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Portrait de Marie-Charlotte Calonne : "Graine de Chef"

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Publié le 21/12/09 - Mis à jour le 17/03/22

• Marie-Charlotte Calonne, jeune cuisinière à Avignon, a triomphé du 54ème concours du Meilleur apprenti, organisé par les Maîtres Cuisiniers de France, devant 23 candidats sortis des finales régionales. • Entrée en formation en alternance très jeune, à 14 ans, elle a été “coachée” par Christian Etienne, étoilé Michelin d'Avignon qui s'était promis de conduire la jeune fille à la victoire. • En route vers le bac pro Cuisine, Marie-Charlotte garde la tête bien sur les épaules, consciente d'avoir réussi une étape importante de son parcours qui devrait la conduire vers les brigades des grands chefs.

Marie-Charlotte Calonne en quelques dates ...

Marie-Charlotte n’a pas l’intention de rester toute sa vie à Avignon et envisage déjà une carrière nationale, voire plus loin. “Je compte bien profiter du stage que j’ai gagné à l’Ecole Ferrandi. Quand j’aurai mon bac, je voudrais aller sur Lyon ou une autre grande ville pour intégrer une brigade”. La graine de Chef est définitivement en train de germer.1992 : naissance en Avignon dans une famille de gastronomes _ 2006 : entrée à l'Ecole hôtelière de la CCI d'Avignon. BEP en alternance au restaurant Christian Etienne _ 2008 : première année de bac pro cuisine en alternance au Petit Bedon d'Avignon _ Décembre 2009 : lauréate du concours Meilleur apprenti de cuisine, promotion Raoul Gaïga, des Maîtres Cuisiniers de France“Parce que j'ai toujours aimé ça”, répond avec aplomb Marie-Charlotte Calonne quand on l’interroge sur la naissance d’une “vocation” de cuisinière. Toute jeune, elle prend plaisir à cuisiner avec sa mère, élevée dans une famille de “bonnes fourchettes”. Dès lors, elle se pose peu de questions et passe rapidement à l’action quand il faut choisir une voie professionnelle. Ce sera l’école hôtelière d’Avignon où elle entre dès14 ans pour préparer un BEP cuisine en alternance. Elle débarque sans complexe dans cet univers à priori masculin. “En fait, il y avait beaucoup de filles dans ma classe et la cuisine ne m’est pas apparue comme insurmontable. Ce sont les garçons qui étaient plus nombreux à abandonner en cours d’études parce qu’ils trouvaient ça trop dur”, explique la jeune fille avec un petit sourire entendu. “En apprentissage, j’ai eu la chance aussi de tomber chez un cuisinier qui n’avait rien contre les filles en cuisine et qui a vu que je voulais me donner à fond”, poursuit-elle en parlant de Christian Etienne, un ancien du Ritz et de l’InterContinental à Paris, revenu s’installer dans sa terre natale. Cet étoilé Michelin, figure gastronomique locale, la suit et l’encourage pendant les deux années passées entre le restaurant et les bancs de l’école hôtelière. Membre depuis près de 30 ans des Maîtres Cuisiniers de France, arrivant en fin de carrière, il poursuit un rêve : que l’un de ses jeunes employés décroche le prix de Meilleur Apprenti de France. “Ça lui plaisait bien que je sois une fille et la plus jeune de sa brigade. C’était comme un clin d’œil à la profession. Il a commencé à me parler du concours et quand j’ai reçu mes notes de BEP, il a insisté pour que je m’inscrive. Avec 17/20 en cuisine, je pouvais aller directement en finale régionale”. Elle fait ainsi partie des 180 élèves sélectionnés à travers la France dans tous les rectorats sur la qualité de leurs dossiers.La préparation doit commencer. Pourtant, après avoir décroché son BEP, Marie-Charlotte ne travaille plus chez Christian Etienne. Elle a décidé de poursuivre son bac pro de cuisine et alterne depuis une année entre l’école et Le Petit Bedon à Avignon. La patronne, Francine Ben, ne tarit pas d’éloges sur sa jeune apprentie. “A 17 ans, elle est volontaire et courageuse et de bonne composition. Elle ne rechigne jamais sur le travail à faire, que ce soit la plonge ou la cuisine. Je pourrai pratiquement lui confier les clés de la cuisine les yeux fermés. Il n’y a pas encore assez de Chef femme, et elle en a l’étoffe. En plus elle est très mignonne et aurait pu se présenter aux Miss France”.Une vraie perle alors ? Marie-Charlotte n’écoute pas ce que l’on dit d’elle, concentrée sur sa tâche. Malgré son jeune âge, on la sent déterminée et la tête bien sur les épaules. “J’aime bien les responsabilités. Ça ne me gêne pas de devoir me débrouiller, mais avant il faut apprendre la technique. Christian Etienne a pris sur son temps pour me préparer aux différentes épreuves. On a beaucoup travaillé ensemble pour faire face à toutes les surprises et au stress du concours”. La finale régionale est presque une formalité, mais le plus dur l’attend : monter à Paris, à l’Ecole Ferrandi, pendant deux jours pour la demi-finale et la finale. La préparation intensive avec Christian Etienne se révèle payante. Un mois avant les épreuves, elle prend connaissance des thèmes du concours : tagliatelles aux fruits de mer, râbles de lièvre, savarins au Grand Marnier, trois plats pour 6 personnes qu’il faudra réaliser en moins de quatre heures.“Ce n’était pas un concours facile et il y avait des pièges pour les trois plats que nous devions préparer. Ce n’est pas tous les jours que l’on cuisine un Lapin à la royale”. Elle qui se sent plus à l’aise dans les plats élaborés décroche pourtant le 1er prix du dessert pour son Savarin. “Mais au cumul de tous les points, je suis arrivée première du concours”, s’excuse t-elle presque persuadée qu’elle était loin du compte. Elle succède au palmarès à Matthieu Desmarets, le vainqueur 2008, lui aussi ancien élève d’Avignon. Marie-Charlotte ne boude pas son plaisir pour autant. L’école hôtelière d’Avignon lui a réservé une fête surprise à son retour pour célébrer un succès qui rejaillit sur tout l’établissement après la victoire de Matthieu et sa seconde place cette année au concours européen. Mais déjà les cours ont repris et la jeune élève veut se fondre discrètement dans la classe pour continuer d’apprendre. “Je ne suis ne suis pas encore prête pour être autonome”.La fibre des concours va sans doute la travailler. Elle devra déjà se préparer à représenter la France l’an prochain pour le concours du Meilleur apprenti d’Europe et, comme le disait Michel Blanchet, président des Maîtres Cuisiniers de France : “le concours est une première carte de visite pour ces jeunes, et un premier tremplin vers les autres concours. Beaucoup de lauréats sont devenus par la suite Meilleur Ouvrier de France”.Marie-Charlotte n’a pas l’intention de rester toute sa vie à Avignon et envisage déjà une carrière nationale, voire plus loin. “Je compte bien profiter du stage que j’ai gagné à l’Ecole Ferrandi. Quand j’aurai mon bac, je voudrais aller sur Lyon ou une autre grande ville pour intégrer une brigade”. La graine de Chef est définitivement en train de germer.

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