Édito

Ponctionner, ponctionner jusqu’à la dernière goutte !

Par les temps difficiles que connaît notre économie, c’est presque un miracle si l’activité hôtelière se tient. La demande résiste et les prix moyens se maintiennent, mais avec de fortes disparités qui ne sont pas comprises par nos gouvernants.

La résistance des grandes places touristiques françaises, Paris et la Côte d'Azur, laisse penser que tout va bien dans le meilleur des mondes hôteliers et qu'on peut prélever sans danger encore un peu plus de fiscalité. La venue des touristes internationaux et le succès des grands salons professionnels donnent une image trompeuse de la réalité quotidienne de dizaines de milliers d'exploitants hôteliers, étranglés par une fiscalité qui aura pratiquement doublé en un an. Aucun autre secteur n'a connu une telle augmentation brutale. Il n'est plus possible de l'absorber dans les prix pratiqués au risque de faire chuter la fréquentation encore un peu plus.

Les clients de l'hôtellerie économique, qui représente encore plus de la moitié du parc hôtelier français, sont obligés de faire des arbitrages de budget. Cherche-t-on a les faire dormir à nouveau dans leur voiture alors que la dimension sociale de l'hôtellerie très économique avait donné accès à un hébergement confortable à toute une catégorie de clients jusqu'à là exclus. Le modèle économique de notre industrie est mis à mal par une fiscalité excessive qui enlève quelques points de marge supplémentaires alors que le coût de la distribution en ligne a déjà fait des ravages dans les comptes d'exploitation.

Pendant la période de crise, nos voisins allemands et britanniques ont, au contraire, fait baisser la TVA sur l'hôtellerie histoire de donner un ballon d'oxygène à leurs exploitants. En France, les réglementations successives, qui ont obligé à faire des investissements en matière de sécurité et d'accessibilité, couplées à la nouvelle classification hôtelière qui pousse aussi à la rénovation, ont découragé beaucoup d'entrepreneurs à lancer de nouveaux projets. A force de vouloir trop ponctionner, la rentabilité des opérations hôtelières est atteinte dans son fondement et l'on détourne les investisseurs d'un secteur qui devrait être un moteur de la relance économique. La croissance de l'offre hôtelière est en panne alors que c'est justement le moment de la relancer.

Quand l'hôtellerie boit la tasse, c'est tout le tourisme qui patauge et manque des opportunités. "Confiez la gestion du désert à des Enarques, et en quelques années, ils seront obligés d'importer du sable", disait Coluche. On semble avoir atteint au plus haut sommet le même niveau de méconnaissance des besoins du tourisme et de ses acteurs majeurs que sont les hôteliers. La richesse potentielle de notre secteur se transformera rapidement en désert économique si l'on continue de confondre l'univers hôtelier avec celui des palaces et sa clientèle quotidienne avec celle des Emirats.

Pendant ce temps, le Conseil fédéral suisse a voté de reconduire le taux spécial de 3,8% de TVA accordé à l'hôtellerie depuis 1996, alors qu'il aurait du repasser à 8% en juin dernier. Le ministre fédéral a fait un calcul simple, en se privant de 180 millions de francs suisses de recettes immédiates, il préserve la compétitivité de l'hôtellerie suisse et récupérera le manque à gagner en moins de deux ans. Il est vrai que l'on peut s'attendre à une plus grande intelligence économique vis-à-vis de son industrie hôtelière d'un pays qui concentre parmi les meilleures écoles. Il faudrait sans doute y envoyer nos gouvernants en session d'été pour qu'ils changent de point de vue et préservent un modèle qui assure un avenir dynamique à notre secteur.

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