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Portrait de Jean-Philippe Laugier, Directeur des Ventes et du Marketing du groupe Regina Hotels : "L’Everest en tong"

7 min de lecture

Publié le 10/02/10 - Mis à jour le 17/03/22

• Après deux années passées au Brésil, Jean-Philippe Laugier retrouve Paris et un défi de taille : la direction commerciale et marketing du groupe Regina avec Le Regina, le Raphael et le “petit dernier“, la Villa&Hotel Majestic. • Entré chez Leading Hotels of the World comme agent de réservation dès la sortie du service militaire, il n’a jamais cessé d’évoluer dans le monde de l’hôtellerie de luxe avec une passion avouée pour la performance commerciale. • L’engagement total ne souffre pas d’hésitation. Le coup de coeur pour un hôtel et une aventure “challenging“ lui fait traverser l’Atlantique. Mais quand le feeling ne passe plus, la séparation s’impose aussi rapidement.

Jean-Philippe Laugier en quelques dates ...

Après la décontraction brésilienne, Jean-Philippe Laugier reste surpris par la morosité ambiante en France. "J’ai vraiment été choqué par la tristesse des gens à Paris, par l’agressivité des relations personnelles, mais ça ne va pas entamer mon côté positif. Aujourd’hui, j’ai d’autres priorités plus enthousiasmantes".1996 : Diplômé de l’Institut Vatel de Nîmes _ 1997 : Premier poste d’agent de réservation chez Leading Hotels of the World Paris, puis responsable du service Groupe _ 1999 : Responsable commercial du Lutetia Paris _ 2000 : Consultant et représentant commercial pour Ritz Carlton _ 2001 : Retour chez Leading Hotels pour devenir Responsable du marché France et Monaco _ 2007 : Directeur des Ventes et du marketing des hôtels Fasano à Sao Paulo et Rio _ 2010 : Directeur des Ventes et du Marketing du groupe Regina HotelsA quoi tient une vocation ? Souvent à un souvenir qui s’incruste… "Ma mère m’a raconté un jour l’ambiance du Meurice pendant un dîner partagé avec mon père. J’ai toujours eu envie de retrouver ces sensations de plaisir et de luxe qu’elle m’a décrit avec détail. Du coup je voulais être cuisinier dans un palace. Passe ton bac, on verra après !, m’a répondu mon père," se souvient Jean-Philippe Laugier. Et pourtant, il ne renonce pas au rêve d’enfant, d’autant que, partant en retraite, ses parents s’installent hôteliers dans le Midi. "Ils ne pouvaient plus dire que ce n’était pas un métier sérieux. J’ai quand même passé mon bac généraliste et, sans leur demander leur avis, je suis parti un an au pair dans une famille du Surrey pour être capable de me débrouiller totalement en anglais". Après ce premier coup de tête pour affirmer sa vocation.Il rejoint l’Institut Vatel de Nîmes pour trois années de découverte de l’hôtellerie. "Moi qui était plutôt un élève médiocre, je me suis enthousiasmé pour cette formation. J’ai fini 3e de ma promotion. Même mes parents ont cru à une erreur". Un peu pistonné, il fait son service militaire comme maître d’hôtel au ministère de la Ville, avec un Jean-Claude Gaudin truculent qui lui confie l’organisation des réceptions. A peine démobilisé, le jeune Jean-Philippe met un premier pied dans l’univers du luxe qu’il ne quittera plus. "Engagé par Richard McGinnis comme agent de réservation chez Leading. Deux ans plus tard, je deviens responsable du service Groupe. Une réservation chez Leading, ce n’est pas juste une vente. Il faut souvent tout organiser, du transfert à l’engagement des gardes du corps. On est en contact avec les plus beaux hôtels à travers le monde, et chaque mois au moins l’un d’eux vient se présenter à l’équipe". Pourtant Jean-Philippe veut connaître de plus près la vie d’un hôtel. Il travaille six mois au service commercial du Lutetia, découverte de l’artisanat à la française après la machine à vendre américaine. Il quitte Concorde pour faire la représentation commerciale de Ritz Carlton et puis il entend dire qu’un poste se libère à nouveau chez Leading Hotels of the