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Portrait de Jean Ricoux, Directeur général du Méridien Montparnasse : Carrière passion

8 min de lecture

Publié le 29/03/11 - Mis à jour le 17/03/22

• Fils, petit-fils et arrière-petit-fils d’hôteliers dans le Jura, Jean Ricoux était programmé depuis sa tendre enfance pour reprendre l’hôtel familial des Messageries à Arbois. • S’il s’est bien engagé à fond dans l’hôtellerie-restauration, les contacts familiaux l’ont conduit en apprentissage en Suisse, en Allemagne et en Angleterre. Alors plus question de revenir dans le Jura. • Fidèle à la chaîne Méridien, pendant plus de 20 ans, y compris dans les périodes troublées, il assure aujourd’hui le passage de l’ex-Méridien Montparnasse sous enseigne Pullman. Un exercice passionnant.

Fils aîné de la 4ème génération d’hôteliers, le jeune Jean Ricoux n’avait pas à s’in­terroger sur son avenir, juste à s’y prépa­rer. La tradition familiale établie depuis 1875 le destinait à reprendre l’Hôtel des Messageries d’Arbois dans le Jura, une maison fameuse où est né le poulet au vin jaune et aux morilles. “Je n’ai jamais connu un autre univers que cet hôtel, aidant ma grand-mère à la réception, donnant un coup de main au service dans les coups de feu”, se souvient Jean Ricoux. Il par­tira donc en apprentissage dès 16 ans dans une cli­nique privée de Nyon en Suisse voisine. “J’y ai appris des choses qui m’ont construit : le travail en équipe, la solidarité et l’entraide, le respect du matériel et des produits”. Il fait un deuxième passage en pâtisserie. “C’était dur mais formateur pour un jeune comme moi qui ne savait rien de la vie. La précision militaire et scientifique de la pâtisse­rie vous forge un caractère, avec quelques taloches en plus”. Le jeune garçon s’émancipe peu à peu de sa famille qui fait jouer ses rela­tions pour le faire entrer comme stagiaire à l’InterContinental de Francfort. “J’y ai côtoyé deux légendes de l’industrie: Rudy Münster et Georg Rafael». Cela lui ouvre des horizons et le conduit à la réception du Savoy de Londres. “J’ai écrit à mes parents : il faudra vous débrouiller sans moi, je reste à Londres et je veux faire une carrière internationale”.Jean Ricoux en quelques dates: -*1962 : Premier apprentissage en cuisine dans une clinique privée suisse -*1966 : Stagiaire à l'InterContinental de Francfort, puis au Savoy de Londres -*1968 : Responsable commercial du Hilton Paris Suffren -*1981 : Directeur du Méridien de Palmyre en Syrie, puis du Méridien Hong Kong -*1985 : Directeur général du Crowne Plaza à Penang, Malaisie, puis à Singapour -*1992 : Directeur général du Méridien Abu Dhabi -*1998 : Directeur général du Shelbourne de Dublin, puis du Méridien Gatwick à Londres -*2004 : Directeur général du Méridien Montparnasse à la suite de Daniel BoudetCette carrière, il la doit d’abord au groupe Hilton, où il entre comme réceptionniste de nuit au Park Lane. Peu de temps après, il part pour Paris au pied de la Tour Eiffel. “Aucun nouvel hôtel n’avait été ouvert depuis l’avant-guerre. C’était un autre monde, avec la mécanique américaine qui se met en marche. Je constitue le premier service commercial jamais formé dans l’hôtellerie parisienne et je vais régulière­ment au Reine Elisabeth de Montréal pour suivre les formations à la vente et au marke­ting, méthode Hilton. Neuf ans après mon entrée, je suis directeur commercial pour la France, la péninsule ibérique et l’Afrique du Nord. Il faut bosser, mais le retour sur investis­sement personnel est à la hauteur”. La réputa­tion du «commercial» Jean Ricoux est suffi­samment grande pour que le directeur général du tout nouveau Sofitel Sèvres l’appelle pour vendre le gros porteur sur la place de Paris, deux ans de travail acharné et une envie irrésis­tible de nouveaux hori­zons. Avec une jeune épouse, Inge, également dans l’hôtellerie et un premier enfant en bas âge, il est temps de profi­ter des opportunités. Ce sera la rencontre avec Méridien et un poste de directeur à Palmyre dans le désert de Syrie. “Je suis entré dans une famille, avec des dirigeants charismatiques comme Henri Marescot et plus tard Bernard Lambert”. Pendant 25 années de périples à travers le monde, il croise André Martinez, Michel Novatin, Jean-Gabriel Pérès… des personnages qu’il sera amené à retrouver. Palmyre, puis Hong Kong où le choc culturel est intense. “C’est aussi pour cela que l’on