là fortement bénéficié d’un effet de report des clientèles étrangères, voit la tendance récente devenir moins positive qu’auparavant en raison de ses propres remous intérieurs.

Les chiffres récoltés par MKG Hospitality auprès des hôtels de chaînes internationales* montrent clairement la relation étroite entre les performances hôtelières des destinations touristiques du monde arabe et la chronologie des évènements qui ont ponctué ce que l'on appelle aujourd'hui le Printemps Arabe. Dès 2011, les hôteliers tunisiens et égyptiens ont fortement souffert d'un ralentissement soudain de leur fréquentation. En Tunisie comme en Egypte, la fréquentation des hôtels internationaux a diminué d'un tiers entre 2010 et 2011, le taux d'occupation des hôtels sous enseignes internationales passant de 60,2% à 40,2% en Tunisie et de 74,3% à 46,3% en Egypte. Au-delà de la seule fréquentation, la perte de clients s'est aussi fait ressentir sur le chiffre d'affaires de l'hôtellerie, en baisse de 22% sur la période en Tunisie et de 43% en Egypte en monnaie locale courante, c'est à-dire sans tenir compte des différents niveaux d'inflation de ces pays (plus de 11% en Egypte en 2011, qui viennent ainsi se cumuler avec la perte brute de chiffre d'affaires), ni des variations de leurs monnaies vis-à-vis de l'euro et du dollar et qui accentuent le repli de leur chiffre d'affaires lorsque l'on se place du point de vue d'un investisseur international. Avec des taux d'occupation hôteliers de respectivement 43,9% en Tunisie et 50,2%en Egypte sur les sept premiers mois de l'année 2013, les hôtels de ces deux destinations, autrefois prisées des touristes internationaux, sont toujours nettement en-dessous des niveaux de fréquentation enregistrés en2010 (respectivement 60,2% et 74,3%).Si le Printemps Arabe semble n'avoir eu qu'un impact limité sur certaines destinations touristiques comme le Maroc, d'autres ont en revanche été en mesure d'inverser la tendance en tirant parti de l'image négative de ses voisins, comme la Turquie. Alors épargnée par les manifestations du Printemps Arabe, l'activité des hôteliers turcs a profité de l'effet conjoint de la forte croissance économique et touristique du pays et du report des flux touristiques d'autres pays. Avec un fort développement de la demande sur la période, les hôteliers turcs ont été en mesure d'enregistrer une progression de leurs taux d'occupation de 3,1 points entre les années 2010 et 2013.Cette amélioration de la fréquentation des hôtels en Turquie (gain de plus de 3 points) a été obtenue alors quel'offre hôtelière s'est fortement développée, avec une hausse de plus de 22% du nombre de chambres d'hôtels internationaux dans le pays. A l'inverse, l'augmentation du nombre de chambres en Egypte a accentué la chute des taux d'occupation des établissements (-28 points en 2011 par rapport à 2010), tandis que les fermetures en Tunisie n'ont pas empêché la chute de la fréquentation.L'apparition des premières manifestations contre le pouvoir turc, en juin 2013, couplée à l'absence des clientèles moyen orientales en période de Ramadan, ont néanmoins remis en cause le schéma régional, entraînant une dégradation de la fréquentation des établissements du pays entre les mois de juin et juillet. Les taux d'occupation des hôtels sont en effet passés de 71% à 57,6% d'un mois sur l'autre. A l'inverse, les professionnels marocains du secteur se félicitent de leur saison estivale, notamment sur le mois d'août.A ce jour, les hôteliers égyptiens et tunisiens attendent ainsi encore le rebond de leur fréquentation. Alors qu'à moyen terme le potentiel de développement touristique de ces pays est considérable, comme le montre la très forte croissance de la Turquie ces dernières années, ils pâtissent encore en 2013 des incertitudes géopolitiques. Les hôteliers marocains, qui n'avaient pas bénéficié de reports notables avant les manifestations en Turquie, suivront certainement de près l'évolution du contexte régional. D'autres pays du pourtour méditerranéen pourraient eux aussi saisir cette opportunité pour accélérer le développement de leur offre touristique.Georges Panayotis, président de MKG Group, déclare : "On peut espérer que l'activité hôtelière tunisienne et égyptienne connaisse bientôt ses premiers bourgeonnements après avoir traversé un hiver difficile, et que le Maroc récolte prochainementles fruits d'une dynamique plus favorable".*L'hôtellerie internationale est ici définie comme les palaces et hôtels de chaînes appartenant à un groupe mondial (hors filiales de Tour Operators)

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