World. "C’est comme ma famille. J’y suis retourné six années pour devenir responsable commercial sur les marchés France et Monaco. C’est une organisation extraordinaire pour connaître tous les acteurs et les intermédiaires, se familiariser avec les plus beaux hôtels. Un jour, j’ai eu un véritable choc émotionnel en découvrant le groupe Fasano au Brésil. L’hôtel de Sao Paulo était déjà une icône en Amérique du Sud et undeuxième hôtel ouvrait à Rio. J’ai directement envoyé mon CV à Rogerio Fasano. Quelques jours plus tard j’avais un message proposant une conférence call. Or j’aime bien parler directement avec les gens, en face à face. J’ai proposé de prendre l’avion et de venir en discuter directement". L’enthousiasme, la sincérité, le culot… avec une bonne expérience de la vente à mettre sur la table… autant d'atouts qui joueront en sa faveur au cours d’un dîner à la truffe blanche qui restera graver dans sa mémoire. "Richard McGinnis a compris que je voulais tenter un nouveau pari alors que mon travail devenait confortable. Je ne connaissais rien du Brésil et du Portugais, ça ne m’a pas empêché de tout laisser à Paris pour m’engager sans trop réfléchir". Avec son équipe de quinze personnes, il se donne sans compter. Il connaît davantage les salles d’attente des aéroports que la plage de Rio. Mais le résultat est là : le meilleur prix moyen du Brésil, laissant la concurrence 38% plus bas en prix moyen et 10 points en moins de taux d’occupation. Même en pleine crise, les chiffres progressent avec un hôtel qui n’a pas un an d’ancienneté. "Je ne suis bien que dans le challenge. J’avais l’impression de gravir l’Everest en tong, mais ça ne m’a jamais fait peur. Je ne sais pas faire les choses à moitié", raconte Jean-Philippe. D’ailleurs, dans ses rares moments libres Jean-Philippe grimpe les sommets au sens littéral. "Je m’occupe d’une association de jeunes au Népal et j’ai pu monter jusqu’au camp de base de l’Everest à 4 600 m, sans être vraiment sportif". Pourtant, pour le groupe financier qui a repris les hôtels Fasano, cela ne semble pas assez. Quelque chose se brise dans la relation passionnelle."J’étais un peu déboussolé alors j’ai pris des vacances, décidé à faire une surprise à ma famille, en septembre dernier. De passage à Paris, je rencontre un ancien camarade qui me raconte les dernières infos professionnelles et notamment que le groupe Regina cherche son directeur commercial. Il appelle devant moi M. Henrot, le DG du Raphael, pour organiser un rendez-vous". Nouvelle séquence de séduction mutuelle entre le touriste de passage et une famille d’hôteliers historiques. "En à peine une journée, j’ai rencontré M. Henrot, la directrice générale déléguée, Véronique Valcke, et la propriétaire Mme Baverez. Au café, je signais mon contrat. J’étais pourtant en jean et pull-over, à quelques heures de rejoindre ma famille dans le Midi. Je connaissais le Raphael comme membre des Leading Hotels et j’ai pu visiter le nouvel hôtel du groupe, Villa&Hotel Majestic. Il n’en fallait pas plus pour me convaincre et je crois avoir fait mes preuves. Je ne sais vendre que ce que j’aime totalement. Avec les hôtels du groupe Regina, on n’a même pas besoin d’argumenter sur l’authenticité, elle est dans l’ADN des hôtels et dans les gènes de la famille. Je peux vendre un voyage à Paris plus qu’un produit hôtelier".Le retour au Brésil marque un nouveau départ. Une franche explication avec son ancien patron et deux mois de liberté pour découvrir un pays qui ne lui avait pas livré ses secrets touristiques. "C’est seulement en m’arrêtant de travailler que je me suis rendu compte de l’investissement personnel et des risques que j’avais pris en venant dans un pays inconnu. Cela donne un peu d’assurance. Je suis content d’être revenu à Paris car ce n’est pas le challenge qui va manquer. Je ne suis pas inconscient de la lourdeur de la tâche, mais je suis préparé".

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