fait ce métier. Il ne faut pas arriver avec ses préjugés et son esprit trop étriqué. Chaque poste dans un pays différent a été une expé­rience extraordinaire pour s’imprégner de la culture locale”. Il fera une infidélité à Méridien quelques années pour obtenir ses galons de directeur général avec Crowne Plaza à Penang en Malaisie, puis à Singapour. “Je retrouvais des méthodes à l’américaine, découvertes chez Hilton, et qui me convenaient parfaitement”. La volonté de découverte lui fait accepter le poste de directeur général du Ramada Renaissance de Sydney, deux ans en immer­sion très formatrice. “C’est un pays extraordi­naire avec une population rude, dont il faut savoir gagner le cœur et la confiance, notam­ment les syndicats particulièrement puissants”. Et puis l’équipe de Méridien se reconstitue autour d’André Martinez et Bernard Lambert, alors pas d’hésitation quand la famille se res­soude. Jean Ricoux part six ans ouvrir le Méridien Abou Dhabi, avec une nouvelle expé­rience culturelle à la clef. “J’ai développé beaucoup de respect pour l’hospitalité bédouine, la tolérance, la gentillesse si éloi­gnées des caricatures du monde arabe”. Les enfants grandissent et leur éducation incite Jean Ricoux à se rapprocher de ses bases. Ce sera la direction du mythique Shelbourne à Dublin, alors que se profile la tourmente Méridien. Coincé par des montages financiers complexes et des erreurs de stratégie, Méridien est asphyxié et se défait de quelques fleurons et de son état-major au grand complet. Une expé­rience douloureuse pour les équipes de terrain. “J’ai passé les clefs du Shelbourne à Robert Gaymer-Jones, aujourd’hui patron opération­nel de Sofitel, qui diri­geait les opérations Marriott dans les îles bri­tanniques. Je suis parti prendre la direction du Méridien de l’aéroport Gatwick. Pendant toutes ces années difficiles, cou­pés de la direction qui n’existait plus, nous avons réussi à créer un réseau de soutien entre directeurs généraux et leurs équipes, surtout les jeunes un peu débous­solés par ce qui arrivait. Nous avons fait un gros travail de dignité pour tenir contre vents et marées en affichant des résultats et préserver ainsi l’image de Méridien”. Jean Ricoux fait partie des quelques pionniers de la chaîne et c’est naturellement vers lui que se tourne Daniel Boudet, directeur général du Méridien Montparnasse, qui ressent les pre­miers effets de la maladie qui va le terrasser. “Il souhaitait que je prenne la suite et j’ai passé les différents filtres qui m’ont conduit à son fauteuil, quelques mois après son décès”. Pour ce directeur général qui a passé 25 années à travers les continents, le retour à Paris est un choc violent, très violent. “Je dois dire que j’ai eu un peu de mal à me faire à la dureté des relations sociales et à l'aggressivité que j'ai ressentie à mon égard, lors de la toute pre­mière réunion avec les partenaires sociaux, juste parce que j'étais le “patron”. Il m’a bien fallu deux années pour m’adapter, retrouver mes marques et finalement considérer chaque syndicat interlocuteur comme un client qu’il fallait convaincre à force de négociation. Mes années de commercial m’ont beaucoup aidé. Ma plus grande fierté est sans doute d’avoir réussi en six ans à imposer de la sérénité dans le dialogue social et du respect dans les rela­tions personnelles”.A quelques mois d’une retraite bien méritée, Jean Ricoux s'est lancé dans une nouvelle aventure qui mobilise toute son énergie. “C’est la deuxième fois dans ma vie que je change d’enseigne sur un hôtel et c’est très stimulant. En dehors de toute la logis­tique matérielle, il faut mobiliser les équipes autour d’une nouvelle philosophie d’entreprise. Je dois dire que les hési­tations de Starwood Hotels pour positionner son second Méridien à Paris ont beaucoup joué pour obtenir l’adhé­sion des salariés, du haut en bas de l’échelle, à l’enseigne Pullman qui propose un projet clair et ambitieux. Ils ont retrouvé leur fierté, aux manettes du «porte-avion» d’Accor”.Jean Ricoux laissera son fauteuil sans pour autant couper les ponts. “J’ai eu la chance à plusieurs occasions de rencontrer des mentors qui m’ont aidé professionnellement et person­nellement et je suis dans la même démarche avec quelques jeunes, qui m’ont demandé de les conseiller. Je veux rendre ce que l’on m’a généreusement donné dans ce métier”.